mercredi 19 juin 2019 - par Le Cri des Peuples

Nasrallah : en cas de guerre, le Hezbollah et la Résistance à Gaza s’empareront de vastes territoires israéliens

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le vendredi 31 mai 2019, à l’occasion de la Journée Internationale d’Al-Quds (Jérusalem). 

Traduction : lecridespeuples.fr

Voir l’extrait précédent : la Résistance et les peuples arabo-musulmans n’abandonneront jamais la Palestine

 

 

Transcription :

[…] II – J’entre maintenant dans le vif du sujet après cette introduction qui (a présenté) cette commémoration (de la Journée Internationale d’Al-Quds / Jérusalem).

Aujourd’hui, le défi essentiel auquel doivent faire face la Palestine et Al-Quds est l’Accord du Siècle, ou Accord de Trump. Et aujourd’hui, tous les slogans dans le monde entier (durant les manifestations de soutien à la Palestine) étaient à l’unisson « (Marchons) en direction d’Al-Quds » et « Non à l’Accord du Siècle » ou « Accord de Trump », car c’est la menace qui plane aujourd’hui sur Al-Quds, la Palestine et la cause palestinienne. Bien sûr, notre devoir… Nous commençons par énoncer notre devoir, avant d’analyser les faits. Notre devoir est de lutter contre l’Accord du Siècle. C’est une obligation légale, religieuse, humanitaire, éthique, nationale, patriote, politique, de djihad, révolutionnaire… Appelez-la comme vous voudrez, car elle englobe tous les critères. Pourquoi ? Car en toute franchise, c’est l’Accord du Mal, l’Accord du renoncement définitif aux droits palestiniens, arabes et musulmans, qui entérine la perte des lieux saints. Nul besoin d’invoquer longuement tous les critères et principes (légaux et moraux) pour établir que cet Accord est inique, nul et non avenu ; c’est un Accord de la Honte historique, un crime historique. A tous les égards, il faut lui faire face, et tous doivent s’y opposer (de toutes leurs forces).

Je pose une question —car notre obligation est claire, notre devoir est clair, notre responsabilité est claire. Pouvons-nous faire face (victorieusement) à cet accord ? Pouvons-nous le bloquer ? Pouvons-nous le faire échouer ? Oui ! En toute certitude, nous le pouvons, avec la grâce de Dieu. Et toutes les réalités que je vais évoquer —je vais en évoquer certaines, car je n’ai pas le temps de les évoquer toutes— confirment que nous sommes (déjà) sur cette voie.

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Aujourd’hui, l’administration américaine, l’administration de Trump, et à ses côtés l’entité sioniste, et à leurs côtés certains régimes arabes, dont une partie est sérieusement impliquée (pour le succès de l’Accord du Siècle), et une autre partie n’est pas sérieuse dans son implication —je vais également en parler dans un instant—, œuvrent nuit et jour à la mise en œuvre de cet Accord et à son succès. Et face à cela, il y a un Axe (composé) de nombreux pays et très puissant, et soutenu par une grande partie de l’opinion publique dans la région, dans le monde arabo-musulman et même dans le monde entier, qui se dresse pour empêcher que cet Accord se réalise. Ces deux groupes (de pays), ces deux mouvements et ces deux orientations s’affrontent.

Est-ce que de notre côté, nous nous faisons des illusions ? Est-ce que nous gaspillons vainement nos forces (face à l’inéluctable) ? Est-ce que nous nous fatiguons pour rien ? Non, en aucun cas. Nous devons avoir le plus grand espoir, la plus grande clarté et la plus grande lucidité. Et je ne parle pas en m’appuyant seulement sur nous les Libanais. Je parle des Palestiniens, des Libanais, des Syriens, des Irakiens, des Iraniens, des Yéménites, des peuples arabes et musulmans, et de quiconque (dans le monde) soutient la cause palestinienne et les droits du peuple palestinien. C’est sur eux tous que je me base. Nous devons avoir un très fort espoir car nous sommes capables de réaliser cet objectif, et d’empêcher ce crime historique de se réaliser dans notre région et sur nos terres.

O mes frères et sœurs, aujourd’hui, le projet américano-sioniste a toujours été… Le point essentiel dans ce projet était l’existence de l’Etat d’Israël, son renforcement et son enracinement, la normalisation de son existence avec les pays de la région, afin qu’Israël constitue l’Axe (dominant) : l’Axe de la vie politique, sécuritaire, économique, etc. Et cela implique, en contrepartie, la liquidation de la cause palestinienne, avec laquelle il fallait en finir définitivement. Toute revendication (palestinienne) portant sur Al-Quds (Jérusalem), les terres de 1948, la Cisjordanie ou la bande de Gaza, ou sur les réfugiés palestiniens de la diaspora, ou sur un Etat palestinien indépendant, quelle que soit son étendue, doivent cesser définitivement, et sortir de tous les calculs et de toutes les considérations. Cela a toujours été l’objectif (américano-sioniste). Et ils ont misé sur l’écoulement du temps (et l’oubli des peuples).

