samedi 9 février 2013 - par Gilles Bonafi

Le capitalisme centralisé régulé : la fabrique des pauvres

Afin aborder de façon précise le deuxième volet de « Marx sauvera-t-il le capitalisme ? », l'étude de la grille de lecture marxiste et donc de ses applications est devenue indispensable.

 

Notre système économique est en pleine métamorphose et, pour survivre, tente de mettre en place une hausse tendancielle du taux de profit et, pour cela, les analyses marxistes sont systématiquement utilisées et détournées.

 

Voici un parfait exemple de la nouvelle économie centralisée régulée, un « modèle » d'avenir.

 

Les sociologues et professeur de science politique Richard Andrew Cloward (1926-2001) et Frances Fox Piven ont développé une stratégie politique concernant le système d’aide publique aux USA.

Cette stratégie est apparue au grand jour en mai 1966 dans un article intitulé Le poids des pauvres : une stratégie pour vaincre la pauvreté.

Source : Le poids des pauvres

 

On le remarque ici, une "très bonne lecture" des écrits de Marx est directement mise en oeuvre.

 

Après la crise de 1929, de nombreux intellectuels avaient en effet compris que le système capitaliste recélait une faille majeure, son incapacité à réaliser le plein emploi et donc l’augmentation incessante de la misère.
 
Quelques années plus tard, sous prétexte de lutte contre la pauvreté, la « ClowardPiven strategy » suivait ainsi trois axes clés :
 
  • la lutte selon deux niveaux : fédéral et local . Elle reprenait ainsi le grand concept du philosophe et sociologue Marshall McLuhan (1911-1980) qui prônait le Glocal comme nouveau concept de gestion. Une lutte qui deviendra mondiale.
  • éviter « l’effondrement des mécanismes de financement  »
  • éviter de « graves tensions politiques » et donc créer un revenu minimum garanti «  pour la nourriture et le loyer ».
 
Cependant, peu d’intellectuels ont compris à l’époque que cela impliquait obligatoirement un quatrième axe, bien plus pervers, celui de l’amortissement du coût de cette soi-disant lutte contre la pauvreté, car, rien n’est gratuit en ce bas monde. Ainsi, Cloward et Piven ont « affiné » leurs analyses dans leur ouvrage clé publié en 1972, Regulating the Poor : The Functions of Public Welfare.
Le welfare state, l’État-providence s’adapte ainsi au marché et ceci dans le droit fil de la pensée socialiste schumpétérienne. Au menu, allocation de survie, flexibilité totale, baisse des coûts de production (main d’oeuvre gratuite) et ce, dans le monde entier.
Une « magnifique » restructuration de la protection sociale pour l’adapter au marché.
 
En effet, sous prétexte d’insertion dans le monde du travail, l’allocataire de l’aide sociale de l’état providence est de plus en plus mis à disposition aux entreprises avec un coût quasi nul pour celles-ci . L’effet pervers est de maintenir le travailleur pauvre dans la précarité en l’empêchant de sortir de ce système.
 
Nous avons donc là un bel exemple d’application d’une lecture marxiste inversée de l’économie et de l’adaptation du système pour survivre, le capitalisme centralisé régulé, un système dans lequel l’état est au service des acteurs de la production, une « magnifique » vision de l’avenir...
 

 



4 réactions


  • jam4ever 9 février 2013 09:13

    Mais non vous n’avez rien compris ...

    Ils sont pauvres car ils sont fénéants ! ... j’essai de penser en mode "ERWANET" désolé si je suis en dessous de ce que vous pensez SIR Erwanet ...

    Certains sont pour que l’on baisse drastiquement les aides sociales ... j’ai longtemps été contre, alors que je n’en ai jamais bénéficié, ni réclamé ! Je suis ce qu’on appel un cadre moyen, je gagne plus que le revenu médian, et suis propriétaire de mon appartement, enfin moitié moitié avec ma banque ...

    Mais au vu de l’évolution de la société, prise de pouvoir absolu du financier sur les 99.9% ...
    J’ai changé d’avis, il faut stopper NET toutes ses aides !
    Fini les allocations familiales, les aides aux logements et les aides aux associations qui fournissent des repas !!

    Vous verrez cela permettra de "REFORMER" (d’habitude cela veux dire flexibilité et productivisme, autrement dit la précarisation et l’appauvrissement de la masse) !

    Avec cette réforme, le problème des financiers et hommes politiques corrompu sera réglé en 3 jours !! Car quand les gens ne mangent plus .... ils deviennent vert les 1er jouer, mais ont les yeux rouges sang dès le 2ème ...

    Alors messieurs les politiques, vous sachant vous même totalement impuissant, laissez faire la masse !

    Les financiers : 
    - qui spolient l’argent de la croissance (intérêt sur la création monétaire)
    - qui limitent à outrance l’inflation (pas celle de leurs revenus), en jouant à la baisse sur les salaires !
    - qui via des sociétés de transfert d’argent "crypté" genre clear stream, font des virements de sommes hallucinantes vers des paradis fiscaux (le fisc devrait se demander d’ou viennent ces milliards)
    - qui créer des systèmes de transferts de pertes et profits, pour n’afficher que des pertes dans les pays normaux, et que des profits dans les paradis fiscaux ...

    Et bien les financiers et les corrompus (politiques et journalistes) qui leurs ouvrent la porte des assemblés législatives nationales et européennes, et des média (mais le reste du monde ni échappe pas), soyez rassuré, le jour ou les gens ne mangerons plus, vous non plus, et vous serrez pour une fois la proie, et non plus le bourreau !

  • Arsene Icke Arsene Icke 9 février 2013 11:36

    Moi j’ai la solution pour l’Espagne : Les espagnols ont plein de logements vides, nous on a plein de sans-papiers-ni-logis. Voilà ! Faisons jouer la logique européenne et la mobilité à fond : Logons les tziganes "français" en Espagne.


  • edwig 9 février 2013 12:07

    Les pauvres existent parce que des hommes veulent vivre comme des rois et en exploitent d’autres pour y parvenir, c’est tout.
    Le capitalisme est un moyen parmi tant d’autres pour y parvenir.
    C’est sur l’homme et sa psyché qu’il faut travailler.

    L’homme doit apprendre à coopérer avec l’homme et non l’exploiter.


    • loph loph 11 février 2013 12:15

      Merci Edwig,

      Il risque quand même d’être dur d’atteindre cette dimension de coopération.
      La première coopération n’est-elle pas celle qu’on entretient vis-à-vis de soi même ?
      La seconde celle qu’on a avec l’environnement prodiguant les ressources vitales dont nous avons tous besoin ?

      Comme nous avons si bien réussi à accaparer le monde à nos desseins jamais satisfaits, et qu’une frange de la population s’appuie sur cette exploitation pour vivre comme des rois, le travail que vous évoquez ne va pas faire beaucoup d’émules.

      Je vais pourtant dans ce sens aussi, mais les contraintes sont telles que pour les abattre, c’est une remise en question complète qu’il faut entamer, individuellement... Et il n’est même pas sûr que cela soit couronné de succès, avec l’esprit régnant actuellement : tout, toujours plus, tout de suite ! Plus les offensives tendant à mettre tout le monde à contribution, dans la poursuite d’idéaux relevant, à mon sens, de pathologies intellectuelles. On les voit bien les effets pernicieux, mais bizarrement, les causes ne cessent pas.

      Bien à vous Edwig


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