jeudi 26 septembre 2013 - par cassia

Russie : les saisons de la datcha

Avec l’arrivée des beaux jours, sortir de Moscou en voiture le vendredi soir devient difficile car dès 16 heures, les automobiles et leurs occupants - familles, chiens, sacs de victuailles, bric-à-brac - sont à touche-touche sur les artères qui mènent hors de la métropole. On pourrait croire à un exode de masse mais il n’en est rien, en fait chaque vendredi, de Moscou à Vladivostok, les Russes n’ont qu’une idée en tête : tous à la datcha !

 

La datcha est un lieu où s’exprime toute l’âme de la Russie :

 

C’est une maison de bois, en dehors de la ville, avec son lopin de terre où les russes viennent en famille pour se reposer et/ou cultiver son jardin.

 

Mais la datcha est bien plus qu’une simple maison secondaire. Elle est un mode de vie, un rituel incontournable de la société russe évoqué par les grands écrivains, un élément essentiel de la vie des russes, un endroit dans lequel ils se ressourcent en famille, loin de la ville et près de la nature.

 

A la veille du rude hiver, on y prépare diverses conserves issues des produits du jardin, des bocaux de tomates et de cornichons, des confitures de framboises et de fraises, des jarres de fruits au sirop qui sont ensuite apportées à la ville. Et quand les pénuries alimentaires se firent sentir comme dans les années 1990, les produits cultivés à la datcha adoucirent le sort de millions de Russes.

 

De même qu’à l’époque soviétique, la datcha servit de lieu d’exil et de refuge. En 1969, c’est à la datcha du violoncelliste Mstislav Rostropovitch qu’Alexandre Soljenitsyne, l’écrivain du goulag honni par le pouvoir soviétique, se réfugiera. Les dissidents aimaient aller à la datcha, où ils pouvaient cacher leurs samizdats (publications clandestines), écouter les radios interdites et se laisser aller à des discussions politiques.

 



19 réactions


  • gerfaut 26 septembre 2013 18:46

    Très joli reportage. 


    Les femmes adorent les maisons, ma mère ne cesse de regarder des photos de vieilles maisons surtout dans les régions Est de la France. Elle aime quand c’ est simple. Mon père a été parmi les premiers à pouvoir visiter la Russie après l’ ouverture du pays par Krouchtchev. Il a vu ces datchas, avec des haies de tournesols autour, l’ hospitalité des Russes avec le thé et le samovar. Mais les étrangers étaient surveillés et les trajets prédéfinis. Cela gâchait un peu le tout. 

    Les hommes n’ ont pas toujours un attachement aussi fort envers un maison, sauf si c’ est eux qui ont construit de leur mains. J’ aurai bien aimé construire une maison simple en rondins dans un endroit calme, si j’ avais été Canadien par exemple ou Russe. Ils ont de la chance de vivre dans un pays immense avec une nature presque à l’ infini.

    • cassia cassia 26 septembre 2013 20:16

      Merci Gerfaut pour ce commentaire et témoignage !
      Je te répondrai moins succinctement plus tardivement dans la soirée...Cet article qui ne fera sans doute pas "le buzz", nous laissera ainsi donc l’occasion de discuter tranquillement sans interférence hostile et stupide.


      Ce reportage est néanmoins une belle leçon de survivalisme "à la russe" qui nous change de San Giorgio l’imposteur "survivaliste" de E&R.

    • gerfaut 26 septembre 2013 21:47

      Comme tu veux cassia, 


      Une chose que je ne leur envie pas aux Russes, c’ est d’ avoir seulement deux saisons, quatre c’ est plus varié, le printemps et l’ automne sont des vraies saisons, et des belles. On comprend leur joie de partir dans leur datcha, quand le jour est venu. Nous, ce n’ est pas à ce point.

      Pour le survivalisme, je n’ ai pas tellement réfléchi à la question, parce que j’ aime la vie simple à la campagne depuis toujours, j’ ai vêcu dans une petite ferme, elle m’ attend, au besoin, donc je ne pars pas de rien. Avec de la bouffe et une sécurité à organiser selon ce qui se passe, on peut vivre, si ona pas besoin de grand chose pour être heureux.


    • cassia cassia 26 septembre 2013 22:30

      Bcp de russes hors métropoles subsistent grâce à la chasse, la cueillette, et le potager, ils ont néanmoins l’avantage de jouir d’un immense territoire, certes hostile 1 saison sur 2, mais fertile 1 saison sur 2. Comme chez moi à 1500 M
      Je considère la Russie soviétique comme un laboratoire de notre avenir et je note que les russes ont su, malgré tout, conserver leurs traditions centenaires voir millénaires face aux dogmes laïquards communistes.
      Je place, pour ma part, bcp d’espoir dans la Russie,
      Quand Monsanto aura réussi à privatiser la vie, par le biais des accords de marché transatlantiques, en ayant le monopole de la semence potagère donc de notre possibilité de nous alimenter...la Russie n’étant pas soumise à ces règles totalitaire, sera un réservoir de la biodiversité.
      Les semences ne se conservent pas au delà de 2 ans si elles ne sont pas cultivées... Or si elles sont interdites, elles seront donc perdues.
      Pas pour rien qu’en Norvège.... 
      Au fait, je t’ai répondu....