Je ne vais pas revenir sur toute l’histoire, car j’ai beaucoup de choses à dire ce soir, mais je veux m’arrêter sur la dernière étape (de l’histoire). Je ne parle pas de l’étape que nous traversons aujourd’hui, qui est l’étape actuelle, je parle de l’avant-dernière étape, avant 2011 (et les événements en Syrie), (précisément) de 2000 à 2011. Il y a eu des tentatives américaines de liquider la cause palestinienne, mais d’une manière qui aurait pu donner aux Palestiniens quelque chose, ne serait-ce que des miettes. Après la victoire de la Résistance au Liban en 2000, et après le déclenchement de l’Intifada d’Al-Aqsa en Palestine après cette victoire du Liban en 2000, et l’apparition de la force de la Résistance et des mouvements de la Résistance dans la région, les Etats-Unis ont tenté de reprendre l’initiative. Ils ont instrumentalisé les événements du 11 septembre (2001), et ont occupé l’Afghanistan et l’Irak, ont frappé aux portes de la Syrie, menacé le Liban et menacé l’Iran, et ont préparé un projet pour en finir avec tous les mouvements et Etats de la Résistance, en commençant par la Palestine, et ce jusqu’à (la guerre de) 2006 au Liban, qui, s’ils avaient réussi (à détruire le Hezbollah), les aurait amenés à s’en prendre à la Syrie, et jusqu’à l’isolement de l’Iran. Et nous nous souvenons tous, surtout nous les Libanais qui ne l’oublieront jamais, ce qu’a dit Mme Condoleeza Rice lorsqu’elle est venue à Beyrouth (au cœur de la guerre de 2006) pour parler de la naissance d’un Nouveau Moyen-Orient, le Nouveau Moyen-Orient qui devait enraciner l’Etat d’Israël comme un Etat normal, authentique et puissant dans la région, accorder quelques miettes aux Palestiniens et éradiquer tout statut, toute position et toute existence des mouvements ou Etats de la Résistance. Ce projet a échoué, n’est-ce pas ?

Contentons-nous de ce résumé et parlons de la situation actuelle. Après 2011, et face à des révoltes populaires authentiques à nos yeux (Tunisie, Egypte, Bahreïn…), et aux failles de ces révoltes populaires —l’absence de dirigeants unis, de projets clairs, etc.—, l’administration américaine est parvenue, avec l’aide de certains régimes arabes, à absorber les révolutions populaires dans le monde arabe et à les détourner de leurs cours naturel, ou à les liquider et à les confisquer, et à les orienter vers des directions erronées, comme ce fut le cas en Syrie. C’est l’étape que nous avons vécue depuis 2011 jusqu’à il y a quelques mois, et que nous continuons à vivre. Les Etats-Unis, avec à leurs côtés tous ceux qui sont entrés sur la voie de ce qu’on a appelé le Printemps arabe, ont voulu cueillir un fruit pourri sur ce printemps arabe : ce fruit pourri, c’est l’Accord de Trump, l’Accord du Siècle (qui va être annoncé de manière imminente). Sur quoi ont-ils misé ? Ils ont misé sur le fait que durant ces années, à travers les véritables tremblements de terre qui ont frappé plusieurs de nos pays et de nos sociétés, ils pourraient, à un moment de fatigue et de faiblesse, imposer leur Accord (du Siècle) aux peuples arabes et musulmans, à tous leurs Etats et à tous leurs gouvernements. Voilà ce qui s’est passé de 2011 à aujourd’hui.

Nous ne pouvons pas nier que nos sociétés, nos Etats et nos peuples dans la région ont dû faire face à des maux accablants et considérables, à un véritable épuisement (de leur sang et de leurs ressources), qu’il s’agisse des Etats, des armées, des gouvernements, des peuples, de l’économie, de la sûreté et de la sécurité, etc. (Nos pays ont été frappés par) les haines, la tyrannie, l’écrasement, le déchirement, sur des bases confessionnelles, sectaires, religieuses, raciales, nationales, territoriales, régionales, identitaires… C’est une vérité (indéniable).

