maQiavel maQiavel 1er février 2021 15:55

@micnet

Pour résumer la controverse, l’important pour vous est le texte alors que pour moi c’est ce que le croyant pense que le texte dit, c’est-à-dire la façon dont il le comprend et l’interprète. Si ce désaccord peut sembler périphérique, il nous mène à une proposition politique très opposée. 

Si on part du fameux verset de l’épée que vous avez pris pour exemple, pour vous, ce verset est problématique car opposé à nos lois et effectivement, vous avez des musulmans qui l’interprètent comme « mécréants = non musulman, donc j’ai le droit de tuer des non musulmans ». Mais si c’est cette interprétation là qui s’impose pour tous, il ne pose aucun problème. Donc la vérité absolue du contenu verset en elle-même ne m’intéresse pas ( est ce que seulement elle existe ? ), contrairement à ses interprétations dont on peut constater l’existence de façon empirique. 

Pour moi, l’enjeu devient donc d’endiguer la première interprétation au bénéfice de la seconde ( ou des autres qui ne sont pas polémogènes ), ce avec quoi vous n’êtes pas en désaccord, mais comme vous pensez que le texte est dangereux en lui-même, vous y voyez le ferment d’une guerre civile, vous êtes donc en faveur d’une institution « islam de France » qui serait une autorité interprétative pour l’ensemble des musulmans. Ce à quoi moi je m’oppose car je verrai une telle autorité comme un danger, je craindrai en effet qu’elle devienne une élite à la tête d’une communauté musulmane unifiée et reconnue par nos institutions, et qui pourrait à terme constituer un Etat dans l’Etat, soit exactement la configuration que recherche les islamistes. Et on se retrouverait là avec le même problème que la France a connu les siècles passés avec la papauté, voire pire, car ce genre d’autorité religieuse a cette fâcheuse tendance de déborder sur le temporel. Je pense au contraire que la division des musulmans de France est une très bonne chose et qu’il faudrait même briser dans l’œuf toute tentative de structuration, d’où mon dépit lorsque je constate que c’est l’Etat français lui-même qui tente de structurer ce qui n’est aujourd’hui qu’une mosaïque, le concordat est un remède qui est pire que le mal.

Le reste de nos désaccords est anecdotique même s’ils découlent aussi de la même controverse de départ. Par exemple, lorsque vous dites que le Coran évoque clairement sa propre autorité intrinsèque et non la bible, moi je vous répondrai que pour des chrétiens, le texte biblique est interprété de telle sorte qu’il se réfère clairement à lui-même, donc ça ne change rien puisque l’important est ce que ces chrétiens croient. Ou encore lorsque vous dites qu’une parole n’est pas quelque chose de figé, contrairement aux écrits et moi je vous répondrais que précisément si, à partir du moment où l’on croit que cette parole est figé dans des écrits, vous avez d’ailleurs des chrétiens chez lesquels la bible a valeur de lois et structure l’ensemble leur vie à la manière d’un code juridique et aucun concile n’y changera quoique ce soit, je ne dis pas qu’ils ont raison ou tort mais que c’est leurs croyances et que c’est là l’important. Mais bon, tout cela est périphérique, c’est la partie sur l’islam de France qui est une divergence importante. 


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