Joe Chip Joe Chip 10 juin 2020 13:59

@Vraidrapo

Non, la vérité ne se trouve jamais à un hypothétique point d’équilibre entre "deux extrêmes", ça c’est une vision dialectique typiquement française (thèse, antithèse, synthèse) qui part précisément du principe que la vérité procéderait consubstantiellement des extrêmes (vieil héritage du monothéisme) et qu’il suffirait par conséquent de les réunir ou de les "faire dialoguer" pour trouver une hypothétique "synthèse" et aboutir à un "juste milieu". Il s’agit évidemment d’un sophisme qui ne que contribuer à renforcer la détermination des extrêmes puisque vous ne parviendrez jamais à faire accepter à des extrémistes l’idée que la vérité (si tant est qu’il existe une vérité une et unique..) se situe à mi-chemin, et que le raciste et l’antiraciste par exemple auraient vocation à trouver des points d’accords. La "réconciliation" de Soral est une bonne illustration des dégâts engendrés par cet excès de dialectique, mais on pourrait en trouver d’autres tellement ce mode de pensée domine la vie intellectuelle et les apprentissages en France (d’où ce rejet de la notion même de consensus). 
Pourquoi la vérité ne se situerait-elle pas d’emblée du côté de ceux qui rejettent les extrêmes parce qu’ils comprennent intellectuellement et intuitivement que la vie en collectivité est rendue impossible par les extrémistes ? Que la vérité n’est nullement une monade théorique qu’il faudrait idolâtrer mais une construction dont on ne peut se rapprocher que de manière empirique en abandonnant précisément nos réflexes binaires ? Pourquoi considérer qu’il existerait à priori une quelconque "vérité" chez les extrémistes ? Voilà une idée particulièrement pernicieuse qui revient à faire un rapprochement spécieux entre des choses qui ne sont pas forcément liées, et ce afin d’établir des relations de cause à effet et donc un déterminisme sociologique  qui n’existent pas, et c’est comme cela qu’on finit par accepter l’idée fausse ou caricaturale que les attaques de pompiers sont motivées, voire justifiées par les abus policiers.
Les violences policières et la délinquance dans les quartiers ont leur propre dynamique qui ne s’explique pas par le principe des vases communicants. Il y a évidemment des relations, mais une chose (thèse) ne se détermine pas seulement par son interaction dialectique avec son contraire (antithèse), qu’il suffirait dès lors de renverser (synthèse) pour passer par exemple d’un état d’injustice maximal à un état de justice idéal, de l’oppression capitaliste à l’émancipation des travailleurs. C’est pourquoi le marxisme et ses dérivés ont toujours buté sur ce paradoxe lié au dualisme idéaliste. 
L’idée même qu’il existerait un "juste milieu" en matière de délinquance et de maintien de l’ordre, et que la paix civique ne serait jamais qu’une histoire de dosage et d’arbitrage par la force publique, est absurde. L’ordre légitime et la paix civique ne peuvent évidemment émaner que de la volonté générale, c’est à dire de la détermination libre et positive des individus à se doter de bonnes lois démocratiques, à les respecter et les faire respecter sans se soucier de ce qu’en pensent les "extrêmes".


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