Le Marquis 2 octobre 2014 03:29

J’ai lu chacune de vos interventions et je l’ai ai trouvé de très bonne qualité. Une pensée schématisée, à l’approche psychosociologique. Mais cependant je ne suis pas d’accord sur un point en particulier, donc je me suis spécialement inscrit pour vous répondre.



Vous vous posez en contradicteur de la thése comme quoi il y aura toujours des dirigeants et des chefs. Thèse que l’auteur de la vidéo défend, à mon grand regret sans l’étayer par des arguments.
Les arguments que j’ai a apporter sont de natures psychosociologiques.
Avant toute chose, je tiens à préciser que dans aucun de mes cours d’anthropologie je n’ai entendu parler de sociétés sans dirigeants, qu’ils soient de nombre restreint ou élargie. Je suis donc trés impatient que vous me renvoyiez à des liens écrits, ou mieux, des reportages vidéos (format le plus adapté pour mon style de vie).


Je fais tenter de faire clair et concis :


Tout d’abord, à l’inverse des anarchistes, je soutient la thèse que les hiérarchies sont inéluctables. Les anarchistes luttent contre les systèmes hiérarchiques, et par extension leurs émanation concrètes que sont les sphères de pouvoirs. 

Les communautés qu’elles soient animales ou humaines doivent faire face à la nécessité de l’organisation. La première étape essentielle et inéluctable à l’organisation de la structure sociale est la répartition des tâches. En fonction des capacités physiques et intellectuelles, mais aussi des tempéraments et des personnalités, les tâches sont réparties. Le chasseur et la cueilleuse, le médecin et le cordonnier. Dés lors, de part le degré d’importance des tâches en question se crée naturellement une hiérarchie. Le vital et l’obsolète. La compétence importante ou facultative. 
La conséquence de la répartition des tâches est la hiérarchisation des exécutants en fonction de l’importance de leurs compétences.
Cette hiérarchisation crée de facto une sphère de pouvoir. Le seul homme de la tribu capable d’abattre un tigre aura plus d’influence sociale dans les processus décisionnels que la cueilleuse de jonquille.
Le pouvoir de quelques hommes au sein d’un groupement d’hommes apparaît donc dès la naissance de la structure sociale intelligemment organisée.
De plus, lorsqu’on pousse un peu plus loin le processus organisationnel, émergent naturellement des superviseurs et des exécutants. Plus la structure sociale devient complexe, plus l’organisation de cette dernière devient une tâche, une compétence à part entière. Ces superviseurs de métier ont par la nature de leur activité un pouvoir social bien plus élevé que, encore une fois, le cueilleur.
Voici pour le processus vu sous un angle anthropologique.


Outre cela, nous pouvons également analyser les relations interpersonnelles lors d’une mise en situation réelle.
Dans le (trés mauvais, cinématographiquement parlant) film de Bernard Weber, nous pouvons voir un groupe d’individu mis dans une situation telle que la coopération est nécessaire afin de garantir la survie du groupe.
Dés lors, une fois encore, se crée naturellement une répartition des tâches en fonction des compétences. Une hiérarchie se crée en fonction de celles ci. Des superviseurs, des exécutants. Même processus.
Mais ce que nous permet de constater l’observation de mise en situation, c’est que les compétences (physiques et intellectuelles) et les activités qui en découlent ne sont pas les seuls facteurs de hiérarchisation ( et donc de distribution du pouvoir ).
Le pouvoir, c’est la capacité à influer sur la structure sociale.
Le pouvoir d’influer sur la structure sociale passe par le pouvoir de mener des hommes derrière soit. De provoquer l’adhésion. Même un dictateur a besoin de provoquer l’adhésion d’un groupe d’hommes afin de prendre officiellement le pouvoir politique.
Or, cette attraction, cette séduction, peut être suscitée par le(s) talent(s) comme exposé ci dessus, mais aussi par le charisme.
L’éloquent, le charismatique, le beau, peuvent avoir tout autant de pouvoir par le biais de ces qualités.
C’est un fait observable à toute échelle : groupe d’amis, entreprises, familles,...Le tribun aura plus de pouvoir social que le bègue. Le bel homme aura plus de pouvoir social que le nain albinos. L’homme charismatique plein de prestance aura plus de pouvoir social que l’effacé introverti.

Tout cela me fait dire qu’il y a comme des "lois" psychosociales qui d’une part créent la notion de pouvoir au sein d’une structure sociale, et qui d’autre part rendent ce pouvoir inéluctable et durable (cad observable partout, en tout temps).
C’est à dire que indépendamment du système politique, du système économique etc, il y aura dans toutes structures sociales, à toutes échelles, des leaders et des suiveurs. Des dominants et des dominés. Pour aller plus loin encore, le philosophe Alain émet l’idée dans "Propos sur les pouvoirs" qu’il y a des personnalités qui sont des leaders naturels, et d’autres qui sont des suiveurs naturels. Comme dans la scène du film de Werber : ceux qui supervisent, ceux qui voudraient superviser, ceux qui veulent exécuter, ceux qui exécutent contre leur gré,...

Une hiérarchie de pouvoir "naturelle" de part les compétences pratiques, les tempéraments, les personnalités, et aussi les capacités en matière de séduction. Tout ceci rend la prise de pouvoir par certains inéluctable, puisque conséquence logique des relations interpersonnelles.
Ainsi, le doux rêve d’une société "sans pouvoirs" est pour moi très loin de la réalité humaine. 





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