jeudi 30 janvier 2020 - par Orwell

Les voraces de la République

Conflits d'intérêts : « Il n'y a jamais eu autant de grands commis de l'État devenus millionnaires dans le privé » Vincent Jauvert



13 réactions


  • JL 30 janvier 2020 13:19

    Merci pour ces informations, à connaitre par tous.


    • mat-hac mat-hac 31 janvier 2020 11:19

      @JL
      L’Ubuntu est là maintenant !
      Nathalie Yamb Paris


    • mat-hac mat-hac 31 janvier 2020 14:23

      @mat-hac 
      Il a bas l’air vorace le monsieur sur la photo. Serait-il une victime ?


  • maQiavel maQiavel 30 janvier 2020 13:41

    Meuh nan, de toute façon tous ces gens là seront soit obligé de se convertir à l’islam, soit renversés par les frères musulmans, c’est Zineb el Rhazoui qui le dit qu’ils sont aux portes du pouvoir donc c’est forcément vrai et le contester c’est être dans le déni. smiley


    Plus sérieusement, ça correspond à ce que Todd nomme l’aristocratie stato- financière et à ce que Bourdieux appelait la noblesse d’Etat. Dans sa précédente enquête, Vincent Jauvert montre qu’il y’a en gros 600 hauts fonctionnaires organisés en réseaux qui tiennent l’appareil d’Etat. Laurent Mauduit explique de son coté les mécanismes par lesquels cette caste, qui était à l’origine dévoué au service public, s’est mise sous la coupe des intérêts du pouvoir actionnarial, à un tel point que maintenant, les privatisations sont perçues par ces gens là comme un tremplin pour faire carrière dans le privé, les anecdotes de ces différentes enquêtes sont hallucinantes.


    • yoananda2 30 janvier 2020 13:46

      @maQiavel

      les privatisations sont perçues par ces gens là comme un tremplin pour faire carrière dans le privé

      Tu penses que c’est la seule raison ? je crois pour ma part qu’en plus, il y a eu l’Allemagne qui pousse (fort) pour une Europe ordo-libérale et donc, pour l’intérêt de la croissance économique, elle demande la libéralisation de pans entier de l’économie, via son antenne Bruxelloise (je simplifie : ce n’est pas que l’Allemagne qui pousse et Bruxelle ne se résume pas à faire les 4 volontés de l’Allemagne).

      Du coup, les enarques&co (si j’ai raison) doivent simplement se dire qu’ils allient intérêt général et profit personnel. (je ne dis pas qu’ils ont raison de penser ça, mais dans une époque post-nationaliste, ça se justifie je trouve).


    • maQiavel maQiavel 30 janvier 2020 14:55

      @yoananda2

      Cette noblesse d’Etat est évidemment complètement imbibé d’un imaginaire néolibéral qui dépasse largement le cadre franco-français et qui s’incarne, entre autres, dans les GOPE à Bruxelles.

      Seulement, il n’est pas question de servir l’intérêt général, ça c’est un compte de fée pour les journalistes des grand médias qui tentent de légitimer cet ordre auprès de la population et qui croient à leurs propres fables, cette noblesse d’Etat est composée de techniciens, donc de gens qui sont aux manettes et qui ont tout à fait conscience d’être au service d’intérêts privés. Ce sont des gens qui mettent en place des stratégies qui consistent à organiser la faillite de services publics en plusieurs étapes pour justifier leur vente. Parfois, ils ne prennent même pas la peine d’organiser cette mise en faillite et vendent directement des biens publics hyper-rentables à bas cout comme on a pu le voir avec les autoroutes.

      Ces gens là ne sont pas des naïfs qui croient allier intérêt général et personnel, ils savent très bien ce qu’ils font et qui ils servent, et le pouvoir actionnarial les remercie pour leurs services par le pantouflage.


    • Joe Chip Joe Chip 30 janvier 2020 15:10

      @maQiavel

      Ca va même plus loin que ça, tous ces gens partagent une ressemblance physique et comportementale troublante qui évoque une armée de clones et rappelle effectivement la noblesse d’Ancien Régime. 