(Les Etats-Unis et Israël) ont supposé qu’à présent, avec l’accession de Trump (au pouvoir), avec… Je ne sais pas quels sont les mots appropriés (pour décrire le personnage). Avec ses attaques (massives), sa volonté de faire peur (à tout le monde) dans les médias, sa personnalité, ses discours, ses procédés, ses menaces et intimidations… Et actuellement, tout le monde est épuisé, personne n’a de temps à consacrer aux autres, personne ne se soucie de quiconque, et tous les peuples de la région, tous les régimes, les gouvernements, les armées et les peuples de la région sont tous accaparés et débordés par leur propre situation, et personne n’a le loisir de se soucier ni de la Palestine, ni d’Al-Quds (Jérusalem). C’est donc le moment opportun (pour liquider la cause palestinienne). Tel est, si je puis dire, le contexte stratégique tel que se l’imaginent Trump, Netanyahou et ceux qui se tiennent à leurs côtés parmi certains pays arabes, pour imposer cet Accord (du Siècle) et ce règlement (du conflit israélo-arabe), liquider la cause palestinienne et isoler complètement la République Islamique d’Iran (car le soutien à la Palestine lui est consubstantiel). Voilà tout. C’est dans ce cadre qu’est venu l’Accord du Siècle que nous avons le devoir de combattre, et c’est ce que nous faisons, chacun à son niveau.

Cette analyse de la situation et ce diagnostic des Etats-Unis, d’Israël et de certains de ces régimes (arabes) sont erronés. Et cela prouve qu’ils ne lisent pas l’histoire et qu’ils ne la comprennent pas, qu’ils ne connaissent pas les peuples de la région, ni leur appartenance religieuse, civilisationnelle, culturelle et intellectuelle, (cela prouve) qu’ils ne connaissent pas les valeurs et les idées (des peuples de notre région), qui leur sont étrangères parce que ce sont des étrangers (ils ne sont pas originaires de cette région, comme Israël et les USA), ou leur sont incompréhensibles parce qu’ils ont été imposés (au pouvoir) par des forces extérieures (comme les Saoud & les monarchies du Golfe, qui sont des émanations de l’impérialisme occidental et non de l’histoire et de la culture des peuples arabo-musulmans). Et c’est pour cela qu’ils se sont trompés dans leur diagnostic. Leur analyse est fausse.

Faisons donc un sommaire bref et succinct pour voir où en sont véritablement les choses. Considérons notre situation au sein de l’Axe de la Résistance, sur la voie de la Résistance et sur le front de la Résistance, et leur situation à eux, et ce sans aucune exagération. N’importe lequel d’entre vous, s’il connait (un minimum) les faits, pourra dire aisément si j’exagère ou pas. Aujourd’hui, j’affirme que l’Axe de la Résistance et le Front de la Résistance, au minimum depuis 1982, afin que personne ne nous oppose les années 1950 ou 1960… Je parle de l’époque que nous avons vécue, ma génération et les deux générations d’après, ces étapes que moi et la majorité des gens de ma génération ont vécues. Je peux affirmer que l’Axe de la Résistance est plus fort qu’il ne l’a jamais été auparavant, contrairement à ce qu’essaient de nous faire croire certaines personnes qui parlent de faiblesses ici ou là. Quelles sont mes preuves ? Quels faits (confirment mes dires) ?

Premièrement, commençons avec Gaza, avec la Palestine, la Résistance palestinienne. Les (armes) les plus avancées que possédait la Résistance palestinienne… A son âge d’or, où était-elle ? Au Liban, au Sud du Liban, dans les années 1970. Elle avait des armes en quantité, des effectifs et des moyens très importants, des capacités, des roquettes… Mais le maximum que la Résistance palestinienne pouvait faire, c’était de lancer une opération à la frontière, ou sur l’ancienne bande frontalière, ou de s’infiltrer (brièvement) à la frontière, ou de mobiliser certains groupes à l’intérieur de la Palestine occupée pour une action, mais ensuite, c’est devenu trop dur et infaisable. Et tout ce qu’ils avaient en fait de roquettes, c’était des Katyushas, c’est-à-dire qu’ils pouvaient frapper à une portée maximale de 19 ou 20 kilomètres. Quelqu’un peut-il prétendre le contraire ? C’est tout ce qu’ils avaient. Tel-Aviv était à l’abri des roquettes palestiniennes. Ashkelon, Beersheva étaient à l’abri des roquettes palestiniennes. Toutes ces villes étaient trop loin, et personne ne pensait à la possibilité de les frapper.

