La télé-réalité existe depuis les "caméras invisibles" de Legras et Roulland et le Petit Conservatoire de la Chanson de Mireille, des émissions qui n’ont rien à voir avec ce qui est arrivé à Svetlana.
Je trouve donc inopportun d’adopter des mesures d’interdiction visant toutes les émissions dites de télé-réalité, d’autant que la définition du concept ne figure nulle part.
Les Cinq Colonnes à la Une de jadis, les reportages d’information du JT, les scènes de vie filmées des émissions de Jean-Luc Delarue, Julien Courbet, les bachelors sur M6, l’Incroyable Fiancé de Tf1, les Lofts, Colocataires, Ferme des Célébrités, Star Ac, Caméras Cachées diverses, Vidéos Gags ou autres Secret Story ne peuvent pas être mises dans le même panier. De même qu’on pourrait aussi parler de télé-réalité pour nimporte quelle émission tournée en direct y compris les compétitions sportives.
L’expression "télé-poubelle" est une appellation à conotation péjorative qui a été inventée par des chaînes concurrentes à titre préventif bien avant que ce type d’émissions arrivent dans le PAF français.
Cette "précaution" prise pour préserver un audimat et des parts de marché allait de pair avec des opinions franchement négatives à propos de ce "produit" audiovisuel, émanant d’acteurs, chanteurs ou autres chroniqueurs qui craignaient de voir débouler sur les écrans des gens célèbres pour avoir figuré dans ces émissions mais sans formation préalable et qui leur auraient piqué leur job. Et ce fut parfois le cas.
Des réactions corporatistes bien compréhensibles mais prenant l’apparence de la vertu face au vice et la mauvaise foi puante de certains faisait honte à voir.
A certaines occasions, on plaignait ces jeunes qu’on exploitait de façon éhontée, mais quand on constatait que certains d’entre eux tiraient leur épingle du jeu à la sortie d’un quelconque Loft ou Star Ac, à l’image d’un Steevy, d’une Jenifer, Nolwenn, Olivia Ruiz, Loana, Gregory Lemarchal, Karine Ferri, Elodie Frégé, Chimène Badi et beaucoup d’autres, on leur crachait dessus, on les dévalorisait sur les écrans en leur absence tout en flattant leur album ou leur concert quand ils étaient présents. Bel exemple d’hypocrisie.
Je pourrais m’étaler bien longtemps sur le sujet tant l’attitude des pros du Paf fut souvent ambigue.
On parle de télé poubelle comme on peut parler de prise des usagers en otage en période de grêve. Le même déni de sens au profits d’intérêts individuels, "de caste".
La morale de la tragédie générée par l’attitude inadmissible de la production de cette émission de la télévision espagnole, c’est, au contraire d’une généralisation à toute une catégorie aux contours nébuleux d’émissions, que peut-être il faudrait traiter cas par cas les situations "provoquées" par les producteurs en ayant autant le soucis de limiter les risques collatéraux que l’autre soucis qui consiste à optimiser la rentabilité par le sensationnalisme.
Dans le cas de ce programme à l’issue duquel Svetlana a perdu la vie, il est évident que la responsabilité, au moins morale, de la chaine est engagée. Sur le plan juridique, les tribunaux trancheront s’ils sont saisis. Mais il me semble, de prime abord, que la prod qui décide de remettre en présence sur l’écran un mari violent et son ex-victime ne s’est pas vraiment embarrassée de préoccupations déontologiques.
Mais ne nous leurrons pas, des violences pourraient très bien s’exercer à la suite de révélations faites à l’occasion d’émission du style Ca se Discute, Sans Aucun Doute ou un quelconque débat ou interviendraient des télespectateurs. Ce fut d’ailleurs, jadis, le cas dans certaines émissions de Dechavanne.
Le risque subsistera toujours, c’est le propre de l’émotion vécue en direct.
Mais est-ce parce que des hooligans viennent à en découdre à l’issue de matchs de foot qu’on va envisager d’interdire les compétitions de ballon rond ?
Comme disait l’autre, il faut raison garder.
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