
Il y’a dans cette affaire beaucoup de paramètres à explorer et nombreux sont ceux qui dépassent le cadre Syrien. Mais si on se concentre uniquement sur cette attaque à l’arme chimique, d’après ce que j’ai compris jusqu’ici (et si je me trompe, qu’on n’hésite pas à me corriger) :
-Depuis sa victoire militaire à Alep, le contexte politique est favorable pour le régime en place en Syrie, il pouvait donner l’impression de contrôler l’essentiel du territoire pour être en position de force en vue de future négociation de paix (ce qui est la stratégie de sortie de Poutine de ce conflit dans lequel il ne veut pas enliser la Russie).
-Le contexte était tellement favorable que très récemment, le 30 mars pour être précis, Rex Tillerson le secrétaire d’Etat américain a affirmé que le départ de Bachar el-Assad n’était plus une condition préalable à des négociations. Sa déclaration a été suivi par celle de Nikki Haley, l’ambassadrice des USA à l’ONU qui a dit « notre priorité n’est plus désormais de nous concentrer sur le départ d’Assad ».
-Et chose qui serait incroyable avant l’élection de Trump, même Paris qui était la capitale occidentale la plus hostile à Damas n’a pas tardé à suivre la nouvelle ligne américaine. A ce stade en principe, Bachar el-Assad devait sabrer le champagne.
-Et badaboum, deux jours après, une attaque chimique
a lieu à Khan Cheikhoun,
une ville de la province d’Idlib qui est effectivement tenue par l’opposition
armée mais dans laquelle n’a lieu aucune opération de reconquête militaire en
cours.
-Résultat : indignation des capitales occidentales, frappes américaines et galvanisation militaire et diplomatique de tous les ennemis nationaux , régionaux et internationaux du régime en place en Syrie. Le départ de Bachar el-Assad redevient une condition préalable à des négociations.
Sous réserve que les faits que j’énonce là soient vrais, je vois trois hypothèses :
-Cette attaque chimique n’est pas le fait du régime Syrien. L’opposition armée Syrienne a lancé cette attaque pour l’attribuer au régime afin de se sortir du mauvais pas militaire et diplomatique dans lequel elle se trouvait. C’est l’hypothèse de l’attaque sous faux drapeau (utilisée à tort et à travers pour n’importe quoi aujourd’hui mais dans ce cas spécifique, c’est une hypothèse crédible, c’est ce qui me semble le plus logique au regard du timing et du contexte).
-Cette attaque est le fait du régime Syrien mais a été faites sans l’aval de Bachar el-Assad et de ses collaborateurs directs. Dans ce cas, on pourrait supposer que des hauts dirigeants de l’appareil militaire Syrien se sont fait retourner par des services de renseignements étrangers hostile à Bachar el-Assad, ont mit les mains sur des armes chimiques d’une façon ou d’une autre et ont lancé ces attaques pour changer la donne. Ce serait le pire scénario pour Damas et Moscou.
-Cette attaque est le fait du
régime Syrien et a été fait avec l’aval de Bachar el-Assad et de
ses collaborateurs directs. Dans ce cas, c’est l’hypothèse mainstream du
tyran sanguinaire semant la panique et la terreur en utilisant
n’importe quel moyen et peu importe les conséquences. Cette hypothèse n’est pas
du tout crédible car, je veux bien que ceux qui gouvernent la Syrie soient des
monstres mangeurs de testicules d’enfants
, mais il faudrait qu’ils soient complètement stupides pour qu’ils agissent à l’encontre
de leurs propres intérêts de cette façon alors que tout allait si bien pour
eux. Ca ne correspond pas à la façon dont cette classe dirigeante a mené cette
guerre. Selon certains analystes tentent de justifier cette hypothèse que je
juge absurde , l’attaque chimique est
une initiative d’ Assad et des faucons de Damas , avec le but, en obligeant les
USA à réagir, d’empêcher l’application d’un accord secret entre les USA et la
Russie qui transformerait la Syrie en une sorte d’entité confédérale où les
Alawites ne contrôleraient plus que les régions essentiellement peuplées
d’Alawites. Je n’y crois pas parce qu’il est clair que cela obligerait Moscou a
remplacer Assad et ces Faucons eux-mêmes par d’autres membres de l’appareil d’Etat
plus rationnels, avec le soutiens des puissances occidentales en plus. Le clan
Assad ne prendrait jamais un risque pareil.
Dans tous les cas de figure , ca va de plus en
plus loin : on ne parle plus de décider d’une enquête de l’ONU sur
l’attaque chimique pour déterminer et
identifier les coupables ( ce qui est la procédure qui découlerait du bon
sens ) , on ne parle même plus des sanctions à prendre contre Assad puisque
c’est forcément lui qui est le coupable que l’enquête déterminera (forcément) , on est au point aujourd’hui ou l’on commence
à punir le coupable avant de se lancer dans cette enquête pour identifier le
coupable.
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