jeudi 30 janvier 2014 - par maQiavel

Histoire des relations publiques (3)

Voici la suite de la série sur l’histoire des relations publiques au cours du XX ème siècle. Cette série explique comment ceux qui furent au pouvoir ont utilisés les théories de Freud pour contrôler les foules à l’ère moderne de la » démocratie « de marché (voir seconde partie pour la définition du terme en guillemet inversé).

 

Dans la seconde partie, il a été étudié l’ascension irrésistible de la psychanalyse Freudienne aux USA dans les années 50, avec pour chef de file Anna Freud, la fille cadette de Sigmund Freud, et son cousin, Edward Bernays.

 

La psychanalyse est devenue un outil des élites politiques et économiques pour la fabrication du consentement des masses et la stratégie du désir pour écouler les marchandises. Mais cette ingénierie sociale devait passer par la répression du moi irrationnel, par le contrôle des forces irrationnelles primitives et devenir le chemin du bonheur pour la masse vivant dans une société stable.

 

Le pouvoir de la psychanalyse commençait à perdre son influence et de nouvelles théories sur la nature humaine qui prétendaient que construire une meilleure société passerait par un moi librement exprimé montaient en puissance.

 

Le moi intérieur, selon ces nouvelles théories, n’avait pas besoin d’être réprimé et contrôlé, et devait au contraire etre encouragé à s’exprimer lui-même pour donner naissance à un nouvel être humain plus fort, socle d’une meilleure société.

 

Mais ce qui émergea de cette révolution fut l’exact contraire : le consommateur parfait, totalement soumis au « principe de plaisir » beaucoup plus facile à manipuler par le pouvoir politique et économique que tout ce qui avait été fait jusqu’ alors.

 

La classe dirigeante pouvait contrôler le moi non plus en le réprimant mais en nourrissant ses désirs infinis.C’est l’émergence de ce nouveau capitalisme qui sera explorée dans cette troisième partie.

 

 

 

 

Whilem Reich

 

Dans les années 50, un petit groupe de psychanalystes dissidents inventèrent une nouvelle forme de thérapie qui encourageait leurs patients à exprimer leurs sentiments librement. Le père idéologique de ce groupe était un homme haï par Freud et sa famille, Whilem Reich.

Wilhelm Reich est un élève indiscipliné de Sigmund Freud dans les années 20 à Vienne et ses relations avec son maitre sont amicales tant que Reich « s’en tient à la psychanalyse », et il fait partie du cercle de ses intimes. Mais un désaccord survient à propos d’une des bases fondamentale de la psychanalyse. Pour Freud, les êtres humains étaient mus par des instincts primitifs sauvages dangereux que la civilisation devait réprimer. Reich pensait le contraire, les forces inconscientes à l’intérieur de l’esprit humain sont bonnes, c’est leur répression par la société qui les déforme et rendait les masses dangereuses. La pulsion naturelle sous jacente, c’est l’énergie sexuelle, la libido. En laissant les forces libidinales s’exprimer, les êtres humains s’épanouiraient.

 

Wilhelm Reich entra en conflit avec Sigmund Freud et sa fille Anna .En 1933, il est exclu de l’association psychanalytique internationale par Anna Freud.

En 1956, Wilhelm Reich qui a migré aux Etats unis depuis 1939 est arrêté par les autorités fédérales américaines pour avoir vendu un appareil utilisant l’énergie orgone (forme hypothétique d’« énergie » dont il affirmait avoir établi l’existence) pour guérir le cancer. Le contexte politique américain de la fin des années 1950, marqué par le maccarthisme, son appartenance au parti communiste qui avait été à l’origine de certains de ses déboires font de lui un savant persécuté, ses œuvres connaissent sont, par décision de justice, brulées. Une année plus tard, il mourut en prison.

 

Pour les Freudiens, la menace Wilhelm Reich n’existait plus. Mais ils se trompaient. La résurgence spectaculaire des idées de Reich allait remettre en question leur influence dans la société américaine en particulier et dans le monde capitaliste » démocratique « en général, les menant vers leur déclin.

 

La nouvelle gauche

 

Dans les années 60, une nouvelle génération d’étudiants accusa le pouvoir économique d’utiliser les techniques psychologiques dans le but de manipuler les masses pour en faire de parfait consommateurs. Le consumérisme pour ces contestataires n’était pas juste une manière d’engranger des profits, mais aussi une ingénierie sociale permettant de maintenir les masses dociles, et qui permettait au gouvernement de mener une guerre violente et illégale au Vietnam.

 

Le mentor des étudiants était le célèbre philosophe Herbert Marcuse, qui avait étudié la psychanalyse et était un féroce critique des Freudiens. 

Selon lui, les psychanalystes Freudiens avaient contribué à la création d’un monde dans lequel les individus sont réduits à exprimer leurs sentiments et leurs identités à travers les marchandises. Il en résultait ce qu’il appelait « un homme unidimensionnel » conformiste et réprimé. Les Freudiens était devenus les ingénieurs sociaux de la classe dirigeante américaine.

Les étudiants commencèrent à attaquer ce système de contrôle social avec pour slogan : «  il y’ a un policier dans chacune de nos têtes, il faut le détruire ». Ce policier ne pouvait être détruit qu’en renversant l’Etat et les entreprises qui l’ont placées.

 

L’Etat contre attaqua brutalement en tuant plusieurs insurgés, le mouvement insurrectionnel commença à se fragiliser. Un changement tactique s’opéra face à cette répression violente, les insurgés en arrivèrent à cette conclusion : s’il n’est pas possible de faire sortir les policiers de nos têtes en renversant l’Etat, alors il faut trouver un moyen d’enlever les contrôles qui sont implantés dans nos esprits par l’Etat et les entreprises.

Pour fabriquer ce nouveau moi, ils se tournèrent vers les idées et les techniques de Wilhelm Reich 

 

L’Institut Esalen

 

Les insurgés étaient persuadés que s’ils pouvaient se changer eux-mêmes, ils entraineraient une forme de transformation spontanée de la société. Il fallait trouver des moyens qui permettraient aux individus de se libérer des contrôles implantés dans leur esprit par la société. 

 

Leur centre s’appelait l’Institut Esalen et avait pour but de promouvoir un développement harmonieux et global de la personne. Un mélange d’institution pour faciliter la transformation personnelle et sociale et qui explore le potentiel humain pour permettre de résister aux religions, aux sciences et autres dogmes.

 

La figure dominante d’Esalen était Fritz Perls. 

Psychiatre et Psychothérapeute, sa carrière débute en 1926 dans un institut où il traitait des soldats ayant des lésions au cerveau. Comme de nombreux juifs, il quitte l’Allemagne et en 1946, il émigre aux États-Unis.

 

Il développa un groupe de rencontre dans lequel il poussa les individus à exprimer publiquement leurs sentiments intérieurs dans un processus d’autorévélation qui devait amener à prendre conscience de tout ce qui forme le moi intérieur pour se le réapproprier.

 

Dans les années 60 et 70, des milliers de personnes passèrent par Esalen et en quelques années, la structure passa du statut d’un obscur centre marginal à celui de centre national pour la transformation personnelle, le mouvement du potentiel humain. Deux cents centres avec Esalen pour modèle émergèrent en Amérique. L’idée que transformation personnelle et transformation sociale était indissociable se propageait.

 

 Les groupes de rencontre devinrent le centre de ce qui était vu comme une culture alternative radicale basée sur le développement du moi libre de la corruption de la culture capitaliste.

 

Crise du capitalisme 

 

Dans les 70, le choc pétrolier est le détonateur d’une crise s’expliquant plusieurs facteurs dont la saturation des marchés. Ces années sont marquées par l’augmentation des factures pétrolières et donc du coût des importations, le ralentissement de laproduction, le progrès du chômage, la hausse générale des prix et l’inflation.

 

Ces années coïncident avec la baisse de la consommation. Les « nouveaux individus » au moi librement exprimé ne se comportaient pas comme des consommateurs prévisibles.

 

Le capitalisme américain s’appuyait sur une éthique protestante, dont l’une des valeurs centrale était le sacrifice pour l’avenir. Les nouvelles valeurs qui véhiculaient l’idée qu’il fallaait vivre pour soi-même et dans l’instant remettait en question le capitalisme américain.

 

Les enquêtes de marchés étaient sans équivoque : la baisse de la consommation n’était pas lié au radicalisme politique mais à l’émergence d’un nouveau moi cherchant à s’exprimer. Ces nouveaux « moi » expressifs ne voulaient plus être placé à l’intérieur de la couche moyenne de la société américaine.

 

Pour les faire consommer, il fallait créer des produits qui exprimaient leur individualité dans un monde conformiste.

 

Le premier obstacle était de taille : L’industrie de masse n’était pas conçue pour la variété, la fabrication de masse d’objets identiques convenait mieux à une société conformiste avec un panel limité de désirs. Les moyens de productions étaient menacés par ces nouveaux « moi ».

 

Le second obstacle était de réussir à se conformer à ces nouveaux non conformistes.

 

Werner Erhard

Un entrepreneur, du nom de Werner Erhard avait trouvé le moyen de produire en masse ce nouveau « moi » indépendant. Il avait inventé un système appelé « SFE » (séminaire de formation Erhard) qui s’inspirait du mouvement pour le potentiel humain. Des centaines de personnes participaient à des séminaires pour une session d’un Weekend dans lesquels elles apprenaient comment être « elles mêmes ».

 

Werner Erhard critiqua le mouvement pour le potentiel humain en lui reprochant de ne pas avoir été assez loin dans la libération du « moi ». Selon lui, il existe un noyau central dans chaque être humain qui est la limite de la liberté humaine. Ce noyau central devait permettre aux individus de se créer eux-mêmes. Il n’y aurait aucun moi fixe, chacun peut être ce qu’il veut.

 

Werner Erhard affirmait que seul l’individu importe, que le fait de penser avant tout à soi même n’était pas égoïste, c’était même le devoir le plus important de tout individu.

 

L’idée politique de transformation personnelle pour une transformation sociale commençait à disparaitre au profit de l’idée de les gens pouvaient être heureux par eux-mêmes sans qu’il y’ ait besoin de changer la société.

 

Jerry Rubin, un militant libertaire des années 1960 et 1970, cofondateur du mouvement Yippies, puis reconverti dans les affaires à partir des années 1980, qui avait suivi le programme SFE contribua à cette conception individualiste qui considérait que le bonheur était dans le développement personnel. 

Le SFE a rapidement imprégné toutes les couches de la société américaine, des livres et des télévisions faisaient la promotion de l’idée que le premier devoir de l’individu est d’être « soi même ». Les études de l’évolution des comportements ont été étonnées par la rapidité avec laquelle ces idées se propageaient. En 1970, cette idée ne touchait qu’entre 3 et 5 % de la population, en 1980 ce taux monta à 80 %.

 

Le capitalisme américain s’adapta à ces changements sociétaux.

 

Reconquête du capitalisme

 

En 1978, un groupe de scientifiques et de psychologues du SRI (Stanford Research institute) chercha un moyen de lire, évaluer et combler les désirs des nouveaux consommateurs imprévisibles. Il évalua tout le panel de désirs, des souhaits, des valeurs, de ces êtres humains individualisés.

 

Le SRI recommanda au marché de se segmenter et s’individualiser. Ils recoururent à l’un des leaders du mouvement pour le potentiel humain, le psychologue Abraham Maslow.

Maslow avait inventé un nouveau système de typologie psychologique, « la hiérarchie des besoins » qui décrivaient des étapes émotionnelles. Il mit à jour cinq (groupes de) besoins fondamentaux avec au sommet le besoin d’accomplissement de soi.

 

Pour le SRI, la pyramide de Maslow dessinait une base pour catégoriser cette nouvelle société, non par classe sociale, sexe et âge mais par les désirs. Ils mirent en place un sondage avec des centaines de questions sur la façon dont les gens se voyaient et sur leurs valeurs.

 

Les réponses analysées par ordinateur montrèrent qu’il y’ avait des modèles sous jacents à la manière dont les gens se pensaient et que ces modèles correspondaient aux catégories de Maslow.

 

Une énorme tranche transcendant toutes les catégories sociales, d’âges et de sexe se détachait, le SRI les appela les « autonomes ».

 

Ces autonomes ne se définissaient par leur place dans la société mais par les choix qu’ils faisaient eux-mêmes.

 

Le SRI appela son système de catégorisation du nouvel individualisme VALS « valeurs et styles de vies ».

