Gaspard Delanuit Gaspard Delanuit 19 mars 2023 11:54

Selon Kant, on ne peut rien savoir des choses sans en faire une expérience sensible : toute démarche de connaissance doit se fonder sur la perception, sans quoi elle se condamne à demeurer une métaphysique vaine et fumeuse, une forme de masturbation intellectuelle, dirait-on aujourd’hui, bref une pensée personnelle sans fondement.

Mais il est toujours important d’appliquer à elle-même l’impossibilité que prétend poser une philosophie.

Or, si (par exemple) un homme ne peut rien "savoir" au sujet d’une "vie après la mort" parce qu’il n’en a personnellement aucune perception pouvant fonder une démarche de connaissance, cet homme doit aussi avoir la cohérence d’admettre qu’il ne peut pas non plus "savoir" si aucun autre homme (par exemple un homme qu’il ne connaît pas ou même un groupe humain ayant vécu à une autre époque) n’en a jamais eu aucune perception.

On peut en dire autant (pour prendre d’autres exemples) de la vie sur d’autres planètes, de l’existence des anges, des esprits de la nature, etc.

Certes, je peux "penser" que ceux qui prétendent avoir des perceptions de ces phénomènes ont simplement des hallucinations. Mais sur quelle perception pourrais-je fonder cette opinion ("les autres ont des hallucinations") pour pouvoir affirmer qu’il ne s’agit pas d’une simple pensée personnelle de ma part mais bien d’un savoir ? Il faudrait pour cela que je puisse percevoir la fausseté de la perception des autres

Question pour ceux qui ont suivi : Si ma voisine, qui a lu et compris Kant, prétend percevoir des licornes dans la forêt et pouvoir ainsi fonder un savoir sur la vie des licornes forestières, quelle sera mon attitude si je suis également kantien ? 


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