lundi 12 janvier 2015 - par maQiavel

Un beau jour pour mourir

En 1876, Sioux et Cheyennes s’allient pour défendre leurs terres. Le septième de cavalerie, fleuron de l’armée américaine, est envoyé pour mater la résistance. Contre toute attente, ce sont les indiens qui l’emportent. La postérité appellera ce combat épique « la bataille de little big Horn ».

 

 

 

De l’or ! Voilà la nouvelle terre promise

 

Les origines du conflit remontent à la fin de l’année 1873. En septembre, la faillite de la banque Cooke, provoque une panique boursière. L’alourdissement de la dette nationale et l’absence de réserves fédérales ne permettent pas de conjurer les effets de la récession.

 

Le gouvernement de Washington est accusé d’incompétence et le président Grant est de plus en plus contesté. Mais la maison blanche ne cède pas au découragement : depuis plusieurs mois, des rumeurs circulent au sujet des black Hills, la région montagneuse au sud ouest du territoire Dakota recèlerait de l’or et de l’argent en abondance.

 

Le président décide d’y envoyer une mission d’exploration et les experts miniers découvrent des traces d’or sur le cours inférieur de la french Creek. Une vague d’enthousiasme déferle sur les Etats unis lorsque la presse annonce la nouvelle : « De l’or ! Voilà la nouvelle terre promise » écrit le correspondant du « Chicago inter Océan ».

 

On ne vend pas la terre sur laquelle le peuple marche

 

En vertu du traité de Fort Laramie de 1868, la propriété « éternelle » de cette région a été reconnue aux Sioux, tribu des hautes plaines. Dans les réserves du Dakota, on estime à 20 000 le nombre de Sioux de Cheyennes du nord et d’Arapahos à y avoir trouvé refuge.

 

Le gouvernement propose aux Sioux de céder les black Hill moyennant six millions de dollars. Or, les « Paha Sapa » sont pour les Indiens* une terre sacrée, ou reposent les âmes de leurs ancêtres et les esprits qui animent les vivants. Ils la considèrent comme « le cœur de tout ce qui est », un haut lieu de la religion traditionnelle et un terrain de prédilection pour trouver des réserves de nourritures et de bois.

Les Indiens ont juré de protéger ses abords « aussi longtemps que l’herbe pousse et que l’eau coulera au milieu des rivières ».

 

Les Sioux rejettent donc la proposition de vendre les black Hills ou même d’en céder les droits d’exploitation : « On ne vend pas la terre sur laquelle le peuple marche ».

 

Les habitants de la frontière appellent quant à eux à chasser les « sauvages » de « la région la plus riche et la plus fertile d’Amérique », les plus exaltés allant jusqu’ à prôner une guerre d’extermination. À son tour l’armée se montre favorable à une démonstration de force ne serait ce que pour protéger les chercheurs d’or.

 

Des centaines d’Indiens prennent le sentier de la guerre pour rejoindre les bandes des irréductibles, du chef Sitting Bull dans les plaines du Montana : « les black Hill m’appartiennent, si les blancs viennent et essaient de s’en emparer, je les combattrai ... et je les tuerai jusqu’ au dernier » déclare celui qui incarne désormais l’âme de la résistance.

Mystique et guerrier, sitting Bull serait l’auteur de la phrase : «  Lorsque la dernière goutte d’eau sera polluée, le dernier animal chassé et le dernier arbre coupé, l’homme blanc comprendra que l’argent ne se mange pas. »

 

 Le dimanche rouge

 

Sitting Bull a reçu une vision lui annonçant une grande victoire sur les tuniques bleues. Il organise la résistance et enflamme le cœur des braves. Son campement atteint une dimension inédite en Amérique du nord, il compte près de 8000 âmes et environs 1800 guerriers encadrés par des chefs charismatiques tels que « Crazy Horse », « Gall » et « Crow King ».

 

Lors d’une réunion secrète à la maison blanche, le président Grant annonce ses dispositions belliqueuses : il prend le prétexte de prédations commises par Sitting bull dans la haute vallée de la Yellowstone pour justifier une opération de ratissage au cœur du territoire Indien. En ramenant les Sioux à la porte de leurs réserves, l’armée doit les obliger à reconsidérer l’offre d’achat.

