ffi 24 février 2015 14:44

@JL

Se référer au nominaliste Guillaume d’Occam ? Bof... 

 

Le libre-arbitre étant pour moi manifeste (l’homme se détermine), nécessairement Dieu l’a voulu ainsi. C’est simplement prendre en compte ce fait dans la théorie.

Dieu est d’une définition floue (et vivante...), par conséquent, cette définition ne peut jamais être contredite. C’est bien l’intérêt de la théologie : la prémisse des choses, dont on pense qu’elle existe, n’est pas vraiment définie, ni définissable : c’est une inconnue, désignée par "Dieu", que l’on cherche au mieux à cerner. 

 

Ceci n’est pas le modèle scientifique : toute science pose en amont de son modèle déductif des prémisses rigoureusement définies et figées - des axiomes. Quand un scientifique cherche à déduire rigoureusement de ces prémisses, il se doit uniquement de ne pas contredire ces prémisses : le scientifique ne respecte donc pas la logique des choses, mais la logique de ses prémisses...

 

En fait, il y a plusieurs modes de raisonnement : le raisonnement déductif, catégorique, qui va du général au particulier, c’est-à-dire du concept au fait ; le raisonnement inductif, qui va du particulier au général, c’est-à-dire du fait au concept.

Seul le raisonnement déductif est rigoureux logiquement, mais cela ne signifie pas que n’importe quelle déduction soit vraie : tout dépend de la vérité des prémisses à la déduction. Si les prémisses à la déduction sont fausses, alors, la conclusion sera fausse (sauf coup de chance, bien-sûr). La science est une discipline qui pousse au maximum l’usage des raisonnements déductifs.

 

Cependant, le fait est que personne n’a jamais vu de généralité (c’est-à-dire une essence), chose abstraite. Chacun ne voit toujours que des particularités (c’est-à-dire des existences), choses concrètes. Ainsi, nécessairement, toute généralité est toujours construite par une étape de synthèse préalable à partir de comparaisons dans ce qui existe. Or cette étape de généralisation exige des raisonnements inductifs, lesquels ne sont jamais sans faille... L’exactitude d’une déduction est ainsi toujours limitée par l’exactitude des généralisations préalables qui ont abouties à ses prémisses...

 

C’est en ignorant ce fait que le scientifique peut s’illusionner, s’il se laisse abuser par l’impression d’exactitude d’un raisonnement déductif, et s’il oublie que pour en fonder les prémisses, il aura d’abord fallu passer par des raisonnements inductifs, raisonnements dont l’exactitude n’est jamais certaine.

 

Ainsi, du fait que toute prémisse préalable à la déduction est tirée par induction, on tire que toute prémisse n’est que probable, et qu’en user est un pari (de Pascal). Mais pour être rigoureux, il faudrait ajouter un terme indéfini aux prémisses, pour marquer l’existence de cette incertitude.

 

Ce terme indéfini, on l’appelle Dieu.

 

Il s’ensuit que, l’escroquerie, c’est une science sans Dieu, car elle tend à faire croire à une rigueur dont elle est en vérité dépourvue, tandis que l’honnêteté, c’est une science avec Dieu, car elle a la rigueur d’intégrer à ses prémisses l’incertitude inhérente à toute théorie.


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