lundi 21 septembre 2020 - par Donatien

DOCU - Les bonnes conditions : immersion dans la jeunesse dorée française

Pendant près de quinze ans, la réalisatrice Julie Gavras a suivi huit adolescents des quartiers chics. Un portrait par l'intime des futures élites, à rebrousse-poil des stéréotypes.

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Ils sont enfants de bijoutiers, de publicitaires ou de directeurs financiers. Nés avec une cuillère en argent dans la bouche, ils en ont aussi les problèmes spécifiques : pression de la réussite, exemple intimidant de leurs parents, activités extrascolaires chronophages… Quelle est la part de déterminisme social dans leurs pensées, leurs aspirations, leur quotidien ? Que leur a-t-on transmis, que veulent-ils perpétuer ? Pendant près de quinze ans, Julie Gavras a suivi d'anciens élèves du lycée Victor-Duruy dans le très chic 7e arrondissement de Paris, accompagnée d'Emmanuelle Tricoire, leur professeure d’histoire-géographie. De leurs 16 ans jusqu'à la veille de leurs 30 ans, la réalisatrice les a retrouvés chaque année, de 2003 à 2016, pour consigner leurs confidences, donnant à voir – de l'intérieur – une facette de la reproduction des élites.

Premières fois

D'une durée exceptionnelle, le tournage a favorisé le rapport de confiance et le libre cours de la parole, permettant de filmer au plus près ces "primo-arrivants" dans la vie active. D'où la variété des portraits, bienveillants sans être complaisants, intimes sans voyeurisme. À travers eux, le documentaire donne à voir cette décennie déterminante de la vie, période universelle des "premières fois" : amours, voyages, appartements, travail... Chaque fragment de vie s'insère dans un puzzle, dessinant peu à peu les contours d'une classe sociale aisée, rarement représentée à l'écran de façon juste. Tout autant miroir d'une époque, avec ses tendances et son contexte particulier, ce travail de longue haleine s'attaque aux stéréotypes et se regarde comme une saga miniature, ménageant un certain suspense : seront-ils fidèles à leur "bonne condition" ?

Documentaire de Julie Gavras (France, 2017, 1h26mn)



6 réactions


  • Quasimodo 21 septembre 2020 14:32

    " La vie est un long fleuve tranquille " ...


  • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 21 septembre 2020 19:28

    Les gens riches sont généralement plus agréables à fréquenter que les pauvres. Leur maison est mieux tenue et leurs domestiques sont plus stylés. Une, fois, j’ai été invité à un repas chez des pauvres : figurez-vous que le majordome portait une chemise dont le col était froissé. 


    • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 22 septembre 2020 21:20

      @pegase

      "Donc la pauvreté attise t’elle l’intelligence ?"

      Sans doute, la pauvreté attise en quelque sorte l’intelligence pratique. C’est pourquoi il ne faut pas trop payer ses serviteurs afin qu’il la conserve et la transmette à leurs enfants. Comme les pauvres ne possèdent presque rien, ce serait immoral de les priver de ce sens de la débrouille, qui leur permet par exemple de nourrir une famille de 6 personnes avec un poireau fané et trois patates pourries trouvés dans une poubelle, agrémentés de quelques herbes aromatiques ramassées sur un terrain vague.


  • ETTORE 21 septembre 2020 21:35

    Pour ces " enfants "..... Quand on as toute la galerie de portraits de ses ancêtres et parents, à longueur de journée, comme seul horizon de sa vie, je me demande combien d’entre eux, aimeraient se glisser entre le tableau et le mur, pour voir si cet espace ne serait pas plus grand que ce qu’on leur dessine comme avenir.


  • Scalpa Scalpa 21 septembre 2020 23:58

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