Comment Bongo a obtenu de Sarko la tête de Jean-Marie Bockel...
Son interview sur RTL, le 7 septembre 2009, est une première. L’avocat d’origine libanaise Robert Bourgi est le conseiller officieux de Nicolas Sarkozy pour les relations avec les pays africains.
Après avoir assuré que "la France n’avait pas de candidat au Gabon" et qu’elle "n’est intervenue ni avant le processus électoral, ni pendant, ni après", l’homme de l’ombre a lâché une information qui en dit long sur l’indépendance française sur la scène internationale. Elle concerne la mise à l’écart de Jean-Marie Bockel :
"On dit, Robert Bourgi, que c’est vous qui avez obtenu la démission de Jean-Marie Bockel qui a été un éphémère secrétaire d’Etat à la Coopération et qui voulait justement nouer d’autres relations avec ces pays francophones en Afrique.
Il y avait eu un précédent avec Jean-Pierre Cot, au début des années 80, déclare Bourgi. A l’époque, le doyen des chefs d’Etat africains, c’était le Président Houphouët Boigny. Accompagnés du Président Bongo et d’autres chefs d’Etat ont demandé - pardonnez-moi cette expression ! - la tête de Jean-Pierre Bockel, ils l’ont obtenue.
Jean-Marie Bockel a souhaité revenir à la source de la volonté de monsieur Jean-Pierre Cot. Le Président Bongo, le Président Sassoué et d’autres chefs d’Etat avaient envoyé leurs ambassadeurs à l’Elysée. Ils ont été reçus par monsieur Guéant et ils ont dit leur mécontentement. Les choses n’avaient guère changé ; et un soir, je reçois un appel du Président Bongo (je vous parle très franchement). Il m’appelle. Il me dit : "Fiston, est-ce que tu peux venir me voir ?" (Je l’appelle "papa"). Pourquoi ? Parce que n’oubliez pas que je suis d’origine arabe, d’origine africaine et je suis Français aussi d’éducation.
Donc, il vous appelle. Fiston, vous dit-il !
Il me dit : fiston, viens me voir ! Il me dit : ça ne peut pas continuer. Il faut que tu dises à Nicolas que moi et les autres nous ne voulons plus de ce ministre. Je suis allé voir le Président de la République à l’Elysée en présence de monsieur Guéant et je lui ai passé le message ferme et voilé de menaces du Président Bongo. Et il m’a dit : écoute, dis à Omar (comme il l’appelle) et aux autres chefs d’Etat que monsieur Bockel partira bientôt et sera remplacé par un de mes amis, un ami de monsieur Guéant. Il m’a donné le nom en me demandant de le garder pour moi. Et il m’a dit aussi (c’est important) : ce nouveau ministre prendra ton attache, ne sois pas étonné et quelque part, tu l’initieras à l’Afrique."
Nous voilà fixés : des chefs d’Etat étrangers peuvent donc virer un ministre français qui leur déplaît, et Nicolas Sarkozy s’exécute si on le lui demande.