TchakTchak 31 janvier 2023 07:46

@LUCA

Roland Dorgelès a laissé faire les mouvements d’une queue d’âne imbibée de peintures sur une toile, qu’il a appelé Et le Soleil  s’endormit sur l’Adriatique, puis Marcel Duchamp a présenté son urinoir qu’il a appelé Fontaine. Leurs démarches étaient d’interroger la différence entre l’art, capable de lire le spectacle du monde, d’en partager sa beauté et l’imposture, le faux. Sauf que ces gestes sont devenus le nouveau mode d’expression : juste provoquer, se foutre de la gueule du public. L’art, c’est plus que ça. Un peu comme 1984, d’Orwell : c’était une alerte, pas un mode d’emploi. Si l’art est pour raconter le moche, qu’on ne nous demande pas de respecter ce qui contribue à l’enlaidissement du monde, à éteindre notre empathie naturelle pour celui-ci. Il faut savoir le dire aussi, quand c’est de la merde.

C’est l’air du temps : toute l’architecture d’après guerre, dans laquelle on vit, est laide et ne durera pas plus de 200 ans, alors qu’on n’éprouve pas du tout les mêmes sentiments quand on se promène parmi des vestiges millénaires encore debout. Ce qui est attractif pour les touristes, à Paris, sont les bâtiments et squares anciens, pas les immeubles en béton ni les plateformes, pourtant plus modernes. Ne subsistent que quelques rares architectes d’exception, comme Antoni Gaudi.

L’origine du monde est provocante, certes, mais pas moche. Lu sur un graffiti en Côte d’Ivoire : "Toute la beauté du monde se trouve entre les jambes d’une femme". Dans tous les temples hindous, et il y en a des centaines de milliers, sans doute plus, on vénère en son cœur peu éclairé un phallus dur et une vulve ruisselante. Mais dans ce clip, le sexe est moche. Et le porno ? Bah, le sexe, c’est ce qu’on en fait. Attiser les frustrations n’est pas ce qui apaise, ni ne rend heureux, ou plaisant, ni ne rend intelligent avec, l’inverse de ce pour quoi le sexe est fait. 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe