samedi 6 avril - par mat-hac

David Cayla - La nature et les mystères de la monnaie

Les questions monétaires ont toujours fait l’objet de débats passionnés chez les économistes et dans une partie de la société. Pour certains, la monnaie ne serait qu’un voile qui masque la réalité des transactions économiques. Pour d’autres, il s’agirait au contraire d’un instrument essentiel à partir duquel il serait possible de transformer nos économies en profondeur. De nombreuses communautés se sont ainsi formées dans l’objectif de se réapproprier la monnaie par le biais de nouvelles monnaies locales, cryptomonnaies, monnaies "libres"... L’avenir est-il aux innovations monétaires ou ces tentatives relèvent-elles du fantasme ?

David Cayla est économiste, chercheur au GRANEM et maître de conférences à l'université d'Angers depuis 2009. Ses thèmes de recherche : Économie de la connaissance, stratégie des entreprises, théorie des organisations, économie européenne, crises financières, histoire des faits économiques, histoire de la pensée économique, néolibéralisme. Il a publié de nombreux ouvrages dont "L’Économie du réel" (2018), "Populisme et néolibéralisme" (2020), et "Déclin et chute du néolibéralisme" (2022), tous trois parus chers De Boeck Supérieur.



6 réactions


  • ilias ben 7 avril 14:15

    ll est vrai que le don est souvent considéré comme un acte social qui crée un lien entre le donateur et le receveur. Cependant, l’exemple du don anonyme, comme donner de l’argent à un mendiant incognito, montre que cette relation n’est pas toujours obligatoire.

    Exemples de situations où le don anonyme est fréquent :

    _Dons à des organisations caritatives_Dons de sang_Dons de nourriture aux banques alimentaires_Versement de dons dans des urnes anonymes, etc.

    Il n’y a pas de réponse unique et définitive à la question de savoir quand et où la monnaie est apparue pour la première fois.

    Les premières traces de monnaies remontent aux environs de 650 av. J.-C., autour de la mer Égée. C’est à cette époque que les premières pièces métalliques frappées en or et en argent ont été créées, à l’initiative de quelques monarques.

    Cependant, il est important de noter que des formes de monnaie plus anciennes existaient probablement avant cela. On pense que le troc, l’utilisation de biens "durables" comme les coquillages, les perles ou le bétail comme moyen d’échange, a pu exister dès 10 000 av. J.-C..

    En conclusion, il est difficile de donner une date et unlieu précis à l’apparition de la monnaie. Il est plus juste de dire que la monnaie a évolué progressivement à partir de différentes formes de prémonnaie, à différentes époques et dans différentes régions du monde.

    La thèse de Graber, qui propose une alternative à la théorie classique de Smith sur l’origine de la monnaie rappelle effectivement des points importants sur la base defaits historiques avérés, mais qu’on doit contextualiser si l’on veut une appréhension juste des choses.

    Rappelons les deux thèses :

    _Smith : La monnaie est née du troc, car transporter des biens lourds et peu divisibles était fastidieux. Elle a permis de simplifier les échanges et de faciliter le commerce.

    _Graber : La monnaie n’est pas issue du troc, mais a été créée pour répondre aux besoins d’un système fiscal monétaire. Ce système, apparu vers 650 av. J.-C., nécessitait un moyen d’échange standardisé pour collecter des impôts et financer les services publics.

    Arguments en faveur de la thèse de Graber :

    _Apparition soudaine de la monnaie : La monnaie métallique est apparue assez soudainement vers 650 av. J.-C., ce qui est difficile à expliquer par une simple évolution du troc.

     _Homogénéité des premières monnaies : Les premières pièces frappées étaient remarquablement homogènes en termes de poids et de pureté, ce qui suggère une production centralisée pour un usage spécifique.

    _Lien avec le système fiscal : Les premières mentions de la monnaie sont souvent liées à des contextes fiscaux, comme le paiement de tributs ou d’impôts.

    Arguments contre la thèse de Graber :

    _Existence de formes prémonétaires : Le troc et l’utilisation de biens durables comme monnaie existaient bien avant l’apparition de la monnaie métallique.

    _Avantages du troc : Le troc n’était pas nécessairement si fastidieux qu’on le prétend, et il offrait certains avantages, comme la flexibilité et la possibilité de négocier. _Différences régionales : L’apparition de la monnaie n’a pas été uniforme et s’est déroulée à des rythmes différents dans différentes régions du monde.

    En conclusion, la thèse de Graber est intéressante et apporte un nouvel éclarage sur l’origine de la monnaie. Cependant, elle ne supplante pasentièrement la théorie de Smith, et il est probable que les deux facteurs, la lourdeur dutroc et le besoin d’un système fiscal, ont joué un rôle dans l’apparition de la monnaie.


  • JL 7 avril 14:45

    Contrairement au don, un cadeau ça ne se refuse pas, et par l’accepter n’engage pas celui qui reçoit.