 

Ce système permit de catégoriser la population en une douzaine de groupes et de savoir lesquels achèteraient leurs produits et comment ils pouvaient les leur vendre. Les produits de consommations ont une signification émotionnelle. Le marché a réalisé qu’il était dans son intérêt d’encourager les gens à se sentir uniques et a offert les moyens d’exprimer cette individualité. Acheter une identité remplace l’idée de se créer une identité pour changer la société.

 

C’était le début du marketing du style de vie.

 

Marketing du style de vie

 

A l’aune de l’invention du système VALS, une vaste industrie de recherche en Marketing psychologiques se développa. La vieille technique du groupe cible inventée par les psychanalystes Freudiens des années 50 était utilisée d’une manière nouvelle et beaucoup plus puissante. Tout était mit en action afin de trouver des moyens d’inciter les gens à acheter un panel limité de produits fabriqués en masse. Les nouveaux groupes cibles étaient explorés par catégorie de style de vies et générèrent de nouveaux panels de produits leur permettant d’exprimer ce qu’ils pensaient être leur individualité.

 

Les changements techniques dans la production industrielle permirent l’adaptation des moyens de production à ces nouveaux désirs : les ordinateurs permirent aux industriels de fabriquer des produits en série limitée.

 

 Le problème de saturation des marchés était surmonté : avec ce nouveau moi, les désirs des consommateurs n’avaient plus de limites, le passage d’un marché à besoins limités constitué d’individus satisfait à la consommation à un marché de désirs illimités qui changent sans cesse et dominé par l’expression du « moi » a réglé la question de la saturation. La virtualisation de la croissance fictive par endettement permit de potentialiser cette nouvelle société de consommation sans limite et de contrebalancer la loi des rendements dégressifs.

 

Le boom du consommateur infini a régénéré l’économie américaine.

 

Capitalisme de la séduction

 

Une société dans laquelle les gens se rebelleraient contre le conformisme ne représentait plus une menace pour le système capitaliste mais une grande opportunité.

 

Derrière la fausse rébellion : le nouveau conformisme. Des conduites systématiquement contestataires finissent forcément par secréter un nouveau système de la non-contestation.

 

A nouveau, l’esprit est enfermé dans le sensible : mais il ne l’est plus par l’enchaînement du prolétaire à la machine et du bourgeois à sa morale surannée. Il l’est par l’attachement au principe de plaisir, à l’exigence de transgression. Il est interdit d’interdire. Il est même interdit de ne pas faire ce qui est interdit. Au besoin, on fera l’ordre à travers la contestation de l’ordre. Est réputé rebelle à l’ordre capitaliste celui qui, en réalité, devient la clef de voûte de cet ordre : le jouisseur.

On n’est plus fier de ce que l’on produit, mais de ce que l’on détruit par la consommation. Le gaspillage est devenu une vertu capitaliste. Le système fabrique des objets en trop, et les crétins qui vont avec. Les crétins consomment les objets en trop, les objets en trop permettent de faire tenir les crétins tranquilles. Le capitalisme de la séduction a, temporairement, surmonté la dérive de l’accumulation.

 

La démarche politique de la transformation personnelle devant conduire à la transformation sociale a produit des individus narcissiques dont les doléances collectives éclatent en une multiplicité de quêtes du bonheur individuelle, démarche fondamentalement antipolitique. 

 

L’exaltation permanente des désirs ne trouve plus aucune borne. L’individu devient son propre esclave.

 

Le but à atteindre : le socialisme en une seule personne. En d’autre terme, le capitalisme !

 

Source : ftb

 



23 réactions


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 11:22

      -c’est illisible ...

      R /Ah ? Chez moi c’ est lisible. Tu confirmes que tu ne peux toujours pas lire ?

    • gregoslurbain gregoslurbain 30 janvier 2014 13:08

      MaQiavel, peux-tu mettre en lien " Histoire des relations publiques (1) " car le lien est introuvable ? Merci. Tout ça m’a l’air bien intéressant.


  • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 11:02

    Pour moi c’est bon.
    Beau boulot, bravo Mach’.


  • Gollum Gollum 30 janvier 2014 11:33

    Très intéressant. Ce que je constate c’est qu’à chaque fois que l’Esprit essaye d’émerger il est immédiatement récupéré par le matérialisme pour en travestir le sens ou les buts..


