samedi 27 septembre 2008 - par Paul Dallio

Sarkozy et le "11-Septembre de la finance" : la stratégie du choc ?

Jeudi 25 septembre, Nicolas Sarkozy a livré un discours très volontariste sur la crise financière, dans lequel il a appelé à "moraliser le capitalisme".

Un discours qui lui a pourtant valu de nombreuses critiques, dont celle de l’organisation altermondialiste ATTAC.

Dans un communiqué, cette dernière a affirmé : "Monsieur Sarkozy cherche en effet à appliquer une stratégie de choc : profiter de la crise pour aller plus loin et plus vite dans les réformes néolibérales, qu’il s’agisse de la réforme de la santé, de la révision générale des politiques publiques, de la flexibilisation du marché du travail et des nouveaux allègements de taxes pour les entreprises".

Certains auront sans doute reconnu dans ces lignes une allusion assez claire aux idées de l’intellectuelle altermondialiste canadienne Naomi Klein dans son livre La Stratégie du choc.

Pour résumer, ce que Naomi Klein appelle la "stratégie du choc" est une pratique économique et politique qui consiste, dans une période de crise, à faire passer un certain nombre de réformes impopulaires très rapidement. L’opinion, anesthésiée par le choc, ne réagit pas comme elle le ferait en temps normal. Tout ce qu’elle voit, c’est un pouvoir politique et/ou économique qui agit rapidement "pour sortir de la crise", ce qui est exactement ce qu’on lui demande. Sans se poser de questions sur la méthode...

La crainte d’ATTAC est partagée par Edwy Plenel, directeur de MediaPart. Ce matin sur France Info, il a déclaré : " Les Américains ne veulent pas qu’on leur refasse le coup du 11-Septembre. Ils font une comparaison entre l’instrumentation de la menace terroriste et l’instrumentation de la crise financière où, au fond, on ne leur donne pas le temps de réfléchir. C’est le plan Paulson ou rien. C’est la catastrophe, tout va sombrer, alors en avant ! et en avant quoi ? Fondamentalement, on se précipite pour sauver la mise de ceux qui sont les comptables, les responsables, et demander aux contribuables de sauver cette mise, et sur le fond, on ne demande pas vraiment des comptes, on ne change pas la donne, on ne fait pas de réforme systémique, on n’essaie pas de s’interroger sur les causes profondes."

Alors, va-t-on vers une exploitation de la crise financière mondiale, et de son choc sur l’opinion, pour faire accélérer des plans de réformes impopulaires ? Il n’est pas interdit de le penser, lorsqu’on entend Laurence Parisot, présidente du Medef, le 25 septembre sur France Inter, qualifier la crise actuelle de "11-Septembre de la finance" (de quoi paniquer l’opinion au maximum), avant d’appeler à une mobilisation de tous pour les entreprises.



12 réactions


  • Odal GOLD (---.---.11.107) 27 septembre 2008 16:57

    La "Stratégie du Choc" qui va nous tomber dessus ? ... c’est (malheureusement) bien vu.


  • lulux (---.---.55.121) 27 septembre 2008 17:07

    21 et déjà très lucide ça fait plaisir ! J’ai failli casser ma radio en écoutant Parisot, celle qui veut nous foutre la tête dans le sot, en appeler à la solidarité !


  • (---.---.10.198) 28 septembre 2008 10:18

    il dit : on retablira la confiance.... on retablira pas la confiance... ! il parle bien sur de la confiance des marchés, des actionnaires. Alors là, une bonne grosse dictatutre nous pend au nez. La démocratie ne convient pas du tout à l’ultralibéralisme.


  • Sybille (---.---.34.153) 28 septembre 2008 12:18

    Effectivement, le discours de Sarko peut s’inscrire comme une des concrétisations possibles des thèses de Naoémie Klein.

    Il est probable que ce "11 septembre financier", ait des répercussions multiples et notammement politique, à l’instar du 9/11.

    Je ne peux m’empècher de craindre une réponse du type : "Global Patriot act" :

    Que penser de ce nouvel engouement pour la régulation ?

    Que penser tout court d’un principe de régulation, qui consisterait à détourner, sans contrepartie, les fonds publics, prévus pour la redistribution sociale(Santé, éducation, justice, ...) ?

    Cette crise n’est elle pas une occasion pour les oligarchies mondiales de prendre sous leur contrôle, ce qui reste de pouvoir aux citoyens du monde pour maîtriser leur destin ? De renforcer les contraintes sécuritaires (fichage, atteinte aux libertés individuelles), soit-disant pour notre bien ?

    A t’on encore le droit de se poser des questions, sans que l’étiquette de "conspirationniste" ne vous tombe dessus ? Existe- t’il aujourd’hui des plate-formes politique (Partis, Syndicats, etc..) qui prennent en compte, la question fondamentale de la gouvernance mondiale et de ses règles du jeu ? Avec des revendications précises ?

    Ci-après, voilà quelques unes des questions que je me pose et pour lesquelles, il serait souhaitable que les partis politiques se positionnent plus clairement.

    N’est-ce pas le bon moment pour exiger que les organismes qui représentent le mieux les oligarchies mondiales (FMI, Commissions Européene, la BCE, OMC, G8...)soient placées sous contrôle démocratique ? Que leur responsabilité, dans cette crise soit mise en lumière, plutôt que d’être totalement passée sous silence ?

    De s’interroger sur la marginalisation de l’ONU, en tant qu’organe de gouvernance mondiale, au profit d’autres institutions qui restent en dehors de tout contrôle démocratique ?

    De démonter pied à pied, toute les théories élitistes et leurs théoriciens (ex : Atalli) qui légitiment de fait le principe oligarchique et ses graves entorses à la démocratie ?


