"Écrire, l’exigence d’écrire : non plus l’écriture qui s’est toujours mise (par
une nécessité nullement évitable) au service de la parole ou de la pensée dite
idéaliste, c’est-à-dire moralisante, mais l’écriture qui, par sa force propre
lentement libérée (force aléatoire d’absence), semble ne se consacrer qu’à
elle-même qui reste sans identité et, peu à peu, dégage des possibilités tout
autres, une façon anonyme, distraite, différée et dispersée d’être en rapport
par laquelle tout est mis en cause, et d’abord l’idée de Dieu, du Moi, du Sujet,
puis de la Vérité et de l’Un, puis l’idée du Livre et de l’Œuvre, en sorte que
cette écriture (entendue dans sa rigueur énigmatique), loin d’avoir pour but le
Livre, en marquerait plutôt la fin : écriture qu’on pourrait dire hors discours,
hors langage"