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Le Lieutenant-colonel Armstrong Custer est le commandant du septième de cavalerie.

Il est dépeint comme un officier zélé, agressif et prêt à tout pour satisfaire son ambition, il est notamment le responsable d’un massacre d’un camp Cheyenne en 1868.

 

Après deux jours de progression, les 600 hommes du septième de cavalerie retrouvent la trace des Sioux sur le cours inférieur de la little Big Horn. Le 25 Juin, Custer attaque le campement Indien mais l’opération vire au cauchemar.

 

Pris au dépourvu, les Indiens cèdent un instant à la panique, mais se reprennent et empêchent les assaillants d’invertir le camp. « Nous nous sommes abattus sur eux comme une nuée d’abeilles furieuses sortant d’une ruche » racontera Killer Eagle.

Crazy Horse se rue à l’assaut de l’ennemi en hurlant à ses hommes : « c’est un beau jour pour mourir ».

 

Les tuniques bleues finissent par battre en retraite dans un bois où elles sont littéralement taillées en pièces, isolément ou par petits groupes. « On aurait dit une grande chasse au bison » racontera le chef Cheyenne "Two Moons".

 

Custer, contraint de battre en retraite s’est alors replié sur une petite collineentouré de son dernier carré. Encerclés et à cours de vivre, les assiégés soutiennent tant bien que mal les charges de « Gall » et de « Crazy Horse » pendant 36 heures, mais succomberont après un sanglant corps à corps.

Le bilan est lourd, on dénombre 267 morts du côté de l’armée américaine. Les 212 cadavres des officiers et soldats retrouvés deux jours après sont pour la plupart scalpés et mutilés, abandonnés aux charognards. Une centaine d’Indiens ont également été blessés ou tués.

 

Conséquences 

 

L’Amérique est frappée de stupeur, de New York jusqu’à San Francisco on ne parle plus que de la nouvelle arrivée des confins du territoire indien. Un vent de panique souffle sur la nation qui, fer de lance de l’industrie et du progrès, s’imaginait déjà prendre le relais de l’Europe.

 

La bataille de little Big Horn demeure le point culminant des guerres indiennes, l’apogée d’une résistance vouée à s’éteindre.

 

Au reste, la victoire est sans lendemain pour les Sioux et les Cheyennes. Pourchassés sans relâche, en proie à des dissensions internes, ils ne pourront guère prolonger la résistance et devront se résigner les uns après les autres à déposer les armes pour vivre dans les réserves sous contrôle du gouvernement fédéral.

 

Mais dans les mémoires tribales, le souvenir du dimanche rouge survit. On raconte que parfois, dans les grandes plaines, lorsque souffle le vent, on entend un murmure. On raconte que quelquefois, les nuits de pleine lune, on peut écouter des chants et des rires. On raconte que ce sont les esprits des braves tombés à la bataille de little big horn.

 

 

 

*le terme courant « Indien » sera repris dans cet article pour désigner les habitants du continent américain. Le néologisme amérindien est inventé en 1899.Aujourd’hui, le terme de « native American » est parfois utilisé aux Etats unis. Quant aux intéressés, ils préfèrent le plus souvent qu’on les désigne par le nom de leur peuple.

 

 

Sources :

 

-« Que s’est-il passé à little big Horn », Farid Ameur, « l’histoire, les collections »

 

-custerwest

 



16 réactions


  • michel-charles 12 janvier 2015 11:01

    Un bel article sur ces gens poussés au désespoir par des envahisseurs...tiens comme avec nos politiciens qui depuis des années pillent et massacrent pour s’approprier les biens qui ne sont pas les nôtres...En fin de compte..l’histoire se répète...
    ++++++++++++


  • gerfaut 12 janvier 2015 11:07

    Un beau jour pour mourir..., c’ est une pensée de quelqu’ un qui est acculé, qui s’ est habitué à l’ idée de sa propre mort, qui voit la mort souvent autour de lui. C’ es tpour les gens qui n’ ont que ça à penser.


