Kery James : "Banlieusards"
Voilà un rap positif de Kery James : Banlieusards, on n’est pas condamnés à l’échec ! Un magnifique cri d’espoir venant des cités, si souvent décriées.
On n’est pas condamnés à l’échec, voilà l’chant des combattants.
Banlieusard et fier de l’être, j’ai écrit l’hymne des battants.
Ceux qui n’font pas toujours ce qu’on attend d’eux. Qui n’disent pas toujours c’que l’on veut entendre d’eux.
Parce que la vie est un combat pour ceux d’en haut comme pour ceux d’en bas.
Si tu n’acceptes pas ça c’est que t’es qu’un lâche.
Écoute ce morceau, lève-toi et marche.
C’est 1 pour les miens, Arabes et Noirs pour la plupart.
Et pour mes Babtous (Blancs), prolétaires et banlieusards.
Le 2, ce sera pour ceux qui rêvent d’une France unifiée.
Parce qu’à ce jour y a deux France, qui peut le nier ?
Et moi je serai de la 2e France, celle de l’insécurité.
Des terroristes potentiels, des assistés.
C’est c’qu’ils attendent de nous, mais j’ai d’autres projets qu’ils retiennent ça.
Je ne suis pas une victime, mais un soldat. Regarde-moi, j’suis Noir et fier de l’être.
J’manie la langue de Molière, j’en maîtrise les lettres.
Français parce que la France a colonisé mes ancêtres.
Mais mon esprit est libre et mon Afrique n’a aucune dette.
Je suis parti de rien, les pieds entravés.
Le système ne m’a rien donné, j’ai dû le braver.
Depuis la ligne de départ, ils ont piégé ma course.
Pendant que les keufs me coursaient, eux investissaient en Bourse.
J’étais censé échouer, finir écroué.
La peau trouée et si j’en parle la gorge nouée c’est que j’ai nagé dans des eaux profondes sans bouée.
J’ai le ghetto tatoué, dans la peau, j’suis rebelle comme Ekoué.
Mais l’espoir ne m’a jamais quitté.
En attendant des jours meilleurs, j’ai résisté.
Et je continue encore.
Je suis le capitaine dans le bateau de mes efforts.
J’n’attends rien du système, je suis indépendant.
J’aspire à être un gagnant donné perdant.
Parce qu’on vient de la banlieue, c’est vrai, qu’on a grandi, non.
Les yeux dans les bleus, mais des bleus dans les yeux.
Pourquoi nous dans les ghettos, eux à l’ENA ?
Nous derrière les barreaux, eux au Sénat ?
Ils défendent leurs intérêts, éludent nos problèmes.
Mais une question reste en suspens, qu’a-t-on fait pour nous-mêmes ?
Qu’a-t-on fait pour protéger les nôtres des mêmes erreurs que les nôtres ?
Regarde c’que deviennent nos petits frères.
D’abord c’est l’échec scolaire, l’exclusion donc la colère.
La violence et les civières, la prison ou le cimetière.
On n’est pas condamnés à l’échec.
Pour nous c’est dur, mais ça ne doit pas devenir un prétexte.
Par honneur pour ce qu’ont accompli nos parents.
On n’peut pas baisser les bras. Malgré les déceptions et les dépressions.
Suite à la pression, que chacun d’entre nous ressent. Malgré la répression et les oppressions. Les discriminations, puis les arrestations. Malgré les provocations, les incarcérations.
Le manque de compréhension, les peurs et les pulsions.
Leur désir de nous maintenir la tête sous l’eau transcende ma motivation. Nourrit mon ambition.
Il est temps que la 2e France s’éveille.
J’ai envie d’être plus direct, il est temps qu’on fasse de l’oseille (argent).
C’que la France ne nous donne pas on va lui prendre.
J’veux pas brûler des voitures, mais en construire, puis en vendre.
Si on est livrés à nous-mêmes, le combat faut qu’on le livre nous-mêmes.
Il ne suffit pas de chanter, « regarde comme ils nous malmènent ».
Il faut que tu apprennes, que tu comprennes et que t’entreprennes. Avant de crier « c’est pas la peine ! Quoi qu’il advienne, le système nous freine ! »
À toi de voir ! T’es un lâche ou un soldat ?
Brandis l’épée du courage, entreprends et bats-toi !
Banlieusards et fiers de l’être. On n’est pas condamnés à l’échec
Diplômés, éclairés ou paumés.
En 4x4, en tromé (métro), gentils ou chantmés (méchants).
La banlieue a trop chômé, je sais c’que la France promet.
Mais que c’est un crime contre notre avenir que la France commet.
C’est pour les discriminés, souvent incriminés.
Les innocents, qu’ils traînent comme de vrais criminels.
On a l’image des prédateurs, mais on n’est que des proies.
Capables mais coupables et exclus de l’emploi.
Si j’rugis comme un lion c’est qu’j’compte pas m’laisser faire.
J’suis pas un mendiant, j’suis venu prendre c’qu’ils m’ont promis hier.
Même s’il me faut 2 fois plus de courage, 2 fois plus de rage.
Car y a 2 fois plus d’obstacles et 2 fois moins d’avantages. Et alors ?!
Ma victoire aura 2 fois plus de goût.
Avant d’pouvoir la savourer, j’prendrai 2 fois plus de coups.
Les pièges sont nombreux, il faut qu’j’sois 2 fois plus attentif. 2 fois plus qualifié et 2 fois plus motivé.
Si t’aimes pleurer sur ton sort, reste pas à côté d’moi.
J’te l’répète, je n’suis pas une victime, mais un soldat.
Banlieusards et fiers de l’être. On n’est pas condamnés à l’échec !
On est condamnés à réussir. À franchir les barrières, construire des carrières.
Regarde c’qu’ont accompli nos parents.
C’qu’ils ont subi pour qu’on accède à l’éducation. Ou serait-on sans leurs sacrifices ?
Comme Mahmoud pour Thays... Bien sûr que le travail a du mérite.
Ô combien j’admire nos pères. Manutentionnaires, mais fiers.
Si on gâche tout où est le respect ? Si on échoue où est le progrès ?
Chaque fils d’immigré est en mission. Chaque fils de pauvre doit avoir de l’ambition.
Tu peux pas laisser s’évaporer tes rêves en fumée.
Dans un hall enfumé à fumer des substances qui brisent ta volonté.
Anesthésient tes désir et noient tes capacités. On vaut mieux que ça !
Rien n’arrête un banlieusard qui se bat.
On est jeunes, forts et nos sœurs sont belles. Immense est le talent qu’elles portent en elle.
Ce texte je vous le devais. Même si j’l’écris le cœur serré.
Et si tu pleures, pleure des larmes de détermination. Car ceci n’est pas une plainte, c’est une révolution !
Vois-tu des faibles ici ? Je ne vois que des hommes qui portent le glaive ici.
Banlieusards et fiers de l’être. On est pas condamnés à l’échec !
À retrouver sur le blog de Karima