Gaston Lagaffe
31 août 2015 11:31
Partie 4 (courage bientôt la fin)
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- Paul-Éric, Yann n’a pas pu signer ta pétition, toute sa vie est consacrée à la lutte contre l’antisémitisme !
La forme que prit ta méprisable fuite me
sidéra. Se tapir dans le plus blanc des silences, engager un fusible féminin
pour m’attendrir, tout ce mauvais cinoche de planqué pour ne pas oser affronter
mon regard : quel écroulement moral ! Quel effondrement ! Tout fut bon pour
assurer ta défection en rase campagne. Plutôt passer pour le roi des poltrons que
d’avoir à m’expliquer que tu avais fait sous toi.
Comme tu avais touché le fond, tu ne t’arrêtas
pas à ce niveau d’indécence. Tu n’avais plus rien à perdre. Tu devais tout brouiller
et transformer l’histoire en la retournant comme une chaussette. Devenir en
quelque sorte négationniste ! Tu entrepris d’inverser les rôles. Puisque tu
n’étais pas l’imposteur, il fallait bien qu’il y en eût un, et il était tout désigné
: moi !
Le 2 novembre tu
rédigeas "une mise au point" sur le site de La Règle du jeu dans laquelle tu racontas - espèce de ladre - que je
t’avais piégé. Piégé ! “J’ai été contacté il y a quelques jours au
sujet d’une pétition contre la loi Gayssot dont Robert Badinter devait être le
signataire vedette. On m’a promis un Robert (Badinter) mais, hélas, j’ai
découvert un tout autre Robert, in fine, sur la liste : Faurisson !” écrivis-tu.
Sous la
pression de ton entourage israélien, le trouillomètre était remonté de
plusieurs degrés. La maison BHL tremblait sur ses fondations.
Tu
poursuivais ton articulet en ces termes :
”Je n’admettrai d’aucune manière
(…) que mon nom figure sur une pétition signée par M. Faurisson ou par quelques
autres sires de moindre notoriété mais de même acabit. Je n’accepterai jamais
(…) que mon nom soit associé à quelque démarche visant, de quelque manière que
ce soit, à réhabiliter ou banaliser le révisionnisme.”
Tout le
monde ne tomba pas dans le panneau. Surpris de ta réponse qui avait une odeur
de couche-culottes pleines, les journalistes Abel
Mestre et Caroline Monnot, du blog Droite(s) extrême(s) du Monde, menèrent une enquête dont voici la conclusion : “Le problème est que la vérité semble
différente. En effet, vérification faite avec Google-cache (la mémoire du
moteur de recherche), une phrase figurait initialement dans le papier de Moix
expliquant son opposition à la loi Gayssot. Or, cette phrase primordiale a été
retirée depuis. La voici : "J’ai
signé une pétition en ce sens, sur laquelle figurent évidemment, figurent
logiquement, mes pires ennemis et les ordures les plus avérées". Cette phrase tendrait donc à montrer
que contrairement à ses assertions, M. Moix connaissait l’identité de certains
signataires de cette pétition.” Et parmi ses signataires : Robert Faurisson,
dont il disait n’avoir jamais vu le nom au côté des autres !”
Durant un an, nous ne nous adressâmes plus
la parole. À quoi bon reprendre une discussion qui n’avait pas commencé ? De
mon côté, je me doutais que tout essai d’éclaircissement de ta part ne me
convaincrait oncques. J’avais reniflé derrière tes phrases auto-justificatrices
un goût de mort. Et puis il y avait trop de mauvaise foi dans tout cela.
Vint septembre 2011, mois où sortit officiellement
sur le Net le documentaire que j’avais réalisé sur Faurisson un an auparavant. Tu
en étais bien informé, à nouveau, puisque c’est toi qui m’avais donné l’idée du
titre avant notre querelle. Nous avions d’abord espéré en faire un livre. À cet
effet, tu m’avais présenté à Philippe Sollers au bar du Montalembert, à côté de
Gallimard, dans l’espoir qu’il tentât avec moi un coup à la Jonathan Littell
sur lequel j’avais publié une étude chez Scali. Les temps étaient mûrs, pensions-nous.
Mais le jour dit tu n’osas pas franchir le Rubicon et j’en restai à conseiller
au directeur de L’Infini qui fixait
le fond de son verre de J&B en comprenant mal ce que je foutais là, la
lecture d’une excellente interview de Mahmoud Ahmadinejad dans Newsweek.
Ce film unique en son genre était la suite
logique de ma pétition. Je t’avais envoyé des photos du tournage à Vichy en
temps réel, en particulier les lieux d’habitation et de travail de ton héros François
Mitterrand, le Florentin champion du monde de retournements de veste. La
chemise rose que portait le professeur lorsque je l’interrogeai dans les rues
de l’ancienne ville de l’État français t’avait beaucoup plu.
Le temps avait passé : ce documentaire aurait
dû sortir en DVD, mais le sort en décida autrement et il figurait désormais,
sous-titré en plusieurs langues, dont l’arabe et le croate, sur un site dédié.
Le 5 octobre 2011 je t’en fis parvenir
l’adresse URL. Tu me répondis comme si nous nous étions quittés la veille. La
tension était retombée. L’anecdote portant sur le surnom dont le jeune
Faurisson était affublé (“Menon”) te fit bien rire. Je te proposai d’en causer en
terrasse de notre café habituel, en compagnie d’un havane. Tu acceptas derechef.
- On parlera de ton documentaire qui est
vraiment très bon. Enterrons la hache de guerre, lanças-tu.
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