vendredi 21 décembre 2018 - par Orwell

Jean-Claude Michéa sur l’irruption des choix privés dans la vie commune

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L’individu et ses droits naturels préexisteraient à la société, laquelle ne serait qu’une fiction. Ce mythe du robinson originel constitue le cœur de la genèse libérale. Pour les penseurs des Lumières, il importe donc de préserver cette liberté individuelle en ne lui astreignant qu’une seule et unique limite : la liberté d’autrui. Mais contrairement à ce que supposent les robinsonnades libérales, de nombreux choix individuels de l’animal social qu’est l’homme s’inscrivent dans un environnement collectif et ont des répercussions sur toute la société. Pour le libéral, libre à chaque employé de s’accorder avec son employeur pour travailler le dimanche, surtout si un tel travail donne lieu à une rémunération attractive. Pourtant, « une telle décision dissimule, sous l’apparence d’un choix purement personnel et d’un contrat purement privé, toute une philosophie implicite de vie commune ». Ce choix privé, s’il se généralise, implique un « bouleversement des rythmes collectifs ». Si le dimanche devient un jour comme les autres ce sont les vies familiales, sportives ou associatives qui sont remises en question par manque de synchronisation. Quelle que soit la légitimité du travail dominical, il est donc indéniable que celui-ci ne relève pas uniquement de la sphère privée mais intéresse l’ensemble de la société. Derrière l’illusion juridique d’un choix libre et privé, se cache la réalité d’une baisse d’autonomie générale des individus. On s’aperçoit au bout de quelques temps que toutes ces décisions présentées comme privées finissent par modifier la vie commune, la re-sculpter.

Jean-Claude Michéa sur l'irruption du capitalisme dans le socialisme

"On s’aperçoit au bout de quelques temps que toutes ces décisions présentées comme privées finissent par modifier la vie commune, la re-sculpter" : c'est l'histoire du "loup de Wall Street" qui serait entré dans "la bergerie socialiste". Explications du philosophe Jean-Claude Michéa.

Publiée par France Culture sur Mardi 25 septembre 2018

https://www.facebook.com/franceculture/videos/1904254289882773/



6 réactions


  • Belenos Belenos 22 décembre 2018 04:27

    Propos très justes, que je trouve évidents, mais qui ne le sont manifestement pas pour tous nos contemporains.


  • maQiavel maQiavel 22 décembre 2018 08:58

    La liberté de chaque employé de s’accorder avec son employeur pour travailler le dimanche ne serait pas problématique si le marché du travail n’était pas hyper- compétitif. En acceptant ce droit à priori individuel, il deviendrait rapidement une norme puisque les patrons sélectionneraient préférentiellement les employés disposés à travailler le dimanche ( et ces patrons y seraient contraint puisqu’étant eux-mêmes en compétition avec d’autres patrons qui feront travailler leurs employés le dimanche, ils n’auraient d’autres choix que de s’adapter en faisant comme eux pour ne pas être éliminé du marché ). En fin de compte, les employés travaillant le dimanche seraient constitués d’une cohorte de gens, qui seraient contraint de travailler le dimanche pour être compétitif sur le marché du travail et assurer ainsi leur subsistance et celle de leur famille.

    Le domaine économique constitue un espace à part entière, le fameux « les droits des uns s’arrêtent là ou commencent ceux des autres » ne peut pas s’y appliquer du fait de la puissante contrainte que représente la nécessité de subsistance. Il faut bien évidemment laisser le plus de liberté possible aux agents économiques mais il faut prévenir et corriger les effets pervers liées aux décisions individuelles du fait de l’existence cette énorme contrainte, d’où la nécessité d’un droit du travail, de conventions collectives et parfois de l’intervention directe de l’Etat.

    Dans une société dans laquelle cette contrainte n’existerait pas (parce qu’il n’y aurait plus besoin de travailler pour vivre décemment par exemple) , on pourrait penser différemment …


  • ged252 22 décembre 2018 12:46

    Mais faut arrêter la branlette à propos du libéralisme.

    .

    Le libéralisme, ce n’estpas la liberté totale de faire tout ce qu’on à envie de faire, comme le renard dans la poulallier.

    .

    Le libralisme dont parle Michéa, c’est le libéralisme - libertaire de cohn Bendit.

    .

    Mais au départ le libéralisme est économique, c’est le droit d’entrer en concurrence avec les gens disposant d’un monopole, dans le but de casser ce monopole en proosant des produit moins cher.

    .

    Le libéralisme CASSE le capitalisme, qui est un monopole.


    • ged252 22 décembre 2018 12:51

      Scheiße le même avec moins de fautes

      ..

      Le libéralisme, ce n’est pas la liberté totale de faire tout ce qu’on à envie de faire, comme le renard dans le poulailler.

      .

      Le libéralisme dont parle Michéa, c’est le libéralisme - libertaire de cohn Bendit.

      .

      Mais au départ le libéralisme est économique, c’est le droit d’entrer en concurrence avec les gens disposant d’un monopole, dans le but de casser ce monopole en proposant des produits moins cher.

      .

      Le libéralisme CASSE le capitalisme, qui est un monopole.


  • edwig 23 décembre 2018 21:58

    c’est en cela que les droits de l’homme sont une aberration s’ils n’ont pas un contre pouvoir...les droits du collectif !

    car ce qui s’oppose naturellement à l’individu c’est le collectif.

    il n’est pas normal qu’un individu puisse par exemple s’approprier une foret dans son intégralité pour y jouir de petit promenade bucolique paisible si le collectif en souffre et n’as plus d’espace de vie par exemple.

    Dans un univers sain, il est normal d’avoir une réflexion quant au privilège accordé à un individu qui viendrait détruire la vie d’autres individus...mais avec ces droits de l’homme auquel rien ne vient s’opposer...on est dans le règne de l’individu auquel rien ne peut s’opposer !


    • maQiavel maQiavel 24 décembre 2018 09:46

      @edwig
      Je ne pense pas que la DDHC soient antinomique aux droits de la collectivité. Je pense que les gens qui ont cette vision ont une approche binaire de l’individu et du collectif : soit les droits collectifs priment sur l’individu , soit les droits individuels priment sur le collectif. Je crois qu’individu et collectivité peuvent se marier de façon plus ou moins harmonieuse sans l’un soit absolument prioritaire sur l’autre. 
      On peut par exemple admettre que le droit de propriété est inviolable , tout en lui donnant des limites. C’est d’ailleurs le sens de l’art 17 de la DDHC … 


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