Et en parlant de tour de magie, c’est extraordinaire comment on peut parvenir à faire appeler par le peuple un régime politique par le terme qui désigne son stricte contraire.
Autrement dit, c’est fabuleux que nous continuions à appeler nos gouvernement prétendument représentatif "démocratie", et que nous continuions, sans vérification, à croire que > démocratie = élection // élection = démocratie <
Vérifions donc ce que nous dit Bernard Manin dans son essais "Principes du gouvernement représentatif" :
"Rousseau voyait une immense distance entre un peuple libre se donnant à lui-même sa loi et un peuple élisant des représentants pour la loi à sa place".
"Sieyès soulignait avec insistance la ’différence énorme’ entre la démocratie où les citoyens font eux-mêmes la loi et le régime représentatif dans lequel ils commettent l’exercice de leur pouvoir à des représentants élus".
"Pour Sieyès, comme pour Madison, le gouvernement représentatif n’était pas une modalité de la démocratie, c’était une forme de gouvernement essentiellement différente et, de surcroît, préférable".
"Un gouvernement organisé selon les principes représentatifs était donc considéré, à la fin du XVIIIe siècle, comme radicalement différent de la démocratie alors qu’il passe aujourd’hui pour une de ses formes".
Que dit Aristote ?
" Je veux dire qu’il est considéré comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchique qu’elles soient électives".
En conclusion, la véritable prouesse de ce tour de magie, c’est qu’il parvient à faire défendre, par le peuple lui-même, les principes oligarchiques de l’élection, dès lors qu’il se met à critiquer les modalité par lesquelles celle-ci est exercée. MAGIQUE !