Pour moi le statut quo n’est pas souhaitable au niveau d’Internet.
On ne peut pas accepter, par principe (quelles que soient les conséquences pour les industries audiovisuelles), qu’on puisse faire croire que musiques, films, jeux, livres, logiciels naissent par génération spontanée et ne représentent pas du temps, des efforts, du travail pour des professionnels (dont je ne suis pas).
Je n’ai aucune idée de comment techniquement on peut efficacement mettre fin et même réduire le téléchargement ou streaming illégal sur internet mais sur le principe cela ne me choque pas que cela soit un objectif gouvernemental légitime (pour n’importe quel gouvernement)... et je le répète je ne vois pas cela d’un point de vue économique car je ne pense pas que ces pratiques illégales menacent tant que cela les industries qui s’en plaignent et même les artistes et professionnels qui en vivent et parfois s’en plaignet mais pas toujours.
A la limite je verrai plutot cela du point de vue de l’utilisateur ou disons du consommateur. Est-ce une bonne chose de s’habituer à avoir acces à tant de choses sans efforts ?
D’un point de vue culturel cela est sans aucun doute positif... mais dans la masse de choses consultée illégalement il y en a beaucoup qui n’ont rien de "culturelles" (un jeu vidéo, une chanson de variété, un film d’action...) et qui du coup sont vraiment de vulgaires produits... pour eux en quoi est-ce positif d’y avoir acces gratuitement ? Bon problème crucial ou est la frontière entre culture et entertainment... sacré débat.
D’un point de vue intellectuel je m’interroge car l’habitude de grapiller (musique, jeux etc) sans efforts sur Internet se retrouve au niveau des ados en particulier quand je vois le procédé devenu presque systématique de beaucoup d’élèves consistant à faire du copier coller d’internet pour bacler un exposé. Je me dis parfois que la multiplicité des sources peut empécher l’émergence d’un savoir véritable... si au lieu de lire en diagonale une dizaine de sites on se donne la peine de lire un livre du début à la fin il est possible que cela soit bien plus profitable... mais laquelle de ces méthodes demande le plus d’efforts ? Le savoir à un "cout" pas financier bien sur mais en efforts, en volonté, en sacrifice et Internet le fait parfois oublier.
Si on se place au niveau des droits on distingue souvent les droits créances cad ceux qui ont un cout finacier (ex le droit d’expression ou le droit de vote ne représentent pas un cout financier alors que le droit à la santé oui) et qui correspondent à des impots taxes ou prélèvements sociaux. J’ai tendance à croire que l’acces gratuit à des contenus culturels produits par des professionnels rentrerait dans la catégorie des droits créances et devrait donc être financé par les citoyens (quand vous rentrez dans une médiathèque et que vous empruntez presque gratuitement n’a-t-elle pas été financée par les contribuables ?). Cela étant cela ne concerne pas les simples produits d’entertainment... pour moi télécharger le dernier album de Madonna ou un jeu vidéo ne sera jamais un droit créance fondamental pour qui que ce soit... il faut un peu raison garder... n’oublions pas que personne (quelque soit le prix que l’on peut critiquer) n’est obligé d’acheter le dernier album de Madonna... ce n’est pas comme se soigner.
Comment arriver à ce financement équilibré je n’en ai aucune idée mais je ne vois pas pourquoi les industries concernées y participeraient... elles seraient déjà en quelque sorte pénalisées par ce système... (à ma connaissance les éditeurs ne payent pas pour qu’on mette leurs livres dans les médiathèques... à la limite ils ont même peut-être une compensation pour cela)...
Voilà, alors moi la loi Hadopi je m’en moque un peu, elle ne me choque pas sur le principe mais je ne crois pas à son efficacité dans la pratique... si elle force à sortir du statut quo actuel en suscitant un vrai débat c’est une bonne chose... car avouons-le avant qu’elle soit mise à l’ordre du jour ces problèmes n’étaient pas tellement discutés ou alors entre spécialistes... maintenant ils sont sur la place publique.
Je n’évoque aucunement içi le controle de l’information et de la liberté d’expression sur Internet car pour moi cela n’a pas de liens directs avec le controle du téléchargements de biens de consommations. C’est un autre débat sans doute encore plus important que celui qui nous occupe.
@+
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