mardi 27 avril 2010 - par Simon

Les tracteurs sont entrés dans Paris

10 000 agriculteurs, principalement céréaliers, sont dans la capitale depuis ce matin. Ils parcourent la capitale sur leurs 1500 tracteurs, suivant un circuit qui relie les places de la Nation, de la Bastille et de la République avant de repartir via la Nation.
 
Ces paysans veulent alerter les politiques. "On voudrait surtout qu’il n’y ait pas de réduction drastiques du budget de la PAC, comme il en a été question à un moment. Et on réclame aussi une baisse des charges indirectes, c’est-à-dire les taxes", explique l’un d’eux sur le Post.."


8 réactions


  • bercav (---.---.xxx.179) 27 avril 2010 15:36

    Désolé pour la longueur, mais le sujet est capital...
    Les français ont perdu le contact avec la terre mais inconsciemment beaucoup veulent y revenir.
    En 1947, environ 7 millions de paysans faisaient vivre leur famille et plusieurs autres, sur 40 millions d’habitants. Aujourd’hui, environ 600 000 seulement nourrissent moins le pays qu’une bonne partie du monde (3/4 à l’exportation pour le blé).

    Depuis les années 50, les gouvernements ont décimé le monde agricole en favorisant plusieurs choses dont on parle très peu et dont on mesure mal les implications et les conséquences :

    -la Révolution verte : la révolution de la chimie pour l’alimentation, des variétés à très haut rendement. Merci aux généticiens de la fondation Rockefeller, tout ceci était censé supprimer la famine dans le monde, c’est exactement les mêmes arguments des pro-OGM aujourd’hui...

    -l’accès des paysans à la mécanisation et surtout, à l’endettement pour se mécaniser : merci les capitalistes du Crédit Agricole qui ont dépassé leurs prérogatives, poussant les paysans au surendettement. Nombre de ceux qui ne pouvaient rembourser leurs traites voyaient leur matériel et leur ferme saisis, autant de vies détruites et ayant pour résultat l’accaparement des terres par les plus gros exploitants, souvent parties prenantes dans les caisses locales du Crédit Agricole...

    Bref, la disparition des paysans était programmée à partir de ce moment (il y aussi les problèmes de succession à ne pas négliger, mais tout de même de moindre importance), ainsi que la transformation en industriel des plus gros parmi eux.
    Le problème, c’est que c’est le mode de vie d’une grande partie des gens qui disparaît aussi, des gens qui s’en vont gonfler les villes, les usines et le monde en toc du tertiaire. Pourtant à une époque, sur les billets de banque français (quand le gouvernement n’était pas complètement sous le joug des internationalistes de la finance), on faisait dire à Sully « Labourage et pastourage sont les deux mamelles de la France »... On avait encore conscience de l’importance du mode de vie rural de millions de gens.
     
    Aujourd’hui, beaucoup veulent revenir à la campagne. C’est ce qu’il faut faire. Relancer des exploitations à taille humaine (on devrait déjà interdire aux céréaliers de posséder plus de 100 hectares et même chose pour les éleveurs, limiter le nombre de têtes à 15/20 vaches pour les laitières) et changer radicalement la PAC à orientation productiviste (il faut travailler pour chaque pays sur la souveraineté alimentaire), qui de toutes façons, ne permet pas de mieux gérer la répartition alimentaire, mais permet l’engraissement des plus gros, des plus industriels et des plus pollueurs.

    Parce que le prix à payer, c’est qu’aujourd’hui, 95% des rivières sont polluées, votre bouteille d’eau minérale française est remplie de nitrates, il y a des pesticides partout et pour ceux qui mangent de la viande, ils bouffent déjà des OGM ingérés par les animaux dans leur nourriture qui vient d’Amérique du Sud. D’ailleurs, les éco-mondialistes du WWF -dont l’ancien directeur en Belgique travaillait pour CocaCola- négocie avec Monsanto, Cargill, Maggie en Amérique du Sud sur le déboisement et le soja OGM depuis des années.

    Bref, l’agriculture -on devrait dire la paysannerie plutôt que ce terme de technocrate boîteux- est à ramener au centre de nos préoccupations, car le contrôle de l’alimentation est en marche depuis longtemps également. Il faut le reprendre.


  • 27 avril 2010 20:48

    @bercav
    Bravo .Entièrement d’accord avec vous,mais encore faudrait-il faire la différence entre petits et moyens agriculteurs et les gros céréaliers qui eux doivent s’en sortir confortablement.
    Remarquons quand-même que les "paysans" votent en grande partie pour le "monarque".
    De plus la FNSEA est habituellement alliée et complice de Sarkozi.
    "Producteurs sauvons nous nous mêmes" !
     Il est temps que les agriculteurs lésés par ce monde libéral commencent à se révolter contre la politique européenne qui les élimine et ne se contentent pas des vaines et fausses promesses que va faire vraisemblablement le gouvernement comme il a l’habitude depuis un moment....
    Il est souhaitable que la grande majorité des français le comprennent et les soutiennent fermement.


  • bercav (---.---.xxx.76) 27 avril 2010 21:53

    @bobw
    Oui, c’est vrai que les paysans votent traditionnellement à droite. Je suis un peu moins sur le terrain qu’à une époque, mais je crois que N.S. ne retrouvera pas une grosse partie des voix des paysans aux prochaines élections. Et je veux pas en dire plus, mais si cette année est mauvaise pour certains céréaliers, il y aura encore des faillites, l’année dernière ayant été catastrophique, une deuxième année du même tonneau ne serait pas supportable pour beaucoup (nous parlons des petits, pas des plus gros, comme vous, je fais la distinction).
     
