popov 19 janvier 2013 09:54
@yahyâ al-baljiki

La loi de la gravitation n’existait pas avant sa découverte. Ce qui existait avant, c’est le fait que les pommes tombaient par terre. Une loi physique n’est pas comme une planète qui elle existait avant sa découverte. Une loi physique est une construction qui permet de rendre compte d’un phénomène, qui permet de prédire comment vont se comporter des objets dans certaines circonstance. La loi permet de calculer par exemple la position et la vitesse d’objets à un moment ultérieur quand on connait la position et la vitesse de ces objets à un moment initial et les forces auxquelles ils sont soumis.

La loi de la gravitation de Newton dit que deux masses ponctuelles sont soumises à une force attractive proportionnelle au produit des masses et à l’inverse du carré de la distance qui les sépare. Cela permet de calculer toutes les trajectoires possible d’un système de deux masses ponctuelles : on trouve que ces trajectoires sont de coniques (paraboles, hyperboles, ellipses — la droite et le cercle étant des cas particuliers de ces dernières). A noter que ces trajectoires sont décrites par rapport au centre de masse commun des deux objets. Dans le cas de trajectoires circulaires, les deux objets tournent autour de leur centre de masse commun. Si une masse est beaucoup plus grande que l’autre, comme dans le cas du soleil et de la terre, l’objet le moins lourd semble tourner autour de l’autre qui semble fixe. En fait, le rapport de masse étant d’environ 300000 et la distance soleil-terre d’environ 150 millions de km, le soleil suit en fait une trajectoire circulaire d’environ 450 km, ce qui est tout petit par raport au diamètre du soleil (environ 1,4 millions de km).

Tout ceci, en première approximation, car dans le système solaire, il faut tenir compte de toutes les planètes et de leurs satellites.
Quand on fait le calcul en tenant compte de toutes ces corrections, on se rend compte que le résultat est en excellent accord avec les mesures — sauf pour Mercure.

Mercure a une trajectoire elliptique, jusque là tout va bien. Mais le point le plus éloigné de cette trajectoire n’est pas fixe, il tourne à une vitesse de 5600 secondes d’arc par siècle. Quand on tient compte de l’influence des autres planètes sur Mercure en appliquant la loi de Newton, on trouve que la vitesse de cette précession devrait être de 5557 secondes d’arc par siècle. Il y a donc un écart de 43 secondes d’arc par siècle (0,013 degrés). C’est petit, mais mesurable.

Einstein a construit une théorie de la gravitation appelée Relativité Générale qui permet de prévoir pile cet écart de 43 secondes. Mathématiquement, les équations de la relativité générales convergent vers celles de la théorie de Newton quand on ne se trouve pas trop près de masses importantes. Elles donne les mêmes résultats dans les autres cas.

Pour calculer la trajectoire d’un satellites artificiel, la théorie de Newton suffit ; pour les trous noirs, il est nécessaire d’utiliser la relativité générale.

Tout ceci pour conclure que la théorie de Newton n’existait pas avant sa découverte, puisqu’en fait le mouvement des planètes ne suit pas exactement cette théorie. La théorie de Newton n’est qu’une première approximation de la loi qui gouverne le mouvement des planètes. La théorie d’Einstein est une meilleure approximation et elle inclut la première. Est-ce la dernière ? Rien n’est moins sûr. Il se peut que l’on découvre des particularités qui ne peuvent s’expliquer par la théorie d’Einstein, et il faudra construire une théorie encore plus générale.

J’en arrive à votre question :

mais qu’est ce qui fait que ça se passe ainsi ???

La science n’a pas la prétention de répondre au "pourquoi" des choses, mais au "comment". Elle tente d’expliquer comment les choses fonctionnent, pas pourquoi c’est comme cela.

Libre à chacun d’imaginer un dieu comme réponse ultime à cette question du pourquoi.

Le problème, c’est quand un système de croyances ne se limite pas à répondre au pourquoi, mais prétend aussi au répondre au comment. Et quand cette explication du comment ne correspond pas du tout à ce que la science observe.

