ffi 3 juin 2014 16:50

On ne peut pas nier que l’athéisme, au moins en France, s’est d’abord construit comme une réaction au catholicisme. L’athéisme repose donc en premier lieu sur des anti-principes, c’est-à-dire l’opposé des principes de la chrétienté.
 
La raison, c’est bien beau, cependant, remonter dans le dédale des causes premières est une tâche infinie, et nul ne peut y parvenir. Il y a donc un moment, la réflexion s’arrête, et l’homme pose des principes. C’est vrai y compris en science, où l’on pose toujours en amont principes, définitions et axiomes.
 
En y réfléchissant bien, toute déduction logique, tel un syllogisme, s’appuie sur au moins deux éléments dont la vérité est acquise. La raison ne peut ainsi au mieux que mettre en rapport des termes déjà tenus pour vrai au préalable [raison, du latin ratio : rapport].
 
En revanche, les premiers principes ne sont pas strictement prouvables, au sens rationnel. Ils procèdent en effet non pas d’une déduction à partir de vérités générales, mais d’une induction à partir de vérités particulières.
 
Or il est clair qu’un agrégat de vérités particulières ne suffit pas à s’assurer d’une vérité générale, et l’homme, qui ne vit que sa seule vie, n’accède qu’à un petit échantillon de vérités particulières, celles qui l’ont concerné. Il y aura donc, par ce processus d’induction, presque autant de principes que d’égos personnels.
 
Hélas cette diversité individualiste des principes n’est pas très favorable à l’établissement d’une société en paix : Si celui-ci agit comme il lui semble bon, mais que celui-là tient qu’agir ainsi est mauvais, un conflit risque d’émerger entre celui-ci et celui-là.
 
L’individuation des principes n’est donc pas très favorable à l’universel dans la cité, au sens de sa concorde, de son unité. En effet, comment fonder un universalisme politique si chacun peut se bricoler ses principes particuliers ?
 
Il faut un socle minimal de principes communs pour vivre en collectivité.
Il faut admettre que ces principes ne se démontrent pas, mais doivent être pris tels quels, par tous.
 
Si ces principes fondamentaux étaient rationnels, ils seraient démontrables, or ils ne peuvent pas l’être strictement, puisqu’ils procède d’une série d’inductions.
 
D’autre part, vous connaissez la mauvaise foi des puissants, leur raison s’arrêtera précisément là où cela les arrange (cf la fable le loup et l’agneau). Ainsi, si on donne le pouvoir aux puissants hommes de choisir les principes communs, l’arbitraire et l’inéquité frapperont bientôt à notre porte...
 
Ainsi, aussi étonnant que cela puisse paraître, fonder une société sur la raison revient à fonder la société sur la force. En effet, la raison seule n’agit pas : elle ne produit que de simples idées, choses évanescentes. C’est la force qui traduit la raison en action. Le fruit en est une société où la force se justifie de son action. Les causes justes cèdent la place aux ruses justifiées.
 
Si ça continue ainsi, je ne vois pas comment l’esclavage ne peut pas être rétabli à terme. Déjà que l’on tolère de déménager des enfants comme des meubles du sein de leur mère pour les installer dans des foyers qui les payent...


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