maQiavel maQiavel 7 janvier 2021 00:52

@yoananda2

Point 2  : Oui, la proportion de jeunes rigoristes risque d’augmenter avec la crise car il existe une corrélation entre la déshérence sociale et cette rigidité religieuse. Ça marginaliserait les mosquées parce que ces jeunes sont généralement en rupture avec l’islam pratiqués par leurs parents et grands-parents. Je dirai même qu’il y’a plus qu’une simple rupture, il y’a du mépris, la tendance qui se dégage chez les jeunes de cette catégorie est qu’ils méprisent le patrimoine culturel islamique hérité des ascendants. Il y’a chez beaucoup de ces jeunes-là un paradigme qui est « je suis plus musulman que mon père ». C’est ainsi qu’ils réinventent à partir de zéro une pure religiosité coupée de la tradition et de tout ancrage social. Cette catégorie de jeunes n’est pas l’expression d’une communautarisation musulmane, elle est au contraire le résultat d’une perte du sens communautaire et d’une reconstruction individuelle et virtuelle des repères religieux. Ce n’est pas la pratique religieuse qui les intéresse, c’est l’activisme religieux, ils se reconstituent une personnalité islamique à partir de marqueurs déculturés, qui peuvent être vestimentaires, ou bien linguistiques (par exemple ils vont émailler leur discours en français de formules en arabe toutes faites, assez mécaniques). Et cette catégorie a tendance à décrédibiliser toute autorité religieuse traditionnelle, c’est la raison pour laquelle ils ne sont quasiment jamais associés à une mosquée.

Pour ce qui est des profils à l’origine du terrorisme du coin de la rue, ils sont souvent issus de la catégorie que je viens de décrire. Il y’a deux grandes causes dans leur passage à l’acte  : sociales et culturelles. On voit chez eux une perte des repères culturels, religieux, linguistiques qui se rajoute à une déstructuration sociale. Et au cœur de leur personnalité, on constate un phénomène de « déculturation ».

Point 4  : Oui, le fait que la République soit une et indivisible reste un atout (malgré les coups de canifs que nos fabuleuses élites donnent à ce principe). Ce principe, même très mal appliqué rend notre organisation politique réfractaire aux projets islamistes que j’ai décrit plus haut : nous sommes tous égaux devant la loi, il est donc interdit à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes.

Pour ce qui est de la probabilité de l’émergence d’un Etat islamique dans l’Etat, ici et maintenant elle pratiquement nulle pour la bonne et simple et raison qu’il n’y a pas d’organisation rassemblant une grand proportion de musulmans. Cependant, si les tendances actuelles se poursuivent et surtout si se met en place une idéologie dominante qui amalgame systématiquement l’ensemble des musulmans aux actes de violence commis au nom de l’islam, une telle organisation pourrait se constituer par réaction d’autodéfense. Et à ce moment-là, la probabilité de voir un Etat musulman dans l’Etat augmentera drastiquement, aujourd’hui cette hypothèse est risible mais dans cette configuration là ça deviendra une véritable possibilité. 


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