    • gerfaut 26 septembre 2013 22:42

      Ok, cassia,...



      Sinon, tu ne crois pas au simple conservatoire des jardiners privés qui, eux, peuvent avoir leur propres graines et se les échanger ?

    • cassia cassia 26 septembre 2013 22:55

      Si, ce sont les vrais dissidents/résistants dont on aura besoin pour bientôt, je doute en revanche qu’ils soient en nombre suffisant pour subvenir au besoin de tous... D’autant que la petite paysannerie d’antan est en passe d’être détruite en France...
      Les accords de libre échange transatlantique scelleront le sort des derniers petits paysans.


    • gerfaut 26 septembre 2013 23:05

      Tu vois, quand je te parlais des multinationales, je ne suis pas dupe, dans les nouvelles technologie, elles meurent et naissent assez vite, parce qu’ il ne faut pas se tromper de voie, certaines l’ ont payé cher. Mais dans le domaine qui te concerne comme l’ agriculture, elle sont assez stables et c’ est vrai qu’ elles peuvent faire bien des dégats, ça c’ est un problème..


    • gerfaut 26 septembre 2013 23:31

      C’ est très sympa Pégase, j’ ai un arrière grand père qui avait des scieries dans les Vosges, il achetait des bois entiers à couper. Malheureusement, son fils mon grand père a tout vendu pour rien pour aller au Vietnam. J’ ai découvert ta région à travers le film Les Grandes gueules avec Bourvil et Ventura, un western à la Française, je pense que tu connais par coeur.


      Cela a l’ air très beau.

    • gerfaut 27 septembre 2013 00:01

      Cassia, c’ est vrai que les graines conservées par de simples jardiniers ne suffiront pas d’ un coup à tous, il faudrait les multiplier, sinon côté seulement conservation, je pense que les jardiniers peuvent se rebiffer, quelques association peuvent s’ organiser pour attendre que le vent tourne.






    • cass_la gauloise cass_la gauloise 2 octobre 2013 02:04

      Ben oui cassia lénine staline dits communistes laîcards étaient des khazars comme les rothschilds.


  • nicoloco 26 septembre 2013 20:25

    navrant, interroger des riches, c’est trop facile, mais ça n’est pas comme cela que ça se passe en Russie, cette video pue la propagande de chez nous, anti russe. Dites plutôt que nous, occidentaux avec eltsine avons pourri ce pays avant que Poutine ne renationalmise les entreprises d’energie, comme nous devrions faire, comme l’a fait poutine , cette video pue le fric, c’est pas nous


  • popov 27 septembre 2013 12:23
    Ça fait 40 ans que j’ai compris. Je passe mes fins de semaine à cultiver tous les légumes et les fruits pour ma famille.

    Comme mes voisins font la même chose, et que nous produisons tous plus que nous ne consommons, mais que nous ne cultivons pas tous les mêmes choses au même moment, nous partageons les surplus. Ce n’est même pas de l’échange, mais plutôt une façon d’entretenir de bonnes relations.

    C’est un plaisir que de vivre dans l’abondance sans être riche, et en même temps faire un grand bras d’honneur à ces empoisonneurs de l’industrie agro-alimentaire.

    Depuis quelques années, je m’efforce de produire mes propres semences. Au départ, il faut trouver des variétés non hybrides et non OGM qui sont bien adaptées au climat et au sol. J’ai obtenu de bons résultats avec des semences échangées par internet avec des Russes et des Bulgares.

  • popov 27 septembre 2013 12:38

    Et merci pour l’article Cassia.


    J’étais loin de soupçonner ce côté bucolique chez vous.

  • edwig 27 septembre 2013 14:24

    Wow, impressionant de manipulation ce reportage.
    ça démarre par un "tous les russes court après l’argent."
    Quoi y en a pas un ou deux dans le tas qui s’en foutent ?
    Une belle ôde au système marchand.
    C’est flagrant...
    A regarder juste pour s’amuser de toutes les techniques de manipulations utilisées.
    et elles sont très nombreuses, l’artillerie lourde.

    Les paysans môches avec la petite musique ridicule pour nous expliquer que la petite maison de campagne et le potager c’est bien mais...
    Olga peut tout de même travailler de sa datcha grâce à sa clef 3G pendant que ses enfants profitent des dernieres journées de libertés.
    d’ailleurs, lorsqu’on revient plus tard sur olga dans le reportage, il semble important de rappeller au telespectateur qui arrive au milieu du reportage,
    qu’elle se connectait sur internet grâce à la 3G depuis sa datcha...

