tchakpoum 3 octobre 2021 10:06

@Gaspard Delanuit

"On entend souvent par « agriculture », une activité exclusivement humaine, qui est à la base de l’expansion des grandes civilisations telles que l’Égypte ou l’Inde qui cultivaient déjà le blé et l’orge il y a plus de 10 000 ans. Pourtant, c’est exactement cette activité que les fourmis du genre Atta et Acromyrmex font avec leurs nids depuis plus de 50 000 ans ! Certains scientifiques vont jusqu’à affirmer qu’elles sont les inventrices de l’agriculture."


J’ai tendance à penser que c’est un jeu de circonstances, et non une nature propre qui a fait passer l’espèce humaine de la condition naturelle à celle culturelle. Les fourmis auraient pu le faire à notre place. Il y a la main comme je l’ai écrit plus haut, mais aussi la station debout avec le réalignement du pouce sur le pied, qui a perdu sa fonction pinceuse pour gagner celle motrice, la rigidification du bassin pour mieux porter le tronc, qui nécessite la tête souple du nourrisson pour le passage à la naissance : un bébé impotent, mais du coup avec un cerveau pas fini mieux disponible aux apprentissages.

Les fourmis sont productrices permanentes de phéromones sur leurs antennes à trois coudes : des carreaux organiques d’informations, comme des pages de textes ou des icônes. C’est pourquoi elles se croisent toujours en file indienne pour échanger et condenser les infos par contacts incessants, sur une source alimentaire trouvée, l’évolution d’une menace, la fourmilière qui commence à sentir le fennec, etc… C’est ce système web permanent qui leur donne une conscience différente de la nôtre : la pensée collective, dont on est peu capables, en tout cas limités avec.

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Ce qui est peut-être en train de nous perdre d’ailleurs avec l’expérience de Milgram que nous vivons, noyés par le trop grand flux incessant d’informations que les technologies ont alimentent pour réagir correctement au covid

(tévé + externalisation des infos en données data, + web), . Il y a changement d’état de la décision : la capacité concertative réduite à celle adaptative. Les fourmis savent certainement gérer ça (par exemple certaines se mettent alors en pétales de fleur, têtes et antennes collées entre elles,pour improviser une pile cumulative d’infos utiles pour elles comme pour celles qui passent).

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Bernard Weber nous a offert cette très bonne expérience de pensée sur le monde des fourmis à la suite de quoi on peut faire ses propres observations productives.

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Donc oui, l’activité agricole des fourmis que vous rapportez peut tout à fait être présentée comme une activité culturelle. Elles élèvent aussi des pucerons, ce qui est l’étape culturelle néolithique chez l’homme. Après, c’est le débat entre différence toujours poreuse de degrés et de nature. Il s’avère que c’est l’espèce humaine qui a transformé toute la planète avec ses provisions naturelles, les colonies de fourmis étant limitées au monde sous-terrain.


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