    Je préfère avoir une belle vie.

  • christophe nicolas christophe nicolas 12 janvier 2015 11:20

    Oui mais là ils ne peuvent pas continuer car les réseaux électriques vont faire tomber le champ magnétique terrestre, ils le savent ce qui n’était pas le cas à l’époque des indiens.


    Il n’y a pas le choix, ou plutôt, il y a deux choix, le chemin de vie, le chemin de mort et nulle part où se planquer, j’ai donné les éléments de la démonstration.

    Ce n’est pas un problème de "gagner" mais de survivre. On ne peut pas faire une manipulation sur une manipulation mais simplement revenir dans le bon chemin sans mentir.

  • Qamarad Qamarad 12 janvier 2015 12:02

    Je crois que pour ce genre d’article, on devrait même s’abstenir de commenter. Nous sommes bien au delà du champ de l’intellect. C’est une sensation de vie jusqu’à la vie que cette recherche de la mort ! Il faut l’expérimenter, et non chercher à la comprendre ou à la commenter. Dieu soit loué ! Les anciens perdurent à travers ces écrits pour nous la transmettre , sans quoi, nous serions morts depuis bien longtemps.


  • concombres 12 janvier 2015 12:44

    Les indiens célèbrent la Terre.
    En occident on célèbre l’Homme, détachable.
    Alors pour tromper l’exil on se brode un maximum de supercheries.
    Qui font illusions en plus.
    La société. Nous croyons vivre en société.. Risible.
    A achever notre civilisation nous n’avons à perdre que l’ennui.
     
    Soyons décadents !


  • christophe nicolas christophe nicolas 12 janvier 2015 13:43

    Le plus important est de sauver son âme, sauf que la bonté exige de dire la vérité pour sauver les corps sinon on devient un enfoiré... J’ai vraiment pas de bol !!!

    Je plaisante... Mon problème vient de pôle emploi, je ne sais pas comment leur expliquer, l’administration est assez pointilleuse. Ce n’est pas très rentable les voyages spatiaux avec le Cern qui plombe... Je me demande toujours ce qui leur à pris, l’esprit samouraï qui veut tester le Hara-Kiri...

  • erQar erQar 12 janvier 2015 15:53

    Cet article est un bel hommage à ce peuple.
    -
    A voir le dernier des mohicans de Michael Mann


    • erQar erQar 12 janvier 2015 15:55

      Attention spoil : cette scène est terrible


    • maQiavel maQiavel 12 janvier 2015 16:20

      Très bon film.


    • gerfaut 12 janvier 2015 19:18

      Sauf que Fenimore Cooper est un américain pro anglais et qu’ il a menti : à un moment les Anglais captifs des Français ont été libérés conformément à un accord négocié mais les Hurons qui étaient nos alliés n’ ont pas compris ce geste, ces Indiens ont massacré ces captifs. L’ auteur du livre a accusé les Français pour nuire à nôtre image.


  • Masque de mort Death note 12 janvier 2015 18:52

    L’esprit vient du créateur et retourne au créateur, tandis que le corps vient de la terre et retourne à la terre. Le ciel est mon Père tandis que la terre est ma Mère nourricière.

    La terre, puissance féminine et maternelle est le réceptacle de la puissance totale qui vient du ciel. Considérée comme Mère des êtres, le ciel devient son époux, la lune son astre, le soleil son pôle. Elle est le giron, le dos et la mamelle maternelle des êtres.

    La mère et la terre, sont les manifestations d’un même mystère, celui de la germination, de la fécondité et de la vie. La terre est considérée par les cultes animistes comme un être vivant. Elle croît, décroît et meurt.

    La terre, mère des êtres, matière de laquelle nous venons et dans laquelle nous retournerons infailliblement, n’appartient à personne. Celle-ci ne pouvait être ni transférée à un propriétaire privé, ni hypothéquée, elle est non échangeable et non appropriable.

    C’est le sens due la phrase « on ne vend pas la terre sur laquelle le peuple marche ».

    Grand merci pour ce partage.


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