Conférençovore Conférençovore 27 septembre 2021 06:50

@llsalv

  • "Je pense qu’Israël a une défense farouche de sa souveraineté...ils n’hésitent pas à employer la guerre comme moyen de défendre une politique et une souveraineté, exactement comme l’a fait la France pendant mille ans" Sauf que la France n’a volé la terre de personne (ni peuple, ni "gens") et peut seulement parler légitimement de "souveraineté". 


La souveraineté est l’exercice su pouvoir sur une zone géographique et une population donnée. Il n’y a pas de question de légitimité de ce pouvoir dans la définition, cela étant, oui, cette question se pose. Mais la question qui se pose également est celle de l’indignation sélective : la Turquie occupe illégalement une partie du territoire de Chypre depuis 50 ans mais cela ne pose aucun pb à nos antisionistes rabiques. Cherchez l’erreur et surtout la cohérence dans tout cela puisque dans le second cas, on parle d’une puissance de l’UE occupée, pas d’un territoire du Moyen-Orient qui n’a jamais eu de réalité étatique en 2000 ans d’histoire. 

Le "vol de terre" est évidemment un raccourcis grossier d’une réalité historique bien plus complexe et qui occulte certains éléments factuels : il y a eu achat de terres aux propriétaires arabes souvent installés à Damas, mais aussi des conflits, des expulsions et des départs volontaires... par ailleurs le "peuple palestinien" était quasi inéxistant au 19ième. La pop arabe est arrivée en masse au moment où les juifs développaient le proto-état qui deviendra Israël en 1948. Bref, résumer ce dernier siècle et demi à du "vol de terres" est franchement grossier pour ne pas dire puéril. 

’armée israélienne, c’est 1792, c’est le peuple en arme qui se bat avec les généraux de trente ans qui discutent et tutoient les soldats" C’est touchant mais qu’est-ce que ça fout là cette admiration béate pour la fraternité entre guerriers au sein d’une armée dont les crimes de guerre succèdent aux crimes de guerre ?

Jugement de valeur. EZ parle du fait qu’en Israël, la défense nationale est l’affaire de tous : chaque garçon donne 3 ans de sa vie, chaque fille 18 mois minimum. Ceci crée un sentiment national fort et fait qu’en chaque citoyen israélien existe un potentiel soldat. Et donc oui, il existe une fraternité qui n’existe plus chez nous. Quant aux "crimes de guerre", on aimerait savoir si l’auteur estime normal de balancer des qassam par centaines sur des populations civiles et en utilisant des boucliers humains mais je connais déjà la réponse : "Ah non, ça c’est de la résistance !". 

  • "Les Israéliens ont été installés sur une terre.." Cette formule passive est abjecte car elle tend à dégager les israéliens de toute responsabilité comme si c’est Dieu qui les avaient "installés" là, au beau milieu des palestiniens alors que ce sont les hommes incroyants, les sionistes, qui, contre les commandements divins, ont conçu ce projet de reconquête territoriale.

Là encore, on est dans l’affectif. D’abord le "au beau milieu des Palestiniens" ne repose sur presque rien comme déjà dit : en 2000 ans d’histoire, cette zone géographique que l’on désigne sous le nom de Palestine n’a jamais eu la moindre existence autonome avec un peuple bien définit. A la fin du 19ième, tout ce qu’il y a c’est quelques bourgades et des villages... rien de plus. Et sinon, oui, le courant sioniste né concrètement dans la deuxième partie du 19ième est bien un agrégat de socialisme et de nationalisme d’antan principalement mis en oeuvre par des laïques. Et donc qu’est-ce que cela change au juste ? 

  • "...où il y avait déjà des gens, je dis des gens parce que je ne dis pas un peuple" Zemmour ne fait ici que reformuler à sa manière le slogan sioniste bien connu qui justifie la création de l’entité israélienne dans le plus total désintérêt des habitants de la Palestine : "une terre sans peuple pour une terre sans peuple".

Et ben oui... D’ailleurs tu l’écris toi-même en parlant de simples "habitants de la Palestine". C’est tout à fait cela : tout ce qu’il y avait c’était qq centaines de milliers d’arabes (en comptant les bédoins du Néguev) au grand max et en ratissant très large (en tenant compte des pop arrivées des pays arabes voisins de fraîche date). Le slogan sioniste n’était donc pas tout à fait vrai (c’est exact... d’ailleurs les courants historiques israéliens récents comme Ilan Papé l’admettent sans peine) mais pas faux pour autant. Et du reste, tes fameux palestiniens n’ont pas disparu. 25% de la population israélienne est arabe. Au passage on imagine très mal 25% d’une population juive parmi des musulmans... On l’imagine tellement mal que dès que d’autres pop (juives, chrétiennes ou autres) constituent une minorité dans les pays islamiques, cela se passe très mal pour elles... En Israël, ce ne sont pas les juifs qui bloquent l’accès aux lieux saints pour les autres mais bien les musulmans. C’est sans doute pas agréable à lire pour un antisioniste qui a une opinion stéréotypée et peu ancrée dans la réalité mais c’est une réalité : les chrétiens de Gaza rasent le murs, ceux d’Israël sont libres. 

Bref, je ne sais pas si l’on doit qualifier EZ de sioniste ou non. Je crois surtout que ce qui importe sont les actes et c’est là le principal pb avec EZ : n’ayant jamais été aux manettes de près ou même de très loin, tout ce sur quoi on peut se baser repose sur ses positions de chroniqueur / journaliste. Et si on se fie à celles-ci, tout ce que l’on peut conclure est que, oui, EZ reconnaît l’existence d’Israël (ce qui suffit à certains pour être qualifié de sioniste), oui, il estime que ce peuple est bien organisé pour défendre sa propre souveraineté et que, oui, il y a des éléments de cette organisation, de cet esprit collectif dont nous pourrions, nous autres Français, nous inspirer. Est-ce que cela suffit pour décréter que qq’un est "sioniste" ? Non. Jamais EZ n’a prétendu agir dans les intérêts d’Israël comme a pu le faire ouvertement un BHL. 

Le pb de bcp d’antisionistes est que les nuances, ils n’en ont cure. A l’instar de certains sionistes acharnés qui voient en toute critique d’Israël une forme d’antisémitisme, ils voient en toute expression nuancée à l’endroit de l’existence ou de la politique israélienne soit de la bêtise soit de la complicité déguisée. Bref, dans tous les cas, pour eux, ne pas être radicalement antisioniste comme eux est forcément suspect. 


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