Étirév 9 avril 11:31

Dans l’article sur les Croisades, nous avons montré comment l’Ordre des Templiers fut fondé et comment, dès son origine, il se soumit à la souveraineté du Saint-Siège. Nous devons penser que cette soumission ne fut qu’une mesure de prudence, nécessaire dans un temps où l’on n’avait de sécurité qu’en s’abritant sous l’autorité de l’Église.
Mais nous voyons que l’Ordre des Templiers, aussitôt qu’il devient puissant, au lieu de suivre le dogme catholique, fait un retour complet vers l’ancienne religion théogonique et se constitue en société secrète.
A quoi faut-il attribuer cette conversion ? Est-ce l’austérité du régime, qui fait faire le serment de chasteté à des jeunes gens d’élite, qui par là les ramène à la saine raison ? Est-ce une influence étrangère ?
On prétendit que ce changement était dû à l’influence des Ismaélites, qui avaient reparu en Orient et s’étaient reconstitués en société. En Syrie, on trouvait leur secte florissante en 1326. Ils ne disparurent jamais complètement, du reste, et l’on trouve encore, à notre époque, quelques sectes dont ils sont l’origine.
Des relations intimes unirent les Ismaélites et les Templiers. Ils avaient la même organisation, la même hiérarchie de grades, le même costume blanc et rouge. Ils professaient la même doctrine et vouaient la même haine à l’erreur que le Catholicisme et l’Islamisme représentaient : l’adoration d’un Dieu unique, mâle, et, pour protester contre ce dogme, les Templiers avaient une Divinité féminine représentant l’ancienne Déesse porte lumière, la Vénus-Lucifer. Ils enseignaient que c’est Lucifer, « l’Esprit », qui est l’organisateur de l’Univers, le Grand Architecte qui met toutes choses à leur place et crée l’ordre.
C’est le mauvais principe, son contraire, représenté par l’homme fourbe, qui crée le désordre en se déclarant Dieu et en se faisant adorer et obéir.
Ils avaient pour emblème un aigle double, blanc et noir, représentant les deux Principes, bon et mauvais, qui règnent dans le monde.
Vénus-Lucifer (la Femme) est l’Être par excellence, c’est Elle que l’homme doit adorer ; toute adoration du principe mâle conduit l’homme à la sodomie morale et physique, considérée comme le plus honteux des crimes.
Toutes les vertus naissent de l’obéissance au bon Principe, tous les vices naissent de l’obéissance au mauvais Principe.
Le retour à la Femme est toujours un retour à la Sagesse ; mais il excite toujours la rage envieuse des hommes pervertis, qui veulent faire régner le mal.
L’éternelle Sagesse, la Raison universelle, la lumière de l’Esprit est en même temps la loi du cœur ; elle rend l’amour sacré, elle en fait un culte en l’épurant. C’est dans ce culte seulement que l’homme trouve la Vérité absolue, qui est le souffle divin de l’Esprit féminin, qui le purifie quand il en reçoit l’effluve.
Sans cette Sagesse, tout est chancelant. Elle élève l’homme et le rend digne d’adresser son hommage à la Divinité.
La devise des Templiers était : « Valeur et charité ». Ils juraient de punir le crime et de protéger l’innocence.
La croix qu’ils portaient était celle des anciens preux de Germanie, dite croix de Saint-André, non celle des Catholiques.
Maintenant que nous connaissons les doctrines des Templiers, nous comprenons que le but de leur voyage en Palestine était, non d’affranchir le Saint-Sépulcre de la domination musulmane, mais de relever le Temple de David, d’édifier la « Jérusalem nouvelle », et cette idée, qui inspira les Chevaliers du Temple, restera dans le monde comme une aspiration sourde, sécrète, lointaine…
(Rappelons que la reine Daud, dont on a changé le sexe, est devenue le roi David.)
On n’admettait, dans l’Ordre du Temple, que des hommes d’élite d’une réputation intacte, d’une probité sûre, ceux que leur fidélité, leur zèle, leur fermeté, mettaient au-dessus du vulgaire, ceux, enfin, qui, dégagés de tous préjugés, de toute crainte, s’élevaient au-dessus des erreurs du temps, au-dessus de l’opinion des masses, au-dessus de la fausse science des empiriques qui attendent tout des sens.
