Quand les antisionistes ovationnent des négationnistes...
La liste antisioniste de Dieudonné a donné une conférence le 1er juin. Au cours de ce rassemblement ont été chaudement salués et applaudis deux noms, ceux de Roger Garaudy et François Duprat, illustres représentants du courant négationniste.
Tout commence par la prise de parole d’une étudiante à la Sorbonne, présente dans la salle, qui affirme que l’histoire de la Seconde Guerre mondiale a été "falsifiée" et "manipulée" par les sionistes, et qu’on apprend "n’importe quoi à l’école". Garaudy est la référence citée par la jeune fille. Les antisionistes applaudissent son nom (vidéo ci-dessous vers 2min30).
Or, dans Wikipédia, on lit :
"Roger Garaudy est l’auteur d’un ouvrage intitulé Les mythes fondateurs de la politique israélienne (...).
Il soutient la thèse négationniste d’un complot sioniste, qui aurait inventé la Shoah pour justifier l’expansionnisme israélien, nie le génocide commis par les nazis contre les Juifs, et rejette les thèses que les historiens ont admises depuis des décennies. Il adopte ainsi des thèses fondamentales du négationnisme : Hitler n’aurait pas donné l’ordre de l’extermination ; le mot extermination serait une fausse traduction et désigne en fait l’expulsion des Juifs ; les juifs furent décimés par le typhus et les crématoires servaient à brûler les cadavres des victimes de la maladie ; il n’y aurait pas de témoins fiables ; les crimes des Alliés seraient pires que ceux des nazis ; les chambres à gaz n’existeraient pas ; des tortures auraient été infligées aux prisonniers nazis pour leur faire avouer le génocide ; théorie du complot juif, absence prétendue de réfutation des thèses du négationnisme, impossibilités matérielles liées au Zyklon B et au fonctionnement des crématoires. L’antisionisme radical de Roger Garaudy l’avait conduit, dès 1982, à placer sur le même plan sionisme et nazisme."
Plus tard intervient l’un des membres de la liste antisioniste, Michael Guérin, ancien secrétaire régional du Front national de la jeunesse. Il se revendique du "courant nationaliste révolutionnaire dont François Duprat fut le leader jusqu’à son assassinat en 1978". A cette évocation du nom de Duprat succède un tonnerre d’applaudissements (début de la vidéo ci-dessous).
Or, dans Wikipédia on lit :
"François Duprat a joué un rôle important dans la mise en place d’une rhétorique négationniste au sein de l’extrême droite en France liant antisémitisme, antisionisme et anticommunisme.
Il a publié une Histoire des SS (Les Sept couleurs, 1967), ouvrage dont la quatrième de couverture présente l’auteur comme un talentueux historien appartenant à la « nouvelle école révisionniste » et qui, à ce titre, étudie la Seconde Guerre mondiale, en dénonçant « un certain nombre d’idées reçues », dont les chambres à gaz.
Il signe également toujours en 1967 une contribution à la revue Défense de l’Occident de Maurice Bardèche intitulée « Le mystère des chambres à gaz ».
Il crée de nombreuses publications, dont la Revue d’histoire du fascisme et l’hebdomadaire Les Cahiers européens, dont le service librairie diffuse également des livres négationnistes ou exaltant le Troisième Reich.
François Duprat fut aussi le diffuseur de traductions de textes négationnistes, tels que Le Mensonge d’Auschwitz (Die Auschwitz Lüge) de l’ancien gardien du camp d’Auschwitz Thies Christophersen, L’imposture du vingtième siècle - livre paru aux États-Unis - ou encore la brochure Did Six Million Really Die ? de Richard E. Harwood (pseudonyme de Richard Verrall) sous le titre Six millions de morts le sont-ils réellement ?, qui furent diffusés par le « service librairie » des Cahiers européens à partir de février 1976."
Sur un autre sujet, on lit encore :
"Le but des revues éditées par François Duprat est clairement de réhabiliter le fascisme."
Le 8 mai dernier, lors d’une conférence de presse, Alain Soral s’en était pris au journaliste de Libération Christophe Forcari, demandant avec insistance à tout le public d’aller consulter sa fiche sur Wikipédia pour y constater que l’homme était un "ancien militant d’extrême droite retourné".
Aujourd’hui, suivant les conseils d’Alain Soral, nous sommes allés voir les fiches Wikipédia des hommes que les antisionistes applaudissent en meeting. Et Wikipédia nous dit que ce sont des figures majeures du courant négationniste français. D’où un léger malaise...
Question : les antisionistes, à commencer par Soral et Dieudonné, partagent-ils les idées de Garaudy et Duprat au sujet de la Shoah ? Un éclaircissement sur ce point (qui n’est pas de détail) serait le bienvenu à la veille du scrutin européen.