Tchakpoum 15 novembre 2020 01:23

@yoananda2

On peut ajouter Black Mirror, le film avec les notes qu’on se donne sur les réseaux sociaux qui est le plus connu, Minority Report : je vois bien, pour sésame à cette pratique, le GAFAM profiler et anticiper parmi les fichiers S pour les évaporer, si les attentats se multiplient de façon incontrôlable et menaçante pour la caste.

On devrait créer une discipline, la dystopilogie, qui inventorie les fictions, spécifie les modèles de société préfigurés, classe les aspects qui nous attendent ou menacent, à la dystopie… Et puis il est temps de ranger La richesse des nations comme le manifeste du parti communiste au rayon des antiquités pour mettre à jour les cerveaux des citoyens, si ce statut existe encore. Quel que soit le régime politique, l’horizon technologique est le même pour tous : la question est comment gérer le progrès technologique, car il s’occupe de nous de toute façon, avec toujours en cheval de Troie une solution à nos conforts ou inconforts de vies.

C’est Damasio, je crois, qui disait la difficulté à se placer dans l’anticipation, car la réalité rejoint la fiction que l’on se donne. De fait il y a évolution dans la production des dystopies : elles imaginaient un futur possible, elles expliquent maintenant un présent en cours.

Pour la comparaison entre les deux romans, je dirais que la société de 1984 est celle du Meilleurs des monde qui n’aboutit pas. 1984 est un semi échec, puisque la domestication et le contrôle sont nécessaires, à défaut de rendre les individus satisfaits. L’ambigüité du meilleurs des mondes n’est toujours pas levée, d’ailleurs, puisqu’on n’a toujours pas établi les raisons anthropologiques à ne pas souhaiter une société ou chacun peut se satisfaire de ses plaisirs. La société Gondawa, d’ailleurs, dans la Nuit des temps, est présentée de façon édénique, alors qu’elle est de modèle comparable à celle du meilleur des mondes.

Mais Orwell a eu l’expérience de vie pour savoir qu’une société parfaitement organisée est irréaliste, car les humains ne sont pas objectivables, et que le plus simple sera toujours la petite caste gestionnaire contre le vaste troupeau de gueux à domestiquer avec le fouet en main. Sans compter les raisons externes, comme l’épuisement des ressources terrestres. Il est aussi le seul, parmi les dystopies, à avoir réfléchi à l’arme ultime du pouvoir : le langage. Le mot « complotiste » en est une parfaite illustration qui déplace la raison de la vérité pour expliquer le réel vers la raison de pouvoir pour conformer la vision du réel à la version officielle.

Pendant ce temps, la différence entre des illuminati et un nouvel ordre mondial s’amenuise avec la convergence d’intérêts qui s’accélère à la prétention de diriger l’humanité dans son ensemble ("Personne, je dis bien personne...").


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