Je vous donne un exemple. L’évolution des espèces est un fait incontestable pour les scientifiques (comme la pomme qui tombe). La théorie de l’évolution telle qu’elle est formulée actuellement (erreurs aléatoires de copie lors de la reproduction, suivie de sélection naturelle pour favoriser les "erreurs" qui se trouvent donner un avantage) n’est peut-être pas tout à fait exacte ou complète, elle est peut-être comme la théorie de Newton. L’avenir nous le dira. Mais l’évolution est un fait. On l’observe chez les bactéries par exemple. On produit un antibiotique qui dans un premier temps tue les bactéries et guérit le malade. Après quelques années, le même antibiotique perd de son efficacité et il faut en trouver un autre. Que s’est-il passé ? Toutes les bactéries ne sont pas identiques. Chacune a hérité de mutations (erreurs de copie) différentes. Certaines de ces mutations n’ont pas été éliminées par la sélection naturelle parce qu’elles ne produisait pas de désavantages particuliers. Elles ne produisaient jusque là pas non plus un avantage important, sinon les bactéries qui en étaient porteuses auraient progressivement remplacé les autres. Mais il se fait que ces mutations leur conférait un avantage face à l’antibiotique : elles meurent moins facilement en présence de ce produit. Après un certains nombre de générations, les bactéries porteuses de ces mutations deviennent dominantes et le remède perd de son efficacité. Si on compare les bactéries avant et après, on constate que la configuration génétique moyenne est différente. Il y a eu évolution.

La Genèse parle de la création d’un premier homme, Adam. Si on prend ce texte littéralement on y voit une explication du comment qui est en contradiction avec la masse de données que l’on possède sur les fossiles. Celui qui croit au texte littéralement se voit donc dans la position peu enviable où il doit soit admettre que la science a raison et que le texte a tort, soit de dire que le texte ne peut avoir tort et nier les évidences du contraire. Dans le premier cas, il abandonne ses croyances ; dans le second cas, il s’enferme dans un déni de la science et ridiculise sa religion.

Qu’est-ce que je ferais si j’étais croyant, devant un récit comme la Genèse ?

Je retiendrais l’idée principale : le monde n’existerait pas si dieu n’existait pas. Pas plus, pas moins. Je ne m’attarderais pas au détail du texte, qui a été écrit pour dire l’essentiel dans un langage destiné à des gens d’une autre époque.
Je me dirais : la science découvre que dieu n’a pas eu besoin d’intervenir à tout moment dans la création. Il lui a suffit de créer des lois de la nature telles que la vie est apparue automatiquement, sous forme d’organismes simples d’abord, qui ont évolué pour finalement arriver à notre espèce. C’est encore plus génial qu’une création où ce dieu devrait intervenir à tout moment. Et je rendrais hommage à ce dieu qui non seulement est à l’origine de ces merveilles, mais en plus nous a permis de les découvrir.

Quand on prend un texte littéralement, on est forcé de nier certaines évidences scientifiques. Pour se rattraper, on en arrive à chercher dans le texte des choses qui ne s’y trouvent pas, pour tenter de se prouver que le texte a raison. Par exemple, vous trouvez un mot qui peut se traduire par "expansion" et vous dites voilà, la théorie d’Einstein se trouvait dans le texte, donc le texte est authentique jusque dans ses moindres détails. A part que : une solution possible des équations d’Einstein est un univers qui se dilate jusqu’à un certain point, puis se contracte jusqu’au prochain big bang. Tout est une question de quantité de matière et d’énergie totale, ce que la science est loin de connaître. Suivant la valeur de ces paramètres, l’univers pourrait continuer son expansion indéfiniment ou suivre des cycles de contractions et d’expansions. Donc dans ce cas, le mot "expansion" ne serait qu’une demi-vérité. Que direz-vous si on découvre un jour que les paramètres sont tels que l’univers va un jour se contracter.

Homme de peu de foi qui avez besoin de ces fausses preuves pour croire !

Dieu ne se laisse pas appréhender par des raisonnements simplistes. Vous connaissez ce paradoxe, qui a été formulé pour la première fois par l’un des vôtres (si je ne me trompe) : un dieu tout-puissant serait-il capable de créer une pierre tellement lourde qu’il ne pourrait la porter ?

Le sientifique n’est pas l’ennemi du croyant. Au contraire, il découvre les merveilles de l’univers qui pour le croyant est l’œuvre de dieu. La science ne prouvera jamais que dieu existe, ni qu’il n’existe pas. Ce n’est pas son domaine.

C’est à mon humble avis ce qu’a voulu dire Nidhal Guessoum. Et je ne comprends pas votre angoisse et votre irritation face à cette opinion. En fait il tente de démontrer qu’on peut croire en dieu sans être con alors que d’autres croyants s’acharnent à prouver le contraire.

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