Sarkozy et le "11-Septembre de la finance" : la stratégie du choc ?
Jeudi 25 septembre, Nicolas Sarkozy a livré un discours très volontariste sur la crise financière, dans lequel il a appelé à "moraliser le capitalisme".
Un discours qui lui a pourtant valu de nombreuses critiques, dont celle de l’organisation altermondialiste ATTAC.
Dans un communiqué, cette dernière a affirmé : "Monsieur Sarkozy cherche en effet à appliquer une stratégie de choc : profiter de la crise pour aller plus loin et plus vite dans les réformes néolibérales, qu’il s’agisse de la réforme de la santé, de la révision générale des politiques publiques, de la flexibilisation du marché du travail et des nouveaux allègements de taxes pour les entreprises".
Certains auront sans doute reconnu dans ces lignes une allusion assez claire aux idées de l’intellectuelle altermondialiste canadienne Naomi Klein dans son livre La Stratégie du choc.
Pour résumer, ce que Naomi Klein appelle la "stratégie du choc" est une pratique économique et politique qui consiste, dans une période de crise, à faire passer un certain nombre de réformes impopulaires très rapidement. L’opinion, anesthésiée par le choc, ne réagit pas comme elle le ferait en temps normal. Tout ce qu’elle voit, c’est un pouvoir politique et/ou économique qui agit rapidement "pour sortir de la crise", ce qui est exactement ce qu’on lui demande. Sans se poser de questions sur la méthode...
La crainte d’ATTAC est partagée par Edwy Plenel, directeur de MediaPart. Ce matin sur France Info, il a déclaré : " Les Américains ne veulent pas qu’on leur refasse le coup du 11-Septembre. Ils font une comparaison entre l’instrumentation de la menace terroriste et l’instrumentation de la crise financière où, au fond, on ne leur donne pas le temps de réfléchir. C’est le plan Paulson ou rien. C’est la catastrophe, tout va sombrer, alors en avant ! et en avant quoi ? Fondamentalement, on se précipite pour sauver la mise de ceux qui sont les comptables, les responsables, et demander aux contribuables de sauver cette mise, et sur le fond, on ne demande pas vraiment des comptes, on ne change pas la donne, on ne fait pas de réforme systémique, on n’essaie pas de s’interroger sur les causes profondes."
Alors, va-t-on vers une exploitation de la crise financière mondiale, et de son choc sur l’opinion, pour faire accélérer des plans de réformes impopulaires ? Il n’est pas interdit de le penser, lorsqu’on entend Laurence Parisot, présidente du Medef, le 25 septembre sur France Inter, qualifier la crise actuelle de "11-Septembre de la finance" (de quoi paniquer l’opinion au maximum), avant d’appeler à une mobilisation de tous pour les entreprises.