    Maslow avait raison quant au besoin d’accomplissement de soi. Sauf que cet accomplissement de soi débouche sur la mort de soi. Sur le renoncement à soi.

    L’accomplissement de soi devient donc de façon subtile et détournée, l’accomplissement du moi.. Ce qui n’est pas du tout la même chose.

    Même chose pour tout ce qui gravite autour de la galaxie new-age qui était au départ d’essence spiritualiste mais qui a vite dégénéré en recherche de confort spirituel, bref un matérialisme spirituel où le spirituel s’affadit.. avec tout un tas de doctrines à disposition du "consommateur" spirituel comme dans un super marché..

    Néanmoins je ne suis pas sûr que le matériel arrivera toujours a récupéré les spirituel ainsi. Je pense au contraire que ce sont des symptômes d’une inversion réelle de tendance..

    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 11:43

      "L’accomplissement de soi devient donc de façon subtile et détournée, l’accomplissement du moi.. Ce qui n’est pas du tout la même chose."
       
      C’est bon ça, Gollum ! Et pourquoi ça à votre avis ? Personnellement, je pense que dans le "soi", il y a la prise en compte, l’assomption des éléments extérieurs qui nous déterminent (déterminismes naturel et culturel conjoints) qui nous rendent humbles, alors que dans le "moi", le sujet s’imagine autonome, au vrai sens du terme, erreur dans laquelle tendent à le conforter ET l’empire marchand, ET le progressisme politique des droits de l’homme.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 11:44

       

      Je suis d’ accord avec vous.

      Juste une précision concernant le matérialisme je pense que vous faites référence à l’attitude matérialiste qui consiste à s’attacher avec jouissance aux biens matériels, aux valeurs monétaires et non à la philosophie matérialiste qui n’exclut pas forcément la spiritualité.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 11:48

      Remarque très pertinente Gueguen, je préciserai néanmoins que l’empire marchand et le progressisme politique des droits de l’homme sont des facettes du capitalisme, qui n’est pas qu’un système économique mais un système social.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 11:54

      Bien sûr, c’est tout un mode de vie clés en main, d’où son succès et les efforts surhumains qu’il faut faire pour déloger la bête.


    • Gollum Gollum 30 janvier 2014 12:32

      Et pourquoi ça à votre avis ? Personnellement, je pense que dans le "soi", il y a la prise en compte, l’assomption des éléments extérieurs qui nous déterminent (déterminismes naturel et culturel conjoints) qui nous rendent humbles


      Oui. Le développement du Soi inclut l’altérité notamment et même principalement. C’est toute la psychologie de Jung d’essence spiritualiste, raison pour laquelle il a eu très peu de succès, notamment aux US, la patrie du matériel, où il fut supplanté par Freud, fidèle lui, au paradigme matérialiste. Mais pour se tourner vers autrui il faut d’abord s’aimer soi-même, de façon authentique. L’amour des autres en découle de façon implicite.

      Et pour s’aimer soi-même il faut se connaître. Ce que savait l’Antiquité. Connais-toi toi même et tu connaitras l’Univers et les dieux.

      Et s’aimer soi-même n’a rien à voir avec aimer son moi, son ego. Mais la ressemblance est telle qu’il est facile de glisser vers sa contrefaçon...

    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 12:35

      - pour se tourner vers autrui il faut d’abord s’aimer soi-même, de façon authentique. L’amour des autres en découle de façon implicite.


      R /Cette punchline , je me la garde. smiley

    • Gollum Gollum 30 janvier 2014 12:38

      non à la philosophie matérialiste qui n’exclut pas forcément la spiritualité.


      Je visais effectivement surtout le matérialisme de fait, marchand. Ceci dit je ne crois pas qu’une philosophie matérialiste soit compatible avec le spirituel authentique.

      La philosophie hyper matérialiste de Marx a débouché sur l’horreur et je ne crois pas que cela soit un hasard..

      Quant à l’humanisme moderne qui est fruit d’un certain matérialisme il est générateur de culte des egos, de l’individualisme moderne.. Bref, pour moi c’est une fausse piste.

      Je ne crois qu’au spirituel transmis par les grandes religions. Sauf l’Islam qui est un cas particulier.

