Pour résumer, Onfray réduit le malaise français au seul sentiment de manque de considération qui est certes réel : médias déconnectés refusant de montrer la réalité, non prise en charge des résultats du seul référendum depuis des décennies, matraquage administratif et fiscal de ceux qui entreprennent, etc, etc, etc.

Le pauvre Onfray est lui-même déconnecté au point de s’étonner que les gens dans les bistrots aient un langage fleuri. Il représente assez bien cette fracture des représentations qui est également géographique. Sans doute a-t-il les moyens d’échapper aux changements. Ce n’est un jugement : je ne crois pas à une posture d’Onfray ; il est naturellement bien plus aisé d’avoir sur le pays un regard distancié de philosophe en fonction de la réalité que l’on éprouve soi-même. C’est un truisme mais cette réalité est radicalement différente suivant que l’on soit dans une campagne paisible ou à la Courneuve. Les concepts aident à décrire et comprendre le réel, articuler un raisonnement mais ils peuvent aussi déformer cette réalité sans même en avoir l’intention. 

Quant à la miss Bourdin, on peut lui accorder le crédit d’avoir fait ce qui ne se fait plus trop : laisser parler les gens. Elle n’est probablement pas outillée pour aller plus loin que cela et, de manière classique dans son milieu, transforme en humilité ce qui n’est qu’impotence. C’est là que l’on comprend l’affaissement complet du niveau de la plupart des journalistes en France, des gens à de rares exceptions près peu formés sur le plan intellectuel et donc, dans le meilleur des cas, cantonnés à tendre le micro

Mis à part cela, on se demande bien à quoi sert l’animateur ici : à part pour permettre au cameraman de faire quelques plans, son inutilité crève l’écran.