Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 20 mars 2021 18:24

Certains ont pu remarquer, notamment dans mes échanges avec JC Lavau, dans mes dernières vidéos, que le conceptuel prenait le dessus dans mon approche de la mécanique quantique : s’en suit ce 1er article sur Karl Popper

& son concept de

propension

Penchant, inclination, tendance naturelle, force intérieur qui oriente, pousse, influence vers un état, une pensée, une opinion, une action, un comportement.

Synonymes : penchant, inclination, disposition, tendance, prédisposition


EXTRAITS

https://books.openedition.org/cdf/4619?lang=fr

Collège de France


La mécanique quantique est-elle soluble dans l’ontologie de Leibniz ?

Forces et dispositions | Jean-Matthias Fleury
Probabilités et propensions

1Dans le Post scriptum à la logique de la découverte scientifique, Popper développe une interprétation propensionniste de la probabilité qu’il compare explicitement avec la Dynamique classique, en proposant de réinterpréter la notion de force par celle de propension, cette dernière intégrant à l’analyse des systèmes physiques la logique des probabilités :

1 Popper, 1990, p. 365.

Je suis tout disposé à accepter l’analogie suggérée par l’adversaire entre la notion de propension et celle de force -ou mieux, de champ de forces […]. Celle-ci tient au fait que les deux notions renvoient l’une comme l’autre à des propriétés dispositionnelles inobservables du monde physique, et que, ce faisant, elles nous aident dans notre effort pour interpréter la théorie physique. Le concept de force fait intervenir une certaine entité physique dispositionnelle, que décrivent certaines équations (et non certaines métaphores), afin de rendre compte de certains phénomènes observables d’accélération. De même, le concept de propension- ou celui de champ de propension- fait intervenir une propriété dispositionnelle de configurations matérielles expérimentales singulières (en d’autres termes d’événements physiques singuliers), dans le but d’expliquer les fréquences que l’on peut observer lors de la répétition de ces événements1.

2Le projet de Popper consiste à donner une interprétation objectiviste des probabilités qui caractérisent les systèmes étudiés par la physique contemporaine, en particulier lorsqu’elle a affaire à des phénomènes quantiques. En introduisant la notion de propension, il espère être en mesure de définir des propriétés physiques dispositionnelles objectives sous-jacentes aux systèmes physiques, propriétés que nous pourrions analyser en termes probabilistes. Les propensions doivent être, selon lui, envisagées comme des tendances physiques objectives des dispositifs expérimentaux, tendances qui sous-tendraient les attributions de probabilités que nous faisons à propos de ces dispositifs. Elles permettent, selon lui, de donner un statut ontologique objectif à ces attributions et de comprendre en quel sens nous pouvons parler de propriétés dispositionnelles réelles en physique.

3Ce qui doit retenir notre attention ici, c’est, d’abord, la manière dont Popper argumente en faveur de l’interprétation propensionniste proprement dite et dont il défend l’existence de dispositions réelles en physiques. Mais c’est peut-être surtout la manière dont il enrôle la notion classique de force dans cette interprétation et la manière dont il se réclame de cette analogie pour préciser le sens de la notion de propension.

4Cette analogie doit nous interroger dans la mesure où les conclusions de Popper sont, à première vue, sensiblement différentes de celles avancées par ce pionnier de la Dynamique qu’est Leibniz.

5À première vue, il pourrait être tentant de rapprocher le projet de Popper de celui défini par Leibniz deux siècles et demi plus tôt. Dans les deux cas, il s’agit en effet de se donner les moyens d’introduire en physique des entités dispositionnelles irréductibles aux observations empiriques. Mais les modifications que la notion de propension fait subir à celle de force sont, en fait, considérables. Elles conduisent à Popper de défendre une conception indéterministe des prédictions physiques, sur le comportement d’entités dispositionnelles réelles à l’aide de la logique des probabilités, elle-même conçue essentiellement comme un instrument de calcul. Or cette conception n’a, selon nous, plus grand-chose à voir avec l’usage leibnizien de la notion de force et avec le sens qu’il lui donne.


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