
@Machiavel
"Je pense que le temps presse pour les classes dirigeantes occidentales en général et américaines en particulier. Il faut remettre ce conflit dans le contexte métapolitique mondial, çàd l’implosion de la dominance occidentale et l’émergence de nouveaux pôles de puissance"
Je pense que ce que vous décrivez est absolument inévitable ("déclin" de l’occident, progrès des BRICS, des émergents en général, désoccidentalisation, asiatisation) et qu’il ne s’agit qu’une sorte de "retour à la normale"... jusqu’au XV siècle l’Océan Indien et l’Asie du Sud Est constituaient le cœur économique commercial et démographique du monde... la domination européenne puis occidentale qui a suivi n’ont constitué qu’une parenthèse de quelques siècles avant un retour à un équilibre millénaire auquel nous assistons actuellement.
Vous dites "Si les classes dirigeantes américaines veulent conserver leur avantage...etc"
Mais je me demande s’il y a vraiment une volonté de garder cet avantage (en dehors des simples discours bien sur)... on accuse souvent sur agoravoxtv les "élites" (dont font parties les classes dirigeantes je suppose) d’être plus ou moins cosmopolites et apatrides (quand on ne parle pas carrément de traîtrise) si c’est le cas je pense qu’elles n’ont pas grand chose à faire de permettre la poursuite de la domination américaine (ou occidentale ou européenne...) si elles peuvent continuer à faire du business.
Or l’argent n’a pas d’odeur et la "classe dirigeante" fera des affaires avec les Chinois aussi bien qu’avec n’importe qui. Son problème central n’est pas forcément de freiner l’émergence (ou la réémergence) inévitable de pôles concurrents ni même de garder la main sur des ressources stratégiques mais de garder une bonne longueur d’avance en terme d’innovation... et à ce niveau là le contrôle ou pas du Moyen Orient ou de l’Asie centrale ne changera pas fondamentalement la donne.
Je crois qu’une bonne partie de la classe dirigeante américaine est globalement consciente de cette situation et qu’elle a constaté en Afghanistan ou en Irak que l’aventurisme n’était pas économiquement rentable (sauf pour certains secteurs spécifiques relayés par de puissants lobbies), je n’ai pas l’impression non plus que pour cette classe le temps presse particulièrement... crise financière, crise de la dette ou pas...
Comme disait Keynes (de mémoire) si vous devez 1000$ à votre banque vous avez un problème mais si vous devez 10 million de $ à votre banque c’est elle qui a un problème... les Chinois (entre autres) sont globalement dans la situation de la banque... et ils ont un sacré problème avec les Américains maintenant :)
Quant à l’Iran qui serait visée toute solution militaire aérienne contre des infrastructures nucléaires bien protégées et éparpillées parait inenvisageable... (il me semble que c’est le constat de l’état major israélien) Je ne crois pas qu’une intervention terrestre soit envisageable ni envisagée non plus...alors je ne vois pas trop ce que les Américains pourraient faire en Iran à part poursuivre leurs pressions économiques et essayer de favoriser en sous-main une alternance politique vers des mollah modérés (ce qu’ils encouragent déjà je suppose).
Pour finir si des "classes dirigeantes" peuvent avoir relativement des communautés d’intérêt suffisantes pour les pousser à orienter la politique extérieure de leur état dans telle ou telle direction je pense que ce n’est qu’un facteur parmi d’autres (personnalité d’un dirigeant, principe de réalité, idéologie, opinion publique, "communauté internationale", hasard, nature de l’adversaire etc etc ) et que ce n’est pas forcément toujours celui qui est déterminant.
Au plaisir (sincèrement)
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