    La FNSEA pour moi n’est plus crédible depuis un moment, productiviste et libérale...Ils ont trahi et je sais que si certains paysans croisent le sucesseur de Luc Guyeau, le mec aura intérêt à porter un casque...
    Sinon, oui, c’est aux agriculteurs de redessiner leur exploitation et aux français de les soutenir, moralement et en achetant au plus près du producteur. Les coopératives de proximité marchent bien, et on l’a compris, il va falloir se prendre en main nous-mêmes, ne plus compter sur ces "représentants du peuple" et autres imposteurs à la solde du tout-libéral.

    Et chapeau aux mecs d’avoir fait des centaines de kilomètres en tracbar pour bloquer Paris...

    Dans le fond, je sais que tout le monde les soutient... Ca ne fait que commencer.


  • extralucide 27 avril 2010 22:41

    Les paysans ont perdu la moitié de leur revenu. Avez-vous entendu une seul fois quel était le montant de leur revenu ? Moi, non. Quand le prix du blé a doublé, il ne se sont pas plaints. Ils ont engrangés. Et aujourd’hui que le prix se casse la gueule, ils veulent gagner autant que ce qu’ils ont gagné la meilleure année. On a vu des fiches de paie d’employés de la Poste, d’EDF, etc.. mais jamais la feuille d’impôts d’un pauvre paysan. Quand les mines de fer, de charbon, les usines sidérurgiques ont fermées, les avez vous entendus ? Non. Les paysans sont des privilégiés. Suffit d’aller voir le site de la PAC pour voir la part énorme de nos impôts qui leur échoie. Avant le paysan était pauvre. Aujourd’hui, il peut se payer des vacances à la mer ET à la montagne. Ceux qui n’y vont pas ne vous diront pas qu’ils ne veulent pas payer un ouvrier pour s’occuper de leur exploitation.
    200 hectares au bas mot (un petit) multiplié par 300 euros par hectare, ça fait déjà 60000 euros pour une année de prime PAC, sans rien faire. Indiquez moi un métier où vous avez une prime pareille. C’est une honte, au moment où toutes les usines délocalisent et où les employés se retrouvent à la rue, de venir pleurnicher pour garder leurs avantages payés par les impôts


  • Machiavel 27 avril 2010 23:23

    Vain dieu de vain dieu ! On dit plus Paysan , on dit Exploitant agricole .
    On comprend " Purain "


  • killer-loop 28 avril 2010 05:15

    Bravo et merci pour ces explications


  • extralucide 28 avril 2010 13:21

    Moi, je dirais plutôt : Exploiteur de primes


  • bercav (---.---.xxx.74) 28 avril 2010 15:38

    @extralucide

    Un type qui a 60 000 sur sa feuille d’impôts, ça veut pas dire que c’est cela qui part dans sa poche. Vous rêvez.

    Quand vous connaitrez le prix d’un tracteur ou d’une moissonneuse-batteuse que l’on doit rembourser chaque année pendant des décennies, vous ferez la distinction entre les très gros (que vous généralisez à l’ensemble de la profession ; mais à ce que je sache, tous les travailleurs du bâtiment n’ont pas la fiche de paye de Martin Bouygues...) et les autres qui sont en train de crever et qu’il faut défendre absolument, car sinon, vous favoriserez à terme les multinationales.

    Vous, vous parlez justement du très haut du panier. Car ceux qui ont une feuille d’impôt avec 60 000, n’auront sûrement pas le salaire qui leur permettra d’aller skier, sport de con pour classes sociales élevées. Faut arrêter de raconter n’importe quoi, comme si c’était dans la culture des paysans d’aller au ski en hiver...Vous parlez des vignerons du bordelais là...Sinon en été, je vous rappelle que c’est l’époque de la moisson et des récoltes, alors partir à la mer, ils peuvent y aller ni plus ni moins que les autres métiers et sûrement pas pendant la haute saison. Je parle même pas de ceux qui ont des animaux, c’est tous les jours de l’année, Noël et nouvel an inclus, pas de vacances. Mais je l’ai déjà dit et si on le connait pas, on verra ça uniquement comme un "métier", alors que c’est un mode de vie.

    Sinon, mettre en opposition les mineurs, les ouvriers et les paysans n’a pas grand sens. L’industrialisation et la mécanisation de l’agriculture a supprimé les paysans au fil des années, pour les envoyer dans les mines et les usines aussi.

    Les ouvriers et le monde agricole par conséquent se connaissent très bien et sont solidaires. Et j’ai même des exemples d’ouvriers aujourd’hui qui continuent à être paysan en plus de leurs heures de boulot, pour garder les terrains et la tradition agricole de la famille.

    Quant à la PAC, comme dit au-dessus, elle n’existe que parce que l’agriculture, comme le reste des activités économiques, est orientée par le marché libre depuis l’après-guerre pour favoriser la concentration des terres et des capitaux. Relisez mon post au-dessus sur le Crédit Agricole et le reste et arrêtez de vous méprendre, on dirait un petit bourgeois trotskyste.


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