maQiavel maQiavel 2 mars 2021 18:25

@sls0

« Ça plaira à certains qui sont dans le même fantasme, c’est à la mode en ce moment, il faut surfer sur la vague  ».

Exactement.

Sinon, concernant le documentaire d’Evergreen, je l’ai découvert sur ce site et j’ai été effrayé, j’y ait vu une menace réelle pour la liberté académique et je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas importer ces délires et absolument lutter contre ces dérives si elles s’installaient en France. Ça c’était ma première réaction instinctive ( et j’ai l’impression que c’est le but de ce documentaire, provoquer une réaction de défense instinctive). Et puis je me suis renseigné pour savoir si ce phénomène était général aux US ou un épiphénomène que certaines mouvances tentent de grossir. J’ai lu différentes sources d’horizons différents mais qui ne répondaient pas à mes interrogations de façon satisfaisante car je me suis retrouvé avec des témoignages qui se contredisent parfois radicalement.

Et puis j’ai découvert que dans une série de papiers parus en 2018 et 2019, le politologue canadien Jeffrey A. Sachs revenait sur les menaces pesant sur la liberté d’expression sur les campus en Amérique du Nord. En compilant tous les cas enregistrés de renvois causés par les propos politiques d’enseignants du supérieur, l’auteur constate deux points. Primo, sur la période 2015-2017, le phénomène concerne 45 cas (sur un peu plus d’un million de personnes occupant à temps plein ou complet des missions d’enseignement dans le supérieur sur la période). Soit 45 cas de trop, il est certain, mais bien moins que la prétendue vague de censure ravageant soi-disant le pays. Secundo, dans la majorité des cas, c’est pour avoir offensé la droite par des propos identifiés « politiquement de gauche » que ces personnes ont été licenciées. Le graphe qui fait état de ces résultats.

Même s’il existe effectivement des campagnes de mouvements de la gauche américaine mettant en danger la liberté académique, ce sont surtout des mouvances de droite que le danger vient. Et selon une stratégie intéressante car il s’avère que ce phénomène prend place au nom de la liberté d’expression. Il ne s’agit plus de plus s’en prendre directement aux universités comme des « nids à rouges » à écraser comme à la grande époque du maccarthysme mais, au contraire, à présenter le contenu même des idées critiques qui s’y enseignent comme une forme de censure devant être arrêtée au nom de la liberté d’expression. Et ainsi, d’une dénonciation d’une « gauche académique » supposément passionnée de censure, au moyen d’un discours qui instrumentalise et renverse la liberté d’expression et qui lui permet de se poser comme une minorité opprimée, victime de ce qu’elle appelle le « marxisme culturel » découle un ensemble de mesures mettant tous les universitaires, de droite comme de gauche, sur la sellette.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe