Turquie : Plus de 2000 arrestations et des centaines de blessés
Le mouvement de contestation dure depuis quatre jours en Turquie. Un vent de révolte souffle sur le pays. Né de l'opposition à un projet immobilier à Istanbul, il remet désormais en cause la politique du Premier ministre islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan.
Dans la nuit de dimanche à lundi, de nouvelles violences ont éclaté entre policiers et manifestants, dans plusieurs grandes villes du pays.
A Izmir, dans l’ouest du pays, des manifestants ont lancé des cocktails molotov sur la permanence du Parti pour la justice et le développement (AKP). Le bâtiment a été partiellement détruit.
De violents affrontements ont également éclaté à Istanbul. Les protestataires ont érigé des barricades avec du mobilier urbain et des pavés. Toutes les rues menant au bureau du Premier ministre ont été bouclées et les policiers ont tiré des grenades lacrymogènes pour repousser les manifestants.
Dans le centre d’Ankara, la police a aussi effectué une descente dans un centre commercial car elle soupçonnait des manifestants de s’y être réfugiés. Des centaines de personnes ont été arrêtées.
Des milliers de personnes avaient envahi dimanche l’emblématique place du centre de la mégapole turque, désormais vide de toute présence policière après trois jours d’incidents violents qui ont fait plusieurs centaines de blessés et provoqué l’arrestation de plus de 2000 manifestants dans toute la Turquie.
Selon le syndicat des médecins d’Ankara, 414 civils avaient été blessés dans ces incidents, dont six souffrant de graves traumatismes à la tête. De son côté, l’agence de presse Anatolie a fait état de 56 blessés au sein des forces de l’ordre.
Les organisations de défense des droits de l’Homme turques et étrangères ont dénoncé la violence de la répression, faisant état de plus de mille blessés. Amnesty International a même évoqué la mort de deux personnes. Ces chiffres n’ont pas été confirmés de source officielle.
Le ministre de l’Intérieur Muammer Güler a cité samedi soir des chiffres nettement inférieurs, parlant de 79 blessés, 53 civils et 26 policiers, et 939 interpellations dans les 90 manifestations qui se sont déroulées dans toute la Turquie.
Le Premier ministre Erdogan a répété qu’il mènerait le projet d’aménagement urbain contesté de la place Taksim jusqu’à son terme. Et comme un nouveau défi aux manifestants qui lui reprochent de vouloir "islamiser" la société turque, M. Erdogan a confirmé dimanche qu’une mosquée serait bâtie sur la place Taksim, rendez-vous traditionnel de toutes les contestations à Istanbul.
"Oui, nous allons aussi construire une mosquée. Et je ne vais pas demander la permission du président du CHP (Parti républicain du peuple, principal parti d’opposition) ou à une paire de pilleurs pour le faire", a-t-il lancé, "ceux qui ont voté pour nous nous ont déjà donné l’autorité pour le faire".
Sources : Francetvinfo / AFP / Le Journal du Siècle