Octave Lebel 27 juin 2020 21:25

Un philosophe de profession également éditorialiste politique et un élu national aguerri de Les Républicains viennent de faire disparaître La France Insoumise.

 

Je trouve que nous sommes quand même sur des considérations très générales qui ne permettent pas bien de savoir à qui ou à quoi nous avons affaire alors que le contexte et la perspective annoncée sans détour par nos intervenants sont ceux d’une présidentielle en 2022.Souverainisme, populisme, références au général de Gaulle, nature de l’Union Européenne, toutes les souplesses et les politesses sont mobilisées pour le meilleur ajustement des discours et le cadrage et arpentage du débat .Tel qu’il se présenterait au pays ou tel que nos deux partenaires souhaiteraient le voir circonscrit pour le travail qu’ils ont à y faire ?

J’ai failli croire qu’en dehors d’eux et l’UPR d’Asselineau sur lequel ils se sont entendus pour dire que sur les thématiques citées leurs positions étaient plus sérieuses, rien n’existait.

Un philosophe de profession également éditorialiste politique et un élu national aguerri de Les Républicains viennent de faire disparaître La France Insoumise et son leader historique Jean-Luc Mélenchon à propos de thématiques sur lesquelles ce mouvement a travaillé et bataillé bien avant eux non sans succès.

 

Je voudrais rappeler quelques faits.

● Sans le travail méthodique et acharné de ce mouvement le parti socialiste et F Hollande n’aurait pas gagné les présidentielles de 2012.Cet apport avait été fait sans condition au premier et second tour. Au constat de la trahison des militants, des électeurs et de la parole donnée, ce mouvement a très vite repris son autonomie et sa liberté de manœuvre.

● Avec beaucoup de lucidité, il a ensuite dénoncé avant sa tenue l’abus de confiance et le piège de la primaire à gauche de 2017 en préservant pour la deuxième fois l’honneur des mots gauche et socialisme.

● Les médias d’Etat et ceux contrôlés par le CAC 40 comme à chaque fois dans les moments politiques cruciaux donnèrent le coup de mains décisif pour que ce mouvement ne soit pas au second tour au profit du perdant utile le Front national. Ensuite 62% de nos concitoyens s’abstinrent aux législatives censées couronner l’élection présidentielle.

● A l’horizon des élections européennes, ce mouvement eut droit à un type de perquisition jamais vue auparavant qui ne donnât rien au final sur l’objet de l’inquisition poursuivie (comptes de campagne) mais déclencha un déferlement médiatique dont l’intensité fut un record. Fondé sur un montage de quelques minutes pris sur 40 mn enregistrées. Une journaliste politique de France Inter demanda dans les jours suivants à l’antenne la démission du député Mélenchon. Ce montage concentrait dans une diffusion en boucle les quelques paroles d’exapération de JL Mélenchon pour une perquisition qui dura plusieurs heures avec la volonté de disqualifier sa personne. Je fus troublé je l’avoue par cette attitude mais pas au point d’ignorer le danger qu’inauguraient de telles pratiques pour le fonctionnement de la vie politique. Plus tard, l’intégralité des 40 mn furent mise sur internet. Chacun qui vérifiera pourra constater que nous avons assisté à un lynchage médiatique et que JL Mélenchon avait surtout pratiqué la diplomatie et le dialogue au-delà de ce que beaucoup d’entre nous auraient supporté. Sans remord pour ceux qui avaient détourné le regard au moment des faits ni trouble pour ceux qui avaient participé au forfait.

 

Il serait intéressant de se demander ce que faisaient nos deux interlocuteurs du jour à tous ces moments cités pour mieux comprendre leurs compétences actuelles ou intérêts à exclure du mouvement de notre société et du débat démocratique LFI.

 

Je pense qu’aucun mouvement ni parti ne peut prétendre à prendre le leadership politique ni à se croire la mouche du coche dominante pour demain sauf à vouloir revivre de manière accélérée le périple du parti socialiste et du parti communiste, de leurs errements et/ou renoncements. Le même constat est d’ailleurs valable pour les partis de droite. C’est bien entendu ne pas rendre justice à un mouvement politique et ses militants, adhérents ou sympathisants que de le réduire à son leader et c’est particulièrement manifeste pour LFI qui est une forme de laboratoire intergénérationnel qui ne marche pas au pas derrière un "leader maximo" comme le suggèrent ceux qu’il dérange. Chacun a pu constater qu’il y a eu des compromissions occasionnelles regrettables avec l’islam politique ou des formes de gauchisme aussi bêtes qu’exacerbées et qu’elles n’y font pas l’unanimité .Ce sont des erreurs qui pourraient devenir mortelles à corriger de toute urgence.

LFI fait de toute évidence partie de la coalition qui portera une alternative à ce déclin économique, sociale et démocratique qui mine notre société . Ceux qui font semblant de l’ignorer en nous apportant généreusement leur aide veulent nous entraîner dans une impasse qui leur ouvrira un débouché qui ne sera pas le nôtre. Notre pays n’a plus de temps à perdre sauf à vouloir affronter de plus grands dangers que ceux déjà présents.


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