Colonna : procès exemplaire ou parodie de justice ?
Yvan Colonna vient à nouveau d’être condamné à perpétuité pour l’assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998. Ses avocats vont se pourvoir en cassation dès aujourd’hui :
" Nous disons que l’affaire Colonna se poursuit et nous n’allons pas baisser les bras. nous allons dès demain formaliser un pourvoi en cassation. Et s’il n’y a pas de juge en France susceptible d’acquitter Yvan colonna, nous irons à Strasbourg et nous verrons bien que ce que nous avons dénoncé, les turpitudes de la DNAT et de la section anti-terroriste, seront démontrées, seront prises en compte et seront sanctionnées. "
Maître Yves Baudelot, avocat de madame Erignac, parle lui d’une " procédure menée dans des conditions absolument exemplaires. "
Yvan colonna, a quant à lui continué à clamer son innocence :
"J’en suis à 8 ans de prison pour un crime que je n’ai pas commis."
Une déclaration qui ne convaincra pas la veuve Erignac. Rappelons aussi que Nicolas Sarkozy, en tant que Ministre de l’Intérieur, avait déjà tranché en désignant Colonna comme étant l’assassin du préfet de Corse (voir les 2 vidéos ci-dessous, de 2002 et 2003).
En tout cas, il est permis de s’interroger sur la prétendue exemplarité des conditions de la procédure, ainsi que sur la culpabilité d’Yvan Colonna. Pour mémoire, en 2009, Le Figaro parlait d’un scénario du crime contesté, et de la mémoire brouillée d’un témoin clé (À la barre des assises, Michèle Alessandri perd rapidement pied. Depuis les aveux de 1999, comme les autres, elle est revenue sur ses déclarations. Alors, à intervalles réguliers, elle glisse, comme une rengaine : « Yvan Colonna n’y était pas, je l’ai accusé à tort, j’étais dans un engrenage. » Elle évoque une garde à vue très pénible, des pressions policières permanentes : « Il fallait que je parle d’Yvan Colonna. Moi, j’avais hâte de retrouver les enfants, peur d’être mise en examen pour complicité. » Les noms des membres du groupe dit « des Anonymes » lui auraient été soufflés par les enquêteurs de la Division nationale antiterroriste, elle se serait contentée de confirmer après avoir pu consulter le procès-verbal de Didier Maranelli... [...] La cour doit entendre aujourd’hui, entre autres, Alain Ferrandi. Lors du premier procès, une formule alambiquée de cet homme, idéologue autoproclamé des « Anonymes », avait réduit à néant tous les efforts de la défense : « Je te connais, Yvan, tu es un homme d’honneur. Si tu avais participé (au crime), tu le dirais. Par conséquent, tu n’y étais pas. » L’avenir de ce procès en appel risque de se jouer sur une petite phrase. ).
La justice poursuit son cours...
Les avocats d’Yvan Colonna évoquent au moins cinq motifs de cassation et en dernier recours s’adresseront à la Cour européenne des droits de l’Homme.
Lire la motivation du verdict de la cour d’assises spéciale de Paris et voir et les vidéos de France 3 Corse