    Et puis lorsqu’on arrive sur les riches, la super musique hymne à la liberté avec les villas aux frics,
    les tables débordantes de victuailles.
    et puis le couple heureux , la poupée blonde, l’argent rend beau !

    et puis cette olga qui dans le magasin explique qu’en travaillant plus pour gagner plus, elle peut se permettre plus...
    voilà, c’est ça, la solution à tout, c’est toujours bosser pour le fric.

    Et puis cette phrase "les russes ont découvert les joies de la société de consomation"..
    tout se reportage souligne l’inconfort des datchas, en hiver il fait si froid, hooo il faut couper du bois et s’occuper du potager.
    c’est dur !
    La datcha c’était bien, symbole de l’évasion, mais le capitalisme, c’est mieux ! Le travail c’est bien connu, rend libre...

    et puis le passage avec le vieux russe tout fière avec ses médailles, l’air de rien ça tape en plein dans le symbolisme.
    voilà ce qu’il reste de l’armée russe.
    Ce reportage est à mettre en pescpective avec ce qu’on vit aujourdh’ui
    on comprends alors le véritable but,
    ils tentent clairement de dissuader la masse de se détacher du système marchand.

    Je conclut tout de même que les riches vivent derrière des murs et des grilles que lorsque les deux grandes portes s’ouvrent,
    c’est pas un palais, mais une prison, un monde de peur ou tout est dissimulé...
    suffit juste de s’arrêter sur la poupée blonde.

    ses cheveux, son maquillage, chimie, exploitation d’autruis.
    ses vêtements bien chères, exploitation d’autruis.
    Juste pour sa petite journée et la dissimulation de ses peurs (peur d’être moche et donc pas aimée), combien d’humains elle aura exploité ?

    Oui la datcha c’est mieux, oui bosser au potager et couper du bois c’est mieux...
    Avoir froid l’hiver ? Ben tu te raproches du feu et de ceux que t’aimes.
    Mais surtout, tu te couches le soir en parfaite harmonie avec ton monde, tu bousilles rien, ni la planète, ni la vie des autres.

    "Est pauvre celui qui ne peut assouvir les envies qu’il se crée et riche celui qui du seul nécessaire peut se satisfaire."


  • Hijack ... Hijack 27 septembre 2013 23:34

    Merci pour ce document Cassia,
    .
    J’étais en Russie (seulement quelques jours) cet été ... Pas eu le temps de voir les "datcha" très éloignées des grandes villes ... mais seulement autour de Moscou. Bcp de russes, m’ont fait comprendre, qu’il y a quelques années, la France/les français, c’était quelque chose de grand ... à présent, c’est l’inverse. Ils se rendent compte que l’occident marche sur la tête. Poutine y est vraiment apprécié à juste titre. Très beaux et immenses paysages ... beau et solide peuple ... très belles femmes russes aussi.


    • cass_la gauloise cass_la gauloise 2 octobre 2013 02:25

      ah Hijack seulement quelques jours, dommage, mais c’est déjà ça, la chance d’avoir pu y aller, c’est chouette.


  • Latigeur Latigeur 28 septembre 2013 19:21

    Loin de cette propagande indécente une vision réaliste de la situation sociale dans la Russie de Poutine : 


    "Selon Forbes, la Russie compte 27 milliardaires, un nombre qui n’est dépassé qu’aux États-Unis, dont l’économie est cependant trente et une fois plus riche. Ils réalisent près d’un tiers de l’ensemble des revenus personnels dans un pays où un cinquième de la population vit en dessous de la ligne de la misère, c’est-à-dire avec moins de 38 dollars par mois. Comme on le sait, pratiquement toute leur richesse dérive des propriétés qu’ils ont prises à l’État. Ils gardent donc autant que possible leurs fortunes à l’étranger, investissent relativement peu en Russie et ils n’ont apporté aucun avantage à la masse de la population travailleuse, dont les revenus réels stagnent ou régressent, même lorsque l’économie est en période de croissance. Soit dit entre parenthèses, selon un sondage récent 36 % de la population dit vouloir revenir à « avant 1985 » — c’est-à-dire avant Gorbatchev — si c’était possible ; 28 % ont dit détester la vie d’alors tout autant que celle d’aujourd’hui et seulement 27 % préfèrent le présent (52). Selon les termes de l’historien britannique reconnu Anatol Lieven, « leur richesse s’écoule goutte-à-goutte vers le bas, mais pas en Russie, ce qui reflète le caractère extrêmement vil, injuste et, surtout, inutile des oligarques russes » (53)"


  • cass_la gauloise cass_la gauloise 2 octobre 2013 02:19

    Latigeur : de la part d’un historien british,,, British donc , qui ferait mieux d’éviter de parler de la Russie.


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