Barack Obama, un Noir multicolore à la Maison-Blanche ?
Barack Obama est le premier "Noir" à pouvoir devenir président des Etats-Unis. D’un premier abord, cet homme incarne la merveilleuse intégration des Afro-Américains dans leur société. Néanmoins la réalité socioculturelle des Etats-Unis et la singularité du personnage dévoilent des aspects sociétaux bien plus subtiles et posent à nouveau la question de l’identité noire, comme concept décidemment confus.
Barack Obama est un des candidats à l’investiture du parti démocrate pour les élections présidentielles de 2008. Le sénateur est considéré comme l’un des principaux adversaires de la sénatrice Hillary Clinton. Il y a nombre d’informations à son sujet mais il est difficile de trouver des textes qui, en substance, se dégagent d’une biographie officielle. L’évidente particularité de ce probable dirigeant du monde est qu’il est "noir". Une qualification très nordique puisque sa mère, Ann Dunham est une blanche américaine. Barack Obama, né en 1961 à Honoluu, a donc directement hérité de la couleur de peau de son père : Barack Obama Senior, homme de confession musulmane qui a passé son enfance au Kenya. Barack Obama Junior lui est protestant et a vécu avec sa mère dans son pays natal. À 22 ans, il obtient le diplôme de la Columbia University. Dans les années 90, tout en menant sa carrière de juriste spécialisé dans les droits civiques il devient sénateur de l’État de l’Illinois. Il fait carrière et à 45 ans annonce sa candidature à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2008. En réaction à cette déclaration, Orlando Patterson, professeur de sociologie d’Harvard, souligne à ses collaborateurs, que les Noirs ne sont pas tous séduits par Barack Obama, qu’ils ne le voient pas automatiquement comme l’un des leurs. Barack Obama n’est pas un descendant d’esclave comme la plupart des Afro-Américains. C’est un Noir d’une autre couleur : un Noir dont le père est Africain et dont la mère est blanche. Une couleur très nuancée qui ne fait pas de lui un "Noir américain". Dans une tribune du New York Daily News, l’essayiste Stanley Crouch dépeint cette nuance : "Obama n’est pas noir comme moi. Il ne partage pas l’héritage de la majorité des Noirs américains, qui sont les descendants des esclaves des plantations."
D’ailleurs, conscient de ce décalage Barack Obama a choisi d’annoncer sa candidature samedi 10 février à Springfield, la ville où est enterré Abraham Lincoln, comme pour s’inscrire dans l’héritage de l’homme qui a aboli l’esclavage et tenté de réconcilier une nation "divisée contre elle-même". Selon lui, la société américaine n’a résolu que la partie publique de la division raciale : "Des Noirs sont au gouvernement, dans la culture, dans le business. Mais dans la sphère privée, la ségrégation reste entière. Un enfant noir va maintenant dans une école qui est plus ségréguée qu’à la fin des années 1960." Une ségrégation qui est d’ailleurs en partie encouragée par l’organisation communautariste de la société américaine à laquelle adhèrent les Noirs eux-mêmes.
La figure de Barack Obama va certainement relancer des débats bien ancrés dans l’histoire post-coloniale concernant la négritude. Des débats vifs et complexes qui vont certainement faire l’objet de parallèles vulgaires au sein de l’Hexagone. Elle va racialiser ou ethniciser les problèmes de l’intégration, de la représentation nationale, qui souffrent plus d’un antagonisme de classe que d’oppositions raciales. On entendra les fins sociologues de comptoirs nous expliquer que les Etats-Unis sont un exemple d’intégration et de tolérance. Mais nos écoles sont certainement bien moins ségrégationnistes que les lieux d’enseignement américains des années 1960.
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Sources :
lemonde.fr
radicule.com