      Cela montre aussi à quel point le néolibéralisme est compatible avec une certaine vision de l’étatisme, sauf que l’Etat est ici mis au service des sociétés privées alors qu’autrefois c’était l’inverse.


    • Joe Chip Joe Chip 30 janvier 2020 15:17

      @yoananda2

      Les ordo-libéraux allemands défendent très clairement l’industrie allemande. C’est plus le cas des élites françaises qui se vivent comme mondialisées et qui considèrent la France comme dépassée, trop petite, etc.

      Ces dernières années les ventes d’actifs de l’Etat français se sont accélérées ; les politiques protestent mais cela n’a aucun effet sur le processus, le pouvoir économique depuis l’élection de Macron est passée intégralement entre les mains de ces "serviteurs de l’Etat". 


    • maQiavel maQiavel 30 janvier 2020 16:01

      *Conte de fée

      Purée, la correction automatique de mon clavier alors que je n’ai rien demandé … smiley


    • Et Hop ! 30 janvier 2020 22:18

      @Joe Chip : "... qui évoque une armée de clones et rappelle effectivement la noblesse d’Ancien Régime. "

      Justement ils ne ressemblent en rien à la noblesse d’Ancien Régime, noble veut dire désintéressé.

      Soit dit en passant, la Nobleesse française avait fait de la France en 1789 la première puissance économique, artistique, technique, agricole, scientifique, culturelle, littéraire, militaire du monde.

      Les nobles d’ancien régime exerçaient le pouvoir politique, judiciaire et militaire, mais pas du tout le pouvoir économique, ni le pouvoir religieux. Ces trois pouvoirs étaient séparés. Ils ne le sont plus, ce qui est, pour Hannah Arendt, la caractéristique des régimes totalitaires.

      lls vivaient publiquement, leur pouvoir était mis en scène dans des édifices publics qu’ils contruisaient et conservaient magnifiquement, leur pouvoir était transparent, leurs alliances matrimoniales et leurs liens de parentés publiés et connus de tous.

      Les nobles n’étaient pas de clones, ils avaient tousau contraire beaucoup d’originalité et de panache.

      Qu’est-ce que produisent de beau ces 500 cadres supérieurs de l’Inspection des finances ? 


    • maQiavel maQiavel 31 janvier 2020 08:58

      @Et Hop !

      Vous avez une image d’Epinal de la noblesse d’ancien régime qui ne correspond pas vraiment aux faits historiques, voir la conférence de Fadi El Hage.

       


    • Joe Chip Joe Chip 31 janvier 2020 11:23

      @Et Hop !

      Merci pour le cours d’histoire mais déjà il faudrait historiciser cette "noblesse d’Ancien Régime" qui a beaucoup changé au cour de deux siècles. La noblesse de la fin du XVIème siècle n’a plus rien à voir avec la noblesse courtisane de la fin du XVIIIème qui cumule les charges, les prébendes, et qui est devenu, pour l’essentiel, une caste oisive.

      Soit dit en passant, la Nobleesse française avait fait de la France en 1789 la première puissance économique, artistique, technique, agricole, scientifique, culturelle, littéraire, militaire du monde.

      C’est totalement faux. Tous les leviers du pouvoir matériel en 1789 sont entre les mains de la bourgeoisie. Les nobles n’ont pas le droit d’exercer une activité lucrative ou manuelle (seulement à titre de loisir) c’est à dire de travailler, donc on se demande bien par quel miracle ils auraient pu accomplir tous les prodiges que vous avez énumérés.

      Il y a évidemment quelques aristocrates libéraux qui s’illustrent dans les sciences et les techniques et qui parviennent, à coups de dérogeances ou en renonçant à leurs privilèges, à développer une activité, mais ce sont clairement des exceptions dans l’Ancien Régime. 

      Les nobles d’ancien régime exerçaient le pouvoir politique, judiciaire et militaire, mais pas du tout le pouvoir économique, ni le pouvoir religieux. Ces trois pouvoirs étaient séparés. Ils ne le sont plus, ce qui est, pour Hannah Arendt, la caractéristique des régimes totalitaires.

