vendredi 4 juillet 2008 - par Simon

Régis Debray analyse la crise de la gauche

Le philosophe et médiologue Régis Debray analyse brillamment la crise profonde que traverse la gauche française.

Il commence par poser le contexte historique : de 1944 à 1968, c’est le "tout à l’Etat", puis à partir de 1968 le "tout à l’égo", porté par les progrès techniques, comme le téléphone et l’automobile.

Il diagnostique à notre époque la fin d’un premier cycle, avec, partout dans le monde, une demande d’Etat et de régulation.

Dans ce monde, il constate que la gauche parle davantage de liberté que d’égalité, oublie la laïcité, subjuguée par le multiculturalisme, oublie aussi l’Etat et l’indépendance nationale, devenue même un "gros mot".

Au fond, le parti socialiste français rallie l’Empire. Moralisante pour ne pas avoir à changer l’ordre du monde.

Debray diagnostique la fin d’un second cycle, celui des religions séculaires, et ne peut que constater la bonne santé des religions et l’enchantement du monde, en dehors de notre petit coin d’Europe occidentale.

Le troisième cycle qui prend aujourd’hui fin selon lui, c’est celui de l’histoire (née il y a 2000 ans) ou de la politique (née il y a 200 ans), remplacé par celui de la nature et des communautés.

Pour Debray, la gauche, sans vision historique, n’a plus de gauche que le nom, emportée par le vent d’ouest (après avoir été jadis été emportée par celui de l’est), totalement soumise à la vision du monde américaine.

Il pointe le fait que l’élargissement de l’Europe à l’est est une ouverture à "l’Amérique de l’est", que la plupart des pays européens ont voulu faire l’Europe pour abandonner toute idée de politique, allant jusqu’à donner leur défense aux Américains.

Il finit par regretter l’absence d’analyse du réel à gauche, et un suivisme qui ne laisse rien augurer de bon.

Une vidéo de Prince de Condé



4 réactions


  • gil (---.---.230.224) 5 juillet 2008 23:17

    on ne comprend pas bien cette intervention de R Debray si on ne la remet pas dans son contexte. Comme le montre les premières seconde de cette vidéo, Il s’agissait d’une initiative du groupe de parlementaires européens de la Gauche unie europeenne/verts nordiques, présidé par Francis Wurtz, élu PCf. Precision : ce groupe comprend les élus qui se positionnent clairement à gauche de la sociale-démocratie, les élus PS français et autres socio-démocrates européens étant dans un groupe du PSE.

    il est d’ailleurs surprenant que dans ce contexte R Debray assimile la gauche aux dirigeants du PS. A part le petit clin d’œil final, il manque de diversité dans son analyse.

    il y a 99 autres contributions aussi intéressantes sur :

    http://www.100voixpourlechangement.eu/spip.php?article12


  • Frontere (---.---.177.52) 6 juillet 2008 22:09

    Beaucoup de vérités dans cette déclaration : je retiens avant tout l’absence de mise en perspective de la gauche française, son oubli de l’Histoire, son manque de vision.

    L’alignement de l’Europe sur les USA est une réalité et les pays de l’Est jouent à cet égard un rôle majeur, le rôle de poissons-pilotes.

    Dans ces conditions on voit mal comment l’Europe pourrait se sortir de la crise politique dans laquelle elle s’est enfoncée depuis le “Non” français au referendum sur la Traité constitutionnel européen.


  • (---.---.53.109) 7 juillet 2008 11:15

    Assez consterné...

    Propos totalement inintéressant... un philosophe cela ?

    Et du n’importe quoi.... "La politique n’existait pas avant 1789".... Un niveau d’inculture assez sidérant....


    • le guetteur (---.---.192.52) 2 août 2008 16:10

      Même si je ne suis pas toujours en complète harmonie avec les réflexions de Mr Régis Debray, je ressort toujours de ces réflexions en ayant emporté un plus dans ma besace. C’est le fait de la transmission des passionnés que l’on nomme "polémiqueurs". Ce qu’il dit sur la gauche me parait assez juste surtout lorsqu’il dit que l’on parle plus de Liberté que d’Egalité. Il est également vrai qu’on peut se sentir Européen tout en ne souhaitant pas participer à certains désastres comme l’a été la guerre en Irak. On aurait alors du cautionner une ingérence qui en dehors de faire des centaines de milliers de mort ont piétiné allégrement les droits de l’homme (Guantanamo, Abou Grahib). Seule l’intervention de Mr Chirac a pu nous sauver la face et permit de garder la tête haute. On veut d’une Europe certes, mais qui tienne compte du Citoyen... Que penser par contre des effets de la technique ? Si le portable semble parfois être tout sauf de la communication, le Net ne permet-il pas (même si "Big Brother" nous surveille et même si chaque touche de l’ordi est codifiée et interprétable) d’être parfois plus fort que l’oppression du système ? Il est peut être un peu tôt pour le dire. Mais si la Chine verrouille tellement l’accès à son réseau n’est-ce pas tout de même la preuve d’une certaine efficacité d’une technique contre un régime totalitaire ? Enfin on n’a jamais été aussi rapidement au courant de l’arrestation des dictateurs et de leur traduction devant la justice.. Et il n’ y a rien qui fasse plus de mal à un dictateur que de s’apercevoir qu’il peut dorénavant être arrêté comme n’importe quel citoyen lambda" devant des milliards des spectateurs potentiels..


Réagir