La Suisse veut dialoguer avec Ben Laden
La déclaration, lundi 25 août, de Micheline Calmy-Rey, la ministre des Affaires étrangères suisse, n’a pas fini de faire jaser.
À l’occasion de l’ouverture de la conférence fédérale des ambassadeurs, à Berne, elle a plaidé pour le dialogue comme élément de la politique étrangère de la Suisse, y compris avec "les infréquentables" : les organisations terroristes (vidéo sur le site TSR.ch).
Faut-il "rechercher le dialogue sans discrimination - quitte à s’asseoir à la table d’Oussama Ben Laden ?", s’est-elle interrogée. Avant de répondre : "Le refus du dialogue est en fin de compte toujours stérile".
Une attitude qui tranche avec celle de Nicolas Sarkozy, qui, le même jour (lundi), a qualifié les talibans de "barbares moyenâgeux", représentant "la barbarie la plus totale" et "l’inhumanité absolue" ; cette déshumanisation de l’adversaire rend évidemment toute idée de dialogue impossible.
"Certes, a poursuivi Micheline Calmy-Rey, des organisations comme le Hezbollah, le Hamas, (la guérilla colombienne des) Farc, les (séparatistes tamouls du) LTTE ou (les rebelles ougandais de) la LRA recourent à des méthodes terroristes que nous condamnons. Reste que ce sont des acteurs politiques de poids, incontournables dans la recherche d’un règlement de conflit".
"Certains s’indignent en voyant dans ce réalisme une glissade proto-terroriste. Ne nous laissons pas duper : le dialogue ne conduit pas inexorablement à accepter l’inacceptable ; comprendre ne veut pas dire excuser et ne signifie pas complicité", a-t-elle insisté.
La diplomate suisse s’était attiré de vives critiques des États-Unis, d’Israël et même de l’Allemagne, pour sa visite à Téhéran en mars dernier, où elle était apparue la tête voilée et tout sourire aux côtés du président Mahmoud Ahmadinejad.
Si Micheline Calmy-Rey veut dialoguer avec Ben Laden, on pourrait imaginer ce dialogue en chansons :
Honneur à Madame, avec ce chant de paix, Les Trois Cloches, qu’elle interprétait en 2007, alors qu’elle était présidente de la Confédération suisse...
... à quoi Oussama et ses "potes" pourraient répondre...
C’est, certes, un peu sommaire comme karaoké, mais c’est un bon début...
Mais peut-être la ministre suisse devra-t-elle se contenter, en guise de dialogue, d’une séance de spiritisme, d’un dialogue avec le fantôme de Ben Laden... si l’on en croit feue Benazir Bhutto...