maQiavel maQiavel 15 octobre 2020 14:03

Je suis généralement très critique envers les féministes radicales qui ont souvent tendance à essentialiser le sexe masculin mais il ne faut pas non plus leur faire dire ce qu’elles ne disent pas. J’ai l’impression que plus une société se polarise ( ce qui semble être notre cas), plus on est dans l’incapacité d’écouter les arguments des camps adverses, on préfère la voie de la facilité en caricaturant les propos de la façon la plus outrancière possible jusqu’à l’absurde. C’est la généralisation des arguments homme de paille, de ce procédé rhétorique que Schopenhauer a appelé « « l’extension dans l’art d’avoir toujours raison. Les réactions aux propos de Alice Coffin dans les grands médias et dans les réseaux sociaux ne relèvent quasiment que de ça, elle souhaiterait soi-disant exterminer les hommes.

Qu’est-ce qu’elle a dit ? Qu’il existe une surreprésentation masculine actuelle et passée dans la production artistique et que l’art est par conséquent une extension de l’imaginaire masculin. Un imaginaire qui a une perspective dominante et qui va avoir tendance à construire et véhiculer des stéréotypes féminins qui vont charpenter les imaginaires (donc y compris ceux des femmes). Et cette construction masculine des représentations mentales va faire « système », autrement dit va s’exprimer par des comportements et s’insinuer dans tous les rapports sociaux pour fonder ce que les féministes appellent un ordre patriarcal, un système sexiste structuré contre les femmes. Alice Coffin ne propose pas d’éradiquer les artistes masculins, de les interdire ou de mettre leur tête sur des piques, elle dit simplement que pour s’émanciper de cette dynamique sexiste et de conditionnement androcentré et intériorisé par les femmes elles-mêmes, elle a décidé de consacrer temporairement son espace mental à la création féminine dans une optique de rééquilibrage. Ce n’est donc qu’un choix individuel qui n’engage que celle qui la prend. 

Est-ce que son propos est contestable ? Evidemment, on peut le critiquer sous plusieurs angles et elle peut répondre à ces critiques, cela ferait partie du débat public. Mais les réactions disproportionnées à un propos aussi anodin sont ahurissantes, on transforme son propos pour lui faire dire des choses qu’elle n’a jamais dites ou écrites, certains sont allé jusqu’à formuler des menaces de morts. Et après, on s’offusquera si elle décide de refuser de débattre après avoir été vouée à l’anathème, on va dire, comme pour Geoffroy de Lagasnerie que c’est une vilaine gauchiste totalitaire alors que l’éthique du débat est violée dès le départ par ses accusateurs. smiley

Mais cette indignation interroge. Est-ce que ces réactions à son choix personnel de réduire les influences masculines ne sont pas l’illustration de ce qu’elle dénonce ? Est-ce que la panique que son propos a provoqué n’est pas l’expression d’une crainte masculine de perdre une position hégémonique ? Si ce qu’elle dit est faux, pourquoi ça dérange à ce point ? Même moi qui suis pourtant éloigné des thèses féministes et qui ait un mode de vie très conservateur dans le privé, je commence à me poser des questions.  smiley


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