Taddeï comme agent révélateur des normes du système
Frédéric Taddeï, présentateur de l'émission hebdomadaire "Ce soir ou jamais !" était l'invité de "Média, le magazine" sur France 5 le 5 mai 2013. Tout y est... Esprit sectaire, délation entre pairs, standardisation de la pensée, véritables points sensibles...
Frédéric Taddeï, homme à l’apparence propre, au sourire publicitaire, à la voix douce, au caractère discret, semble pourtant être le dernier combattant d’une très relative liberté d’expression et d’un apparent débat. La question ici porte moins sur les qualités de l’émission que sur ce que révèle le "cas Taddeï". En effet, les dernières représentations télévisuelles - des invités mous, inintéressants pour la plupart, ou alors organisés de façon à isoler toute pensée quelque peu subversive - ont assez illustré la victoire très prévisible des pouvoirs établis. Ainsi, l’interrogation collective doit glisser de "Est-ce que l’émission de Taddeï est réellement capable de mettre en avant des idées nouvelles à la télévision ?" à "Qu’est-ce que nous raconte toute cette mascarade ?". Au-delà du contenu qualitatif très faible des gosiers du présent plateau TV, analysons l’aspect normatif qui entoure ces discussions hallucinantes.
1. Il y a réglement de compte entre pairs, des journalistes parlant à des journalistes, l’auto-censure n’a jamais été aussi intégrée, les personnes sensées nous informer jamais autant standardisées. Comment dès lors leur faire confiance ? Comment dès lors pouvons-nous qualifier de démocratie et de liberté de la parole un contexte où sont produites des informations de manière industrielle, homogénéisée et fabriquées par des gens appartenant à un même groupe que nous pouvons aisément qualifier de sectaire ?
2. Ces journalistes reprochent à Taddeï d’inviter (et non d’avoir invité) des gens sulfureux, dont les noms ressortant le plus souvent sont ceux d’Alain Soral, de Marc-Edouard Nabe, de Tarik Ramadan et de Dieudonné. Or, quand est-ce la dernière fois que ceux-ci ont été invités ? Et à quelle fréquence ? On perçoit ici toute la vanité du contenu prédendument subversif accollé à l’émission de Frédéric Taddeï. La vérité est ailleurs. Un pas faux, un seul pas de travers, et toute la carrière d’une personne est en jeu.
3. Pourquoi nos quatre mousquetaire et pas d’autres personnes ? Qu’ont en commun Alain Soral, Marc-Edouard Nabe, Tarik Ramadan et Dieudonné ? Il s’agit bel et bien de leur opposition au mouvement sioniste.
4. Or, à partir de quel moment les nouveaux chiens de garde paraissent perdre de leur zèle à la censure ? Lorsque Frédéric Taddeï nous parle de sa volonté de visiter - et de sa visite effective - d’Auschwitz ! Ouf, nous sommes sauvés !
Résumons-nous : il y a procès entre pairs, les reproches sont très précis et constamment rappelés, au-delà de la gravité réelle des faits, afin que le concerné comprenne où se situe son erreur, et enfin il y a absolution à condition de se soumettre au rituel dominant.