  • wesson (---.---.185.222) 28 septembre 2008 14:21

    Parisot : "Le président Sarkozy connait [pause] et comprends l’économie"

    Comme benoit XVI connait et comprends l’homosexualité !


  • 9thermidor (---.---.140.52) 28 septembre 2008 16:32

    crise financière aux USA ; la cause principale est la guerre en IRAK ; son coût est de 3000 milliards $ soit 3 fois le PIB de la France.

    il faut la financer ; les citoyens américains et ceux des pays vassaux vont payer.


  • (---.---.113.68) 28 septembre 2008 19:57

    éteignez votre télévision une semaine, sans télévision il n’y a pas de crise ! incroyable non ! Qu’ils arrêtent de nous faire peur sa fait quarante ans que l’on connaît la crise. La banque centrale européenne a tous fait pour créer la crise, augmentant les taux d’intérêts, favorisant l’euro fort, encourageant les dé localisations...etc. Malheureusement la crise qu’il rêve n’est toujours pas la. Alors vont ils nous faire plusieurs attentats sur le sols français ? Ou nous faire couler une banque ? L’état français, les entreprises, les particuliers, les banques sont endettés, alors raillons nos dettes, changeons de monnaie ! Alors on pourra voire sortir la bette de sa taverne et on aura plus cas l’abattre.


  • ulysse4012 (---.---.22.88) 28 septembre 2008 23:49

    bonjour, La femme n’est pas l’avenir de l’homme, en tout cas, pas quand on écoute mme Parisot Entendre tant de mensonges égrainés bout à bout : la France en plus mauvaise posture que les autres pays (Les Etats Unis, l’Irlande en récession l’Italie, qui file vers un nouveau fascisme...), Sarkozy qui s’y connait en économie(?), l’Allemagne qui ne connait pas la crise... Mais non, mme Parisot, la France peut être justement sauvée parce que les français sont économes (la France, particuliers compris, a moins de dette par habitants que les Etats Unis, le Royaume Uni et bien d’autres états) , qu’ils sont attachés aux Services Publics (moins couteux quoiqu’on en pense), qu’ils sont favorables au rôle de l’Etat dans le domaine économique-où l’Etat français est encore, un peu, présent, malgré Sarkozy et consorts. Quant à ses mensonges sur les "malhonnêtes" qui seront poursuivis, attendons....que les patrons de banques françaises (et leurs gros actionnaires, quelque part complices) soient poursuivis, ne serait-ce que pour"laisser-aller" et incapacités coupables.

    Dans la situation actuelle, il faut faire payer tous ceux qui se sont enrichis de cette "pyramide de la fortune" (interdite en France) inventée outre atlantique . Ces excès d’enrichissement coupables doivent être taxés arbitrairement (comme on devrait le faire des fraudes fiscales, dont on ne peut soupçonner les petits salariés) : imposer les plus enrichis d’une somme dont le total équivaudrait aux pertes totales (il faut bien que l’argent soit passé quelque part !), à charge pour eux de le répartir entre eux (mutualisation de la taxation), cela afin d’éviter de faire payer encore une fois les petits épargnants et les citoyens-consommateurs ! Radical, dîtes-vous ?


  • (---.---.224.102) 29 septembre 2008 00:50

    Quel culot...

    L’idée de la toute-puissance du marché était évidemment folle et tu étais aux premières loges. Ton mea culpa qui tente de faire un nouveau hold-up ne passera pas.

    MOBILISEZ-VOUS.

    IL est comme en campagne : il critique tout mais il est au pouvoir et a favorisé tout cela largement.

    Comment ose-t-il...

    Et... la faute au terrorisme !! M’enfin !!!

    On dépasse les limites du supportable là ! C’est ECOEURANT !!!!! Et plein d’idées clachées dans tous les sens. Ave éthique, morale etc... Quel néocon magnifique !!!

    Un marché régulé... Hold-up puis mise en place d’institutions encore plus puissantes, encore plus lucratives pour lui... Merde, vous le voyez non ? Rassurez-moi !


    • (---.---.224.102) 29 septembre 2008 00:51

      Ce mec est un dangereux malade. Réveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard.


    • (---.---.224.102) 29 septembre 2008 00:52

      Ce 11 septembre de la finance est clairement un inside job. Et là on le voit encore mieux !! Ce rapprochement les trahit une fois de plus.


  • sbsamy (---.---.175.9) 1er octobre 2008 13:12

    Le parallele avec le 11 septembre me parait credible :

    La crise actuelle est réellement d’une extrème gravité. Et la réponse à cette crise par le chef de l’état est juste sur cetains plans : financement massif des banques, garanties des dépots, aides aux pme On est vraiment face un risque systemique, ou les banques et les entreprises peuvent tomber comme un chateau de cartes.

    Ce qui m’inquiète par contre, c’est que le pouvoir actuel est plutot favorable au patronat, decoudre progressivement tout le systeme social, il s’inspire énormement du modele anglo-saxon : précarité pour tous, protection 0 Il risque de profiter de la situation pour accelerer ses reformes antisociales.

    Par ailleurs, je tiens à rappeler que le chef de l’état a proposé l’adoption des subprimes en france, des credit immobliers sur 50ans, pour soutenir la croissance au détriment de jeunes acquéreurs. Ce mécanisme a précipité la chute actuelle du marché de l’immobilier qui est à l’origine du désastre actuel.

    Le donneur de leçon d’aujourd’hui, est celui-meme qui proposait d’adopter les methodes de soutien de la croissance par le surendettement des menages et du soutien de la bulle immobiliere.

    Sarkosy me parait ambivalent, il critique les conséquences de ce désastre, alors qu’il soutenait il y a peu ce mécanisme de bulle.


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