mardi 19 octobre 2010 - par
Gliese 581 g, l’exoplanète habitable... qui n’existe pas
Steven Vogt et Paul Butler l’annonçait avec fracas il y a 2 semaines : l’étoile Gliese 581 était accompagnée d’une planète qui pouvait abriter la vie. D’après cette équipe américaine (1), l’orbite de cette exoplanète était situé à une distance de l’étoile permettant d’y trouver de l’eau liquide, et sa masse représentait un peu plus de 3 fois celle de la Terre. Bref, c’était la candidate idéale pour y chercher une trace de vie à l’extérieur de notre système solaire.
L’équipe de Michel Mayor (2) vient pourtant de mettre un sérieux coup frein à cette bouffée d’optimisme. Pour eux cette planète n’existerait même pas :
L’étoile Gliese 581, autour de laquelle était censée se trouver la planète tellurique, avait également été étudiée par une équipe européenne à l’aide du télescope de 3,6 m de diamètre de La Silla (Chili), équipé du spectrographe de précision Harps.
Xavier Bonfils, du Laboratoire d’astrophysique de Grenoble, précise : « Avec Harps, malgré des données de meilleure qualité que celles qu’a utilisées l’équipe américaine, nous ne voyons pas les planètes Gliese 581f et g ». (David Fossé, Ciel&Espace)
Serge Brunier parle même d’une honteuse malhonnêteté intellectuelle, sur le site internet de Science&Vie :
Pour en revenir à Gliese 581 g, qualifiée de « première exoplanète habitable » par Vogt et Buttler, il s’agit encore d’une honteuse malhonnêteté intellectuelle. Outre que cette planète n’existe probablement pas, plusieurs autres candidates « planètes habitables » avaient été découvertes depuis des lustres par… les Européens. Ces planètes, Gliese 581 c et d, Vogt et Buttler les avaient opportunément « oubliées » pour mieux sur-vendre la leur et l’on sait avec quel succès !
Plus généralement, dans notre précédente note, nous mettions en garde les chercheurs contre la tentation de disserter sur « l’habitabilité » des planètes à chaque découverte d’un nouveau monde. Apparemment, l’expérience de Gliese 581 g, passée en quelques jours du statut de monde luxuriant à celui d’erreur de calcul, a porté ses fruits : dans la communauté exoplanétologique, les chercheurs s’exhortent désormais les uns les autres à la plus extrême prudence dans leurs annonces. C’est une bonne nouvelle, au moment où pointe la 500 eme exoplanète découverte en quinze ans. (Serge Brunier, Science&Vie)
(1) Steven Vogt, Université de Californie à Santa Cruz ; Paul Butler, Carnegie Institution à Washington.
(2) Michel Mayor : Membre de l’observatoire de Genève et professeur à l’université de Genève, il est, avec Didier Queloz, le découvreur de la première planète extrasolaire autour d’une étoile de la séquence principale, 51 Pegasi, en 1995.
Pour en savoir plus sur les exoplanètes :
Terres en vue : Magali Deleuil, Spécialiste des exoplanètes, Laboratoire d’astrophysique de Marseille (Source : CNRS INSU)
Annoncée en 2009 comme la plus petite exoplanète connue à ce jour et la plus rapide dans sa révolution autour de son soleil. Corot 7b est aussi la première planète rocheuse découverte hors de notre système solaire (Source : universcienceTV) :
Crédit photo : solstation, Gliese 581 / HO Librae