USA : la suite de Gasland et le mythe de la renaissance industrielle
La réindustrialisation des Etats-Unis, dopée par une potion magique au gaz de schiste, serait donc un mythe ? Une énième manipulation d'un Empire aux abois ? De la propagande grossière au bénéfice d'une oligarchie sans foi ni loi ? Il semblerait que oui. Un mensonge chassant l'autre, la fuite en avant s'accélère. Jusqu'à quand ?
La tentation électoraliste a été, pour les deux candidats à la Maison Blanche, d'insister sur la renaissance industrielle américaine. Cette "story" a aussi été alimentée pas Wall Street, pour attirer les investisseurs. Mais c'est largement un mythe. L'extraction des gaz de schistes aux Etats-Unis n'a créé que 60'000 emplois en six ans. Les compagnies ont largement misé sur les technologies d'automatisation. Notre enquête, à découvrir dans Bilan, révèle que les bas coûts de l'énergie aux Etats-Unis ne suffiront pas à inciter des entreprises à se relocaliser sur territoire américain. (Myret Zaki)
Que cache cette folie du gaz de schiste made in America ? Après l’explosion de la bulle du crédit immobilier, l’explosion de la bulle du gaz de schiste ?
Après Gasland, Josh Fox revient en force avec un mini-documentaire contre les gaz de schiste une fois de plus. Celui-ci met en évidence les dangers qui pèsent sur New-York et sur toutes les régions prêtes à accepter la fracturation hydraulique. Comme preuve : des documents qui ont fuité de l’industrie montrant qu’ils connaissent les dangers dûs aux inévitables fuites, depuis le début. (tchels0o)
The sky is pink / Le ciel est rose (La suite de GASLAND*)
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Extraits :
« Le gouverneur Andrew Cuomo a dit qu’il laisserait la science et non les émotions guider sa décision sur le droit ou non de fracturer dans l’état de New-York. Et avec l’industrie qui propose plus de 100,000 puits sa décision pourrait fondamentalement changer New-York.
(...)
Le forage gazier et la fracturation hydraulique sont des procédés très contaminants, qui injectent des millions de litres d’eau chargés de produits chimiques toxiques à une pression énorme pour casser la roche et libérer le gaz contenu à l’intérieur.
Les sources d’eau à travers le pays ont été contaminées avec des plastiques, des cancérigènes, des neurotoxiques, de perturbateurs endocriniens et de gaz naturel explosif. Ça apporte la destruction des terres, la pollution de l’air, une crise de santé publique, un trafic de camions, des kilomètres de pipeline, explosions, rejets dans la nature, accidents.
C’est une industrialisation à grande échelle.
(...)
J’étais à Pittsburgh à cette époque et j’ai eu la chance de m’asseoir et de parler avec Doug Shields, le chef du conseil municipal de la ville qui a été capable de faire interdire la fracturation hydraulique sur la commune. La réserve d’eau potable de Pittsburgh a été fermée à cause des déchets de fracturation hydraulique qui arrivait dans la rivière Coghill, juste un an avant.
Ils les ont autorisés à jeter tous les déchets dans la rivière !
(Josh) Ont-ils vraiment pris tous les déchets, produits chimiques, déchets volatiles et...
Radionucléides et toutes ces saletés, dans la rivière !
(Josh) Directement dans la réserve d’eau potable ?
Directement dans la réserve d’eau potable avec un traitement minimum, disant que toutes les mauvaises choses avaient été retirées.
Mais ce n’est simplement pas vrai. Le New York Times mis son enquêteur star sur le coup. Leur enquête a permis de découvrir des milliers de documents internes montrant que des déchets radioactifs et des produits cancérigènes, comme le benzène, étaient traités de manière inadéquate et remis dans les réserves d’eau potable de Pennsylvanie.
Mais Doug m’a expliqué que ce n’est pas toujours comme ça que le journalisme fonctionne.
Ils viennent me voir et me disent toute la journée que le "ciel est rose". Le ciel est rose.
Alors il m’a expliqué que la plupart des journalistes ne sont pas des journalistes d’investigation.
C’est ça qu’on appelle du journalisme "Il a dit - elle a dit".
Si quelqu’un est dans la pièce avec les médias et dit "le ciel est bleu",
les médias diront ce jour-là "Oui, le ciel est bleu".
Mais si quelqu’un vient à la dernière minute et dit : "Attendez, attendez, attendez ! en fait le ciel est rose".
Bien ce jour là les médias disent : "il y a un sujet à débattre".
C’est pas bleu, c’est vraiment rose !
Si vous laissez ça sur la table et ne combattez pas cette idée, alors le ciel est rose !
(...)
Est-ce que quelqu’un peut dire quelle est la durée de vie d’un puits de gaz de schiste ?
Pas seulement pour produire du gaz mais pour protéger l’eau des produits chimiques contenus dans le sous-sol.
Je vous donne un indice, pour toujours !
Et ces puits doivent durer pour toujours ou bien ils posent un problème immédiat et permanent aux sources d’eau.
(...)
Et la fracturation hydraulique : en 2011, un groupe environnemental a sorti un rapport montrant que l’EPA a confirmé que la fracturation hydraulique pouvait directement contaminer les sources d’eau potable.
Comme par exemple en Virginie, une fracturation latérale a heurté un puits abandonné avec une étanchéité défaillante. Depuis des décennies, il n’ont pas été capables de résoudre le problème.
Il n’y a pas de moyens de le résoudre.
Comme l’industrie du tabac, ils ont un problème insolvable.
De la même manière qu’il n’y a pas de cigarette sans danger, il n’y a pas de forage sans danger.
Et ils le savent.
Kerosène, benzène, urée, toluène...
(...)
Il y a un autre moyen de considérer la situation : la première étude à grande échelle sur les effets des forages gaziers a été faites à Garfield, au Colorado. Les chercheurs ont trouvé des risques pour un problème de santé majeur, dans l’air et dans l’eau. La Commission des écoles et de la santé du Colorado a trouvé des probabilités de risques de santé liés à la pollution causée par le forage gazier et que la puissance de ces effets était jugée de "modérée à forte".
Au Texas comme dans le reste des Etats-Unis, le taux de cancer diminue, excepté dans un endroit, le "Barnett shale". Les cinq comtés où il y a le plus de forages ont vu une hausse des cancers du sein. La réponse de l’industrie gazière a été de peindre une tour de forage en rose ! Peut-être pensent-ils vraiment que le ciel est rose et qu’ils essaient de s’y confondre...
Ça n’a tout simplement pas de sens !
Des centaines de médecins ont signé des lettres demandant au service de la santé de l’état de New-York demandant qu’une étude complète sur la santé et les forages soit menée avant de donner l’autorisation de forages.
(...)
Les choses qui ont l’air sûres aujourd’hui ne le seront peut-être pas demain.
Nous avons des réserves d’eau abondantes et de bonne qualité à New-York.
Nous considérons que c’est une richesse formidable.
Nous ne voulons pas abimer cela, à New York. »
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*GASLAND
LaTéléLibre est très heureuse de vous proposer une version inédite de GASLAND avec l’aimable autorisation de KANIBAL Films Distribution. Cette version de 46 minutes a été réalisée par le Collectif Citoyen Lotois NON aux gaz de schiste afin d’être projetée partout en France lors de débats citoyens.