      Vous venez d’écrire que les nobles ont fait de la France la première puissance économique, faut savoir smiley

      Quant à affirmer que l’antique division des trois ordres remontant aux Indo-européens correspondrait, d’après Hannah Arendt, à une "séparation des pouvoirs" au sens moderne du terme par opposition aux "régimes totalitaires" qui lui auraient succédé, là on est en pleine confusion-inversion. 
      Et puis vos nobles n’exerçaient en fait plus aucun pouvoir en 1789 même s’ils avaient retrouvé, grâce au rappel des parlements en 1774, funeste erreur du jeune Louis XVI qui allait causer sa perte et avec lui, celle de la monarchie, un grand pouvoir de nuisance dont ils abusèrent, ce qui contribua à déclencher la Révolution. 
      C’est d’ailleurs pour cette raison que la comparaison avec la caste actuelle de hauts-fonctionnaires n’est pas totalement pertinente. Mais le mécanisme de reproduction sociale en vase clos est assez proche.

      lls vivaient publiquement, leur pouvoir était mis en scène dans des édifices publics qu’ils contruisaient et conservaient magnifiquement, leur pouvoir était transparent, leurs alliances matrimoniales et leurs liens de parentés publiés et connus de tous.

      Là vous délirez ou vous faites référence à l’ancienne noblesse féodale qui n’a pas du tout les caractéristiques de la noblesse d’Ancien Régime, qui est essentiellement composée de bourgeois parvenus et dotés de titres de noblesse arrangés ou fabriqués par des généalogistes, afin de faire remonter les lignages familiaux jusqu’à l’époque carolingienne, voire mérovingienne smiley

      Les nobles n’étaient pas de clones, ils avaient tousau contraire beaucoup d’originalité et de panache.


      Au sens sociologique du terme, les nobles courtisans étaient de fait des clones. C’est à ça que servait Versailles, cloner les nobles, les parquer et les occuper, afin qu’ils laissent le Roi gouverner le pays avec les bourgeois. C’est ça l’Ancien Régime. Physiologiquement, c’est plus contestable, mais il existait indubitablement un "type" de l’aristocrate (le fameux "nez noble") qui était sans doute lié à la fois la reproduction sociale endogamique et aux meilleurs conditions de vie de la noblesse. Les aristocrates étaient, en moyenne, plus grand et en meilleur santé. C’est d’ailleurs ce qui a conduit, dans le contexte où les idées démocratiques et égalitaires progressaient, la partie la plus réactionnaire de la noblesse à croire qu’elle constituait une "race" distincte, supérieure, d’origine germanique (ce qui était totalement faux au XVIIIème siècle puisque l’ancienne noblesse franque avait été décimée durant la guerre de Cent ans) fournissant les premiers cadres théorique du racisme scientifique.

      Mais oui, vous avez raison, une petite partie de la noblesse, mais pas n’importe laquelle, la noblesse d’armes, c’est à dire les officiers, les militaires de carrière, continuait de cultiver les anciennes valeurs aristocratiques françaises de panache, de désintéressement, et d’élévation au sens moral du terme. Ils faisaient preuve d’un courage hors-norme sur le champ de bataille, comme en Amérique où les nobles étaient les premiers à montrer l’exemple aux insurgents apeurés, en s’exposant à la mitraille anglaise et en prenant des risques. Mais en fin de compte ce culte du courage et de la "noblesse éprouvée" a amené beaucoup de ces aristocrates à épouser les idées des Lumière, et dans de nombreux cas à renier leur particule ou leur origine nobiliaire. 
      Tout comme aujourd’hui d’ailleurs on retrouve toujours chez certains hauts-fonctionnaires le culte de l’Etat, de la probité, du service du public et de la France, etc.


    • Et Hop ! 7 février 2020 21:07

      @Joe Chip

      Je critiquais le fait d’assimiler les membres de la classe dominante bureaucratique actuelle aux nobles de l’Ancien Régime, du point de vue du style de pouvoir.

      Les nobles avaient du panache, leurs châteaux, leurs hôtels, les uniformes de leurs régiments étaient magnifiques, les inspecteurs des finances c’est des gens comme Alain Jupé, comme François Hollande, c’est des gens étriqués, mesquins, tous pareils.

      Sinon vos remarques sont justes, la noblesse varie au cours des siècles, mais elle conserve des fondamentaux qui la définissent.

      Les nobles n’avaient pas le droit d’exploiter pour leur propre compte les terres, les moulins, les marchés, les forges, les manufactures, etc.. et plus généralement le domaine utile de leurs fiefs, ils devaient les concéder contre une redevance annuelle fixe, le cens, sorte de loyer perpétuel qui constituait le revenu noble. Ils devaient se contenter du domaine supérieur, honorifique consistant à administrer, défendre, faire régner la paix et la justice dans leurs seigneuries. 

      Ce n’est pas parce qu’ils ne pouvaient pas participer directement à ces activités économiques, qu’ils n’étaient pour rien dans le fait que que l’agriculture, l’économie et le commerce devienne prospère dans leurs seigneuries, et plus généralement en France. 

      C’est cette séparation qui a empêché qu’il existe en France des immenses domaines cultivés par des milliers de paysans salariés, demi-esclaves, comme en Espagne, en Angleterre et en Russie, et une concentration éconique. L’économie de l’Ancien Régime est une économie de paysans et d’artisans propriétaires de leur outil de travail, le salarié, qu’on appelle en général domestique ou commis, est une condition méprisable. 
       
      Les nobles exerçaient en outre les fonctions d’officiers supérieurs royaux : gouverneurs, intendants, conseillers d’État, maîtres des eaux-et-forêts, officiers généraux des armées, hauts magistrats, etc..

      Noble veut dire très exactement désintéressé, c’est-à-dire dans l’intérêt général.

      Les nobles, tels qu’ils sont représentés dans les livres et les films d’histoire produits sous les régimes républicains, étaient des courtisans, soumis, flatteurs, arrivistes. 

      En réalité, les nobles de la cour de Louis XIV étaient presque tous des fortes personnalités originale, Vauban, Fénelon, Larochefoucault, La Fontaine, Buffon, Saint-Simon, d’Aguesseau, Turenne, on pourrait en énumérer facilement des centaines dans tous les genres. C’était toujours le cas sous le règne de Louis XV et de Louis XVI, Bonaparte était un noble, éduqué comme un noble. Bien sûr il y avait aussi des médiocres, les petits marquis qui étaient presque toujours des faux marquis, et des nobles indignes.

      Les nobles avaient tous une éducation aux métiers des armes, sauf ceux qui y avaient peu d’aptitude et étaient destinés au clergé. Il y avait une bourgeoisie anoblie de plus en plus nombreuse qui n’était éduquée que pour la magistrature et la haute administration, c’est elle qui constituait le parti du jansénisme parlementaire puis la très grande majorité des acteurs de la révolution, avec la bourgeoisie de robe et de finance pas encore anoblie (Sieyès, Robespierre,..). Il y a eu dans la noblesse d’épée un parti révolutionnaire dont le chef était le Duc d’Orléans, il y était très minoritaire, mais il a été très actif (Noailles, Lafayette, Talleyran, Clermont-Tonnerre,..).

      Les nobles avaient conscience de leur race, comme tout le monde à ces époques où la pratique de l’élevage est très répandue, mais le statut de la noblesse française n’est pas raciste : il faut être enfant légitime d’un père noble pour être noble, et la nobleesse de la mère n’a aucune importance, elle devient noble en se mariant. Ce qui compte n’est pas du tout le nombre de quartiers de noblesse comme dans l’Empire germanique, c’est le nombre de générations nobles du lignage paternel. On peut donc avoir un très faible pourcentage de sang noble parce qu’on n’a que des grand-mères non nobles, et être d’une noblesse très considérée parce qu’elle est très ancienne.

      Toujours est-il que la classe dominante actuelle est une classe bureaucratiques qui occupe l’ancienne place de la noblesse, mais elle est dans la continuité de la la classe qui l’a remplacée : la bourgoisie de robe, toute de noir vêtue, avare, mesquine, peureuse, puritaine et perverse, des députés du Tiers État qui ont formé le parti jacobin.

       

       


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