Aujourd’hui, la Résistance palestinienne… Je vais me contenter de quelques exemples et non faire une liste complète, afin d’être bref. Hier, nous avons entendu les discours en direct de certains dirigeants des factions de la Résistance palestinienne à Gaza (pour la journée internationale d’Al-Quds), qui parlaient des capacités entre leurs mains et de ce qu’ils ont fait durant les dernières confrontations (face à Israël), et dans la dernière (en particulier). Ils ont dit en toute clarté : « Nous avons frappé Tel-Aviv, et nous sommes capables de frapper Tel-Aviv avec un grand nombre de missiles. » Aujourd’hui, Gaza est capable de frapper Tel-Aviv et au-delà de Tel-Aviv —du côté du Liban, et non l’inverse—, et elle est capable d’atteindre un grand nombre de colonies sionistes. Quand, dans toute son histoire, la Résistance palestinienne a-t-elle été capable d’une telle chose ? Je parle de faits aussi évidents que (l’opération arithmétique) 1+1=2. Ce ne sont pas de (vains) slogans. Aujourd’hui, la capacité balistique des Palestiniens se développe, et il y a également une nouvelle force qui est entrée dans l’équation, à savoir les drones, comme nous l’avons vu durant la dernière confrontation, et il n’y a aucune parade face à cela. Il n’y a absolument aucune parade. La preuve en est ce qui s’est passé en Arabie Saoudite, à Yanbu, je vais en parler dans quelques instants.

Gaza a donc de vastes capacités militaires, et des dizaines de milliers de combattants, qui sont capables —élargissons notre propos—, en cas de grande guerre dans la région, de s’emparer d’étendues très importantes de la terre de Palestine (occupée), autour de la bande de Gaza. Quand la Résistance palestinienne a-t-elle eu de telles capacités (par le passé) ? Hier, nous avons également entendu certains dirigeants de ces factions djihadistes déclarer qu’ils s’approchaient de l’équation « Chaque fois que vous frapperez Gaza, nous frapperons Tel-Aviv ! » C’est là un développement exceptionnel, majeur et très positif dans l’équation de la lutte (arabo-israélienne).

Passons maintenant au Liban. Pour le Liban, nul besoin de m’étendre : il n’y a aucun doute, et cela ne fait aucun débat, sur le fait que jamais le Liban n’a eu une Résistance faisant face à Israël avec un tel niveau de puissance, d’effectifs, d’équipements, de sophistication, de capacités, d’expérience, d’entrainement, de préparation, etc., etc., etc., que ce qui existe aujourd’hui au Liban (avec le Hezbollah). La situation actuelle ne peut être comparée à aucune autre, non seulement depuis 1982, mais depuis 1948. Il n’y a jamais rien eu de tel au Liban, absolument jamais. Aujourd’hui, Israël redoute la Résistance au Liban, et les responsables israéliens parlent chaque jour de la situation de dissuasion, qui se renforce (au profit du Hezbollah), de la restructuration d’une grande partie de l’armée israélienne qui a pris une position défensive au Nord de la Palestine occupée (alors que durant toute son histoire, Israël a toujours été en position offensive), de la puissance balistique de la Résistance, etc., etc., etc. Cela suffit pour le Liban.

Troisièmement, la Syrie a surmonté ce qui se tramait contre elle. Ceux qu’on a faits venir (des 4 coins du monde) pour détruire la Syrie et l’armée syrienne, (puis) entrer au Liban et le détruire, et entrer en Irak et le détruire, et aller en Iran pour le combattre, et (se propager) dans toute la région, en coopérant et se coordonnant avec Israël, (ont été vaincus). Et chaque jour, on découvre de nouvelles informations sur l’ampleur de l’aide d’Israël aux organisations armées dans le Sud de la Syrie. Tous (ces terroristes) ont été vaincus, se sont effondrés et rendent leur dernier soupir. Je parle de Daech, des takfiris et de ce qui reste d’Al-Nosra. Et l’opposition politique syrienne, qui avait promis de faire la paix avec Israël, et certains d’entre eux avaient même promis sur des plateaux télévisés de renoncer au Golan en faveur d’Israël, sont maintenant (reclus) dans leurs hôtels et leurs maisons, et on ne voit même plus leurs visages sinistres et humiliés à la télévision, car ils n’ont plus rien à dire. La Syrie a donc franchi (cette épreuve), et elle est toujours dans sa position sur le front de la Résistance et au sein de l’Axe de la Résistance. Et elle retrouvera pleinement sa force et sa santé, ainsi que son courage et sa ténacité (face à Israël). […]

La deuxième partie de cette section, consacrée au reste de l’Axe de la Résistance (Irak, Yémen et Iran), à la situation d’Israël et à l’échec annoncé de l’Accord du Siècle, est en cours de traduction. Ce discours sera traduit dans son intégralité.

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