Ils étaient spiritualistes dans le sens le plus élevé et le plus vrai du mot, c’est-à-dire qu’ils attendaient tout de la pensée abstraite, qui seule peut atteindre à la connaissance des vrais principes et percer le voile sombre qui dérobe aux hommes les secrets de la Nature.
Les Chevaliers du Temple remplissaient le même rôle que les Époptes des anciennes sociétés, qui étaient placés à côté des Prêtresses dans les « Mystères » pour les protéger et les venger.
C’est ce rôle de vengeurs qui excita la haine contre les Templiers ; c’est de cela surtout qu’ils furent accusés par les Catholiques, car les outrageurs du Bon Principe, les ennemis de la Vérité, ce sont eux. C’est leur religion qui a jeté le blasphème dans le monde en montrant la Vénus-Lucifer, l’Astarté, l’Aphrodite, comme des symboles d’ignominie, alors que c’étaient des symboles de lumière.
Aussi les Templiers, qui savaient toute la haine dont les imposteurs sont capables, exhortaient leurs néophytes au courage, ils en faisaient des apôtres ardents, résolus, d’une volonté ferme dans le Bien, capables d’obéir aux ordres reçus sans hésitation ; c’était la condition rigoureuse de leur admission, et c’est cette admirable discipline qui fit la grande prospérité et la grande richesse de l’Ordre.
Le poignard des chevaliers ne devait jamais servir que pour des causes justes et légitimes ; ils étaient les chevaliers servants du Bon Principe, les champions de l’Éternel Indomptable, qui a préservé et préservera toujours le monde de la destruction à laquelle travaille incessamment le génie du mal. Ils devaient combattre le mensonge, le fanatisme et la superstition, détruire l’erreur, combattre les passions anti-naturelles, qui désolent l’humanité et que les fourbes représentent comme la vraie morale.
Leurs armes étaient la science, la Vérité. Pour y arriver, ils devaient prendre la vertu pour point d’appui. C’était donc un retour, à la vie de l’Esprit.
Les Templiers travaillaient à l’émancipation des peuples par la Religion du Bien, triomphant du Catholicisme, religion du mal, et de la royauté. Ils voulaient établir une République universelle et combattaient à la fois la Couronne et la Tiare, ces deux pouvoirs néfastes. Ils cherchaient à éclairer leurs victimes : la Femme, qui vit au milieu de ses bourreaux, toujours dupe ; le peuple, qui laisse vivre ses tyrans et ses despotes.
NB : Les ennemis des Templiers ont ridiculisé la Femme-Esprit, qu’ils ont appelée le Baphomet, caricature qui la représentait sous la forme d’une femme à tête de bouc. Ils lui mettent un flambeau entre les cornes, puisqu’elle est porte-lumière, et sur la poitrine le caducée, les deux serpents enlacés qui représentent les deux pouvoirs qui ont écrasé la Femme, la couronne (le Roi) et la tiare (le Prêtre). Quelquefois, on lui met sur la poitrine une croix avec une rose au centre, l’emblème des Rose-Croix.
Bertrand Portevin, dans son ouvrage « Le démon inconnu d’Hergé ou le génie de Georges Rémi » (p. 297) rapporte également ceci : « Le déchiffrage récent du mot Baphomet par l’utilisation du code Ath-Bash de la kabbale hébraïque, donne un relief tout à fait inattendu à ce chef mystérieux et à notre petit portrait banal du héros de bande dessinée. Le chiffre Ath-Bash consiste simplement à inverser l’ordre des lettres de l’alphabet. Son nom découle du système utilisé en kabbale puisqu’il est composé à partir des lettres aleph, beth, shin et tav, les deux premières et les deux dernières lettres de l’alphabet hébreu. Ce mode de chiffrage, et donc de déchiffrage, appliqué au mot Baphomet donne tout simplement Sophia, la Sagesse ! »
LES TEMPLIERS

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