Ollivier Pourriol balance : "Le Grand Journal est une machine à laver le cerveau"
Ollivier Pourriol a travaillé comme chroniqueur au Grand Journal de Canal+ en 2011-2012. Cet agrégé de philosophie raconte le traumatisme que cette expérience a constitué pour lui. Un traumatisme bien payé tout de même : "10 à 15.000 euros par mois pour ne rien foutre".
A Télérama, il n’hésite pas dire que le Grand Journal est une "machine à laver le cerveau". Il décrit des relations glaciales avec ses collègues pourtant si cool en apparence : "Tout le monde a l’air d’être cool, mais ne l’est pas du tout. Ce sont des rôles, des archétypes". Il dit en quoi l’intellectuel qu’il est a été broyé par la machine : "Tout ce que je suis m’a été nié, les yeux dans les yeux. Le système de valeur qui sous-tend tout ça, c’est la triche, la glorification du cancre". Michel Denisot, "monsieur blagues" dans les Guignols, est comparé à un "superprédateur, qui se place tout en haut de la chaîne alimentaire, peut bouffer tout le monde mais que personne ne peut bouffer". Sa réflexion la plus terrible est peut-être celle-ci : "La plupart des gens dont je parle (producteurs, chroniqueurs, journalistes…) sont intelligents. Chacun remplit son rôle en toute conscience". Le cynisme à l’état pur.
Ollivier Pourriol sur France Info
Dans "Médias le Magazine" sur France 5
Une question se pose tout de même : comment un homme apparemment intelligent a pu penser un seul instant qu’il allait pouvoir officier honnêtement au coeur de Télé-Poubelle, dans l’antre même de l’Inquisition médiatique, là où les gros salaires - octroyés par les oligarques-propriétaires - se justifient précisément pour leur fonction sociale éminente : abrutir le peuple et le rendre docile ? Comment peut-on être aussi naïf ? Ah oui, c’est vrai, l’argent rend aveugle...
Mais le grand déballage sur Canal+ ne s’arrête pas là. Après Ollivier Pourriol, c’est au tour de Solweig Rediger-Lizlow de raconter les coulisses de l’émission où elle a vécu une année de "calvaire" dans une ambiance "frigorifique". "Tu sais Solweig, tu es le choix de Canal+, mais tu n’es absolument pas le nôtre", lui aurait dit dès son arrivée deux des chefs du Grand Journal.
L’ex-Miss météo explique ensuite que l’un de ses collègues était appelé "l’oeil de Moscou". Son rôle ? "Rapporter chaque jour au producteur qui dit quoi sur qui". Elle explique qu’Ariane Massenet "arrivait souvent en fin d’après-midi pour récupérer les questions que ses journalistes lui avaient préparées", ou encore que Michel Denisot "tire plus vite que son ombre"...
Elle raconte enfin comment elle a eu l’interdiction de parler de DSK. "J’ai eu l’interdiction formelle de dire quoi que ce soit sur Dominique Strauss-Kahn dans une météo, après avoir désespérément cherché dans les archives du "Grand Journal" la vidéo d’une "Boîte à questions" : "Est-ce que sucer c’est tromper ?", ce à quoi DSK répond : ’ça dépend qui suce qui’, cette archive avait mystérieusement disparu."
NTM : L’Argent Pourrit Les Gens (une chansonnette bien appropriée)