  • erQar erQar 30 janvier 2014 12:16

    très bon boulot maQ,
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    Le résumé est plus digeste que la vidéo.
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    Sinon, si j’ai bien compris, Marcuse dénonce l’homme uni-dimensionnel et c’est à partir de ce moment là que le système s’adapte ?
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    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 12:33

      Salut erQar

      Oui le système capitaliste est très fluide, sans doute le système social le plus fluide qui ait existé, il souhaite la contradiction, va jusqu’ à la financer si nécessaire, il intègre ensuite les critiques pour devenir plus performant. Il s’adapte constamment aux contraintes comme les liquides s’adaptent à la forme des récipients dans lesquels ils se trouvent.

      Marcuse a désigné le principe de plaisir pour lutter contre le capitalisme, il avait peut être de bonnes intentions à la base mais l’enfer en est pavés : ce principe a été retourné par le capitalisme et a servit à le potentialiser comme rien n’avait pu le faire jusque là.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 12:44

      Le XXe siècle a produit, en philosophie, beaucoup plus d’idiots utiles au capitalisme que de véritables adversaires.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 30 janvier 2014 12:46

      Je parlais de Deleuze sur un autre fil, lui aussi en est un.


    • maQiavel maQiavel1983 30 janvier 2014 13:07

      En fait j’en arrive à me poser des questions  : est-il seulement possible de le combattre ?

      Personnellement, je suis en phase avec les mouvements décroissants (qui est un mauvais terme, il ne s’agit pas de diminuer la croissance, mais de sortir du paradigme de croissance quantitative infinie et de l’économie au centre de tout), pour une restriction de la consommation etc.

      Mais en même temps cette mouvance correspond comme par hasard à la transition structurelle que doit opérer le capitalisme à cause de l’épuisement des matières premières et de l’émergence de nouvelles classes moyennes consumériste dans les pays émergents. Il faudra passer des marchés de masses à des marchés solvables plus petits de gens très riches, écoutez jusqu’ à 1 : 18 :00 .

      Ce processus peut être mit en phase avec les mouvements décroissant, ce qui explique que Pierre rabhi (que je respecte énormément) puisse passer sur canal + et France 2  !   smiley

      Je ne sais pas, je me pose des questions …


    • erQar erQar 30 janvier 2014 13:20

      maQ
      -
      La difficulté dans ce système est d’identifier la racine du mal et elle est si profonde que le quidam n’arrive pas à le cerner.
      -


  • Qamarad Qamarad 30 janvier 2014 12:44

    "Le SRI appela son système de catégorisation du nouvel individualisme VALS « valeurs et styles de vies ".
    Tu consommeras ! Quand même !
    Et merci pour cette série d’articles de qualité !


  • rmusic Mahler 30 janvier 2014 13:28

    Merci beaucoup pour cette trilogie sur ce qui n’est que finalement la naissance de la société contemporaine et de la décadence généralisée. D’ailleurs ce consumérisme excessif et cette création de besoins artificiels sont bien conformes avec l’analyse marxiste sur le capitalisme, l’apparition d’une vaste couche de nouvelles classes moyennes qui consomment énormément est une tentative même du système pour tenter de surmonter(en vain) les crises de surproduction d’où une classe parasitaire et improductif qui ne sert qu’à consommer. Qui plus est il faut toujours créer plus de marchandises si on élever les profits(individuels) tout en subissant la baisse tendancielle du taux de profit.

    Et puis comme le disait marx dans le MPC "La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux." et surtout "Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations." 

  • un primate un primate 30 janvier 2014 13:35

    Reich a été l’authentique continuateur de Freud, celui qui a réellement compris ce que la psychanalyse signifiait.


    Et il a été éliminé.

    Son analyse du fascisme est intéressante. Selon lui, les masses, conditionnées par la culture répressive, sont incapables de faire une authentique révolution et se tournent donc vers le fascisme qui en est un ersatz.

    Je me demande ce qu’il dirait de ce qui se passe actuellement. La façon dont le peuple se jette dans les bras du FN. 

  • Awake Awake 30 janvier 2014 18:31

    Merci pour cette suite d’article MaQ, j’ai pas beaucoup de temps en ce moment mais je garde ça au chaud pour plus tard, ça à l’air très intéressant.


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