    On pourrait dire que l’instauration de la monnaie a permis des échanges non générateurs de lien spécifique entre les parties, en permettant à celui qui convoite un bien un objet ou un service de se libérer tout de suite de la dette morale que l’acceptation du don générait, et par conséquent, en permettant à celui qui crée d’écouler sans états d’âme, sa production.
    L’apparition de la monnaie a permis la concurrence et le développement conjoint de l’artisanat et du commerce.

     


  • yoananda2 7 avril 14:47

    pfff, je ne vais pas mentir, j’ai un mauvais à priori sur cette "économiste" qui prétends parler de "l’économie du réel", alors qu’il est chercheur et n’a jamais foutu les pieds dans l’économie réelle justement ...

    mon voyant rouge "branleur de nouille tièdes" s’allume immédiatement. Les gens qui pontifie sans pratiquer, je m’en méfie comme de l’eau tiède.

    J’ai lu David Graeber, 5000 ans de dettes ... je crains de ne pas apprendre grand chose en plus.

    bref, je passe mon chemin sauf si une discussion intéressanté émerge


  • rinbeau rinbeau 7 avril 16:35

    LOL.. Le mec il vient te donner un cours sur la monnaie, mais la création monétaire qui est le nerf de la guerre en la matière.. Il a pas le temps de la traiter !

    Il te dit que l’Etat frappe la monnaie mais oublie de préciser que les banques centrales de ces Etats appartiennent à des particuliers..

    Je me marre..


  • ffi 8 avril 12:23

    Quelques infos intéressantes. Cependant, il récite encore trop sa leçon classique d’économie, avec un long passage introductif sur les thèses d’Adams Smith (du XVIIIe siècle !)... Ces thèses qui me semblent le point de départ (et de justification) de toutes les dérives ultérieures en la matière...

    La conception de la monnaie qu’il nous présente se perd donc dans les nuées obscurcies du profond brouillard idéologique de l’impérialisme Britannique.

    Il rate le principal. La monnaie a bien une contrepartie dans le réel. Ce n’est pas si compliqué. En tant que moyen d’échange de biens dans la société, la monnaie a deux faces : 

    • Une face sociale, qui qualifie les services rendus à la société par l’individu : en récompense des efforts fourni pour autrui, l’individu se voit rétribué, notamment en fonction de la qualité de l’effort fourni : Il faut fournir un Bien à la société pour être rétribué (ex : un vol, un crime ou un recel ne sont pas des efforts légitimes, donc leurs gains ne sont pas valides)

      . De ce point de vue, la monnaie est directement lié au droit. C’est un droit d’avoir, crucial, car il nous permet finalement d’exister. Par exemple, notre société actuelle lie en partie la monnaie au simple fait d’avoir la dignité d’homme. Les droits sociaux viennent comme des allocations de sommes monétaires. Au moyen-âge, acquérir la dignité de noblesse venait toujours avec des rentes assurées sur le domaine donné en apanage. L’étalon de la mesure de la qualité des Biens produits dépend éminemment de la culture de la société.

    • Une face physique, qui quantifie l’importance de l’effort fourni pour produire le Bien concerné par l’échange. Il est normal qu’un Bien qui exige beaucoup de travail soit plus cher qu’un autre. Le travail, en sciences physiques, ça se compte en Joule, qui est l’unité d’énergie. En physique, le travail est une quantité d’énergie qui est directement utilisable, contrairement à la chaleur qui est une unité d’énergie qui se disperse. Pour transformer la chaleur en travail, il faut nécessairement un moteur. Le travail est donc l’effort utile à la société, et la monnaie, d’un point de vue physique, se doit donc d’avoir pour unité physique étalon le JOULE. Les États-unis ne s’y sont pas trompés, en imposant toute transaction d’échange de pétrole en dollars.

      Et c’est ce qui assure leur domination sur le travail de tous les peuples du monde. Une preuve de cette pertinence du lien qui lie la monnaie à l’énergie est qu’on constate systématiquement une corrélation entre variation du PIB et variation de la consommation d’énergie.

    La monnaie actuelle est déconnectée de la réalité, sa valeur ne reposant sur aucune mesure fiable (le paiement du pétrole en dollars n’étant qu’une manière de domination). Par conséquent, le niveau des monnaies fluctuent au gré des spéculations. Il est ahurissant de promouvoir le libre-échange entre des zones économiques dont les niveaux de salaires n’ont rien à voir. Quant à l’aspect justice sociale de la monnaie, il est également en voie de disparition, puisque la liberté d’échange des capitaux permet d’échapper, grâce à diverses lessiveuses d’argent sale via les paradis fiscaux, comme à l’anonymat du contrôle des capitaux, à toute possibilité de régulation de la qualité des droits acquis sous forme de signes monétaires. La monnaie actuelle est frelatée. Elle ne correspond à rien de pertinent, ni socialement, ni physiquement. Elle permet tant d’accumuler des faux droits que de compter des richesses illusoires.

    La monnaie est un aspect crucial de nos sociétés. C’est bien dommage que la réflexion dans les cercles de la recherche en France soit tellement rudimentaire et convenue. David Cayla récite bien sa leçon des doctrines académiques, mais ça ne suffit pas.


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