
Pinaise, ça c’est du titre qui pète...
Sur le fond, il faut quand même noter que Rama Yade ne broncherait pas aujourd’hui si elle avait su conserver une place au soleil. Quand on parvient grâce à une combinaison de discrimination positive et d’opportunisme remuant dissimulé par un joli minois, il ne faut pas s’attendre à être bien traitée par ses collègues lorsque le pouvoir s’éloigne...
En outre, sur le plan de la politique politicienne, elle a commis des erreurs de grande débutante, et je pèse mes mots, comme par exemple : enfoncer un couteau dans le dos de son ancien parrain qui était déjà tombé au sol, sans s’être assurée auparavant qu’il était bien mort au sens politique du terme.
Plus gravement, il lui manque deux qualités politiques essentielles.
Premièrement, elle n’a pas le sens de l’Etat, ça saute aux yeux. Les premières nécessités du pouvoir sont l’impassibilité et le paraître. Si Poutine fascine tellement un certain nombre de gens, c’est parce qu’il possède cette qualité machiavélique à un très haut degré : les circonstances ne se reflètent jamais sur son visage, il maintient une expression indéchiffrable et non dénuée d’ironie sur le petit monde agité qui l’entoure, il se tient, quoi. Elle qui se demande pourquoi des ordures finies parviennent à se maintenir dans le système, voilà une raison. Les gens préféreront toujours un cynique en peau de rhinocéros qu’une personne apparemment "ouverte", "honnête" et bien intentionnée.
Autre qualité éminemment politique dont elle manque : la patience. Il a fallu 15 ans d’activité politique fiévreuse à Sarkozy pour percer sur le plan national. Alors que tout lui a été offert, c’est la seule personne que j’ai jamais entendue se plaindre d’avoir obtenu "seulement" un secrétariat d’Etat qu’elle estimait peu conforme à ses mérites et ses ambitions.
Son attitude montre aussi qu’elle n’accepte pas les périodes de vaches maigres et de "disgrâce" qui sont inévitables en politique. Tous ceux qui ont le cuir dur et bien tanné ont connu des années d’exil démocratique et médiatique (même de Gaulle et Mitterrand) parce que la vie politique implique de se retrouver, à un moment ou à un autre, du mauvais côté du manche. Elle, piégée par l’impatience, prétend naturellement jouer sur tous les tableaux : sarkozyste en sarkozie, antisarkoziste quand le vent a tourné... elle est quoi aujourd’hui ? pasionaria de droite ? noire de service pour enfoncer la politique d’assistanat du parti socialiste sans être aussitôt taxée de racisme ? écolo de circonstance ? rebelle du système ?
Rama Yade est une arriviste frustrée qui va dans les médias pour s’épancher, s’excuser, livrer des états d’âmes et des analyses qu’elle ne tiendrait pas - et qu’elle ne tiendra pas - si elle retrouvait les allées du pouvoir. A mon avis, c’est une bonne communicante qui sait utiliser le registre de l’affectif. Croire qu’elle se révèle dans cette interview "telle qu’elle est" est une grosse erreur.
Je ne sais pas, mais moi ça me dérange de voir une femme politique se livrer comme chez le psy... soit elle est effectivement comme ça, et donc elle n’a rien à faire en politique, soit c’est un calcul, et elle n’est donc en rien différente des gens qu’elle dénonce.
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe