Régis Debray analyse la crise de la gauche
Le philosophe et médiologue Régis Debray analyse brillamment la crise profonde que traverse la gauche française.
Il commence par poser le contexte historique : de 1944 à 1968, c’est le "tout à l’Etat", puis à partir de 1968 le "tout à l’égo", porté par les progrès techniques, comme le téléphone et l’automobile.
Il diagnostique à notre époque la fin d’un premier cycle, avec, partout dans le monde, une demande d’Etat et de régulation.
Dans ce monde, il constate que la gauche parle davantage de liberté que d’égalité, oublie la laïcité, subjuguée par le multiculturalisme, oublie aussi l’Etat et l’indépendance nationale, devenue même un "gros mot".
Au fond, le parti socialiste français rallie l’Empire. Moralisante pour ne pas avoir à changer l’ordre du monde.
Debray diagnostique la fin d’un second cycle, celui des religions séculaires, et ne peut que constater la bonne santé des religions et l’enchantement du monde, en dehors de notre petit coin d’Europe occidentale.
Le troisième cycle qui prend aujourd’hui fin selon lui, c’est celui de l’histoire (née il y a 2000 ans) ou de la politique (née il y a 200 ans), remplacé par celui de la nature et des communautés.
Pour Debray, la gauche, sans vision historique, n’a plus de gauche que le nom, emportée par le vent d’ouest (après avoir été jadis été emportée par celui de l’est), totalement soumise à la vision du monde américaine.
Il pointe le fait que l’élargissement de l’Europe à l’est est une ouverture à "l’Amérique de l’est", que la plupart des pays européens ont voulu faire l’Europe pour abandonner toute idée de politique, allant jusqu’à donner leur défense aux Américains.
Il finit par regretter l’absence d’analyse du réel à gauche, et un suivisme qui ne laisse rien augurer de bon.
Une vidéo de Prince de Condé