Quand Arno Klarsfeld voulait « imposer par la force » la démocratie aux Arabes
Axe du mâle. En nommant Arno Klarsfeld président de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, Nicolas Sarkozy a confié le traitement des étrangers à un partisan déclaré du choc des civilisations. Flashback.
Une consécration en haut lieu : lundi 12 septembre, le conseiller d’Etat Arno Klarsfeld a été nommé par décret présidentiel à la tête du conseil d’administration de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
Excité par ce qu’il qualifiait hier matin sur France Inter de « nouveau boulot », l’heureux élu, âgé de 46 ans, s’est donné une mission : concilier les « deux extrêmes ». Lesquels ? « L’un qui voudrait ouvrir toutes grandes les portes de la France sans se soucier de l’identité française, sans se soucier de savoir s’il y a assez de budgets sociaux, sans se soucier d’autres choses. Et l’autre extrême, qui voudrait fermer les portes de la France à tout ce qui est étranger, à tout ce qui est réfugié, à tout ce qui est immigration », précise Arno Klarsfeld. Un souci d’équilibre qui tranche avec certaines prises de position passées de l’intéressé.
Tel Aviv, New York ou l’Occident
En février 2003, l’invasion inéluctable de l’Irak se prépare. Un jeune et célèbre avocat parisien prend parti en faveur de la décision de George Bush : sur l’antenne de France 3, Arno Klarsfeld s’engage contre « le panarabisme et le panislamisme » en soutenant sans ambages l’expédition américaine. Morceaux choisis : « Je pense qu’il faut faire la guerre contre l’Irak parce que, si Saddam Hussein disposait de l’arme atomique, il ne manquerait pas de l’envoyer sur Tel Aviv ou de la confier à des terroristes pour l’envoyer sur New York ou une autre ville occidentale. Je pense qu’il faut faire la guerre à l’Irak parce qu’il faut imposer parfois par la force la démocratisation à des dictatures qui ne sont pas des dictatures tranquilles… Celle-ci est une dictature expansionniste et il faut imposer la démocratie au monde arabe ».
En tenant de tels propos bellicistes, Arno Klarsfeld résumait ainsi sa propre tribune, publiée auparavant dans Le Monde et sobrement intitulée « Pour la guerre ». Trois ans plus tard, l’avocat assumera toujours cet engagement malgré le fiasco sanglant de l’intervention en Irak et le mensonge désormais avéré des armes de destruction massive. Interrogé par Thierry Ardisson dans l’émission Tout le monde en parle, Arno Klarsfeld justifia ainsi le renversement du régime irakien : « Dans les pays tyranniques, si vous bougez, on vous coupe la gorge ! ». Son positionnement radical évoque sa grille de lecture atypique au sujet de la création de l’Etat hébreu : en décembre 2001, le jeune homme exposa dans Le Monde sa perception du problème israélo-palestinien. Son interprétation est édifiante : les Arabes seraient co-responsables du génocide du peuple juif.
Extrait : « Lorsque les dirigeants arabes affirment qu’ils n’ont aucune responsabilité, même indirecte, dans la Shoah, c’est faux. Si les Juifs persécutés d’Allemagne, de Pologne, de Hongrie, de Roumanie et d’ailleurs avaient été admis à immigrer en Palestine, ainsi qu’il avait été convenu et reconnu par la Société des nations, sans doute le nombre de Juifs exterminés aurait été très inférieur à ce qu’il fut. On ne peut à la fois reprocher aux Suisses de ne pas avoir ouvert toutes grandes leurs frontières aux juifs pourchassés et ne pas rappeler aux Arabes de Palestine et d’ailleurs qu’ils ont consciemment fermé les leurs à une population juive en danger mortel, alors que l’espace pour l’accueillir ne manquait nullement ».
« Segment »
Arno Klarsfeld sait aussi fustiger les Arabes, ici et maintenant : dans un éditorial en anglais publié discrètement en 2003 par le quotidien ultra-droitier Jerusalem Post, l’avocat dénonce la France, notamment « le gouvernement, les médias et la majorité de l’opinion publique », tous coupables de vouloir expliquer par la répression israélienne l’acte ultime du kamikaze palestinien. Quant aux Français d’origine maghrébine, ils sont pointés du doigt : « Aujourd’hui, pour la première fois depuis 1945, des synagogues et des écoles juives sont incendiées durant la nuit et les Juifs des banlieues des grandes villes de France sont insultés, battus et reçoivent des crachats en plein jour. Cet antisémitisme physique émane d’un segment de la jeune population arabe de